Pour que les paysans et les pêcheurs de la zone puissent pleinement profiter des potentialités du bassin, la maitrise de l’eau s’avère indispensable
Baye est une localité située à 65 kilomètres de Bankass, le chef lieu de cercle. Cette zone frontalière avec le Burkina Faso est un eldorado agro-pastoral et halieutique. En effet, la localité abrite le bassin du Sourou, du nom d’un affluent de la Volta qui coule aussi au Burkina Faso et dont les eaux viennent irriguer de façon gravitaire une immense plaine de 36.487 hectares.
Ce bassin s’étend sur une superficie de 15.685 kilomètres carrés. Il couvre les 12 communes du cercle de Bankass, 13 du cercle de Koro et une partie du cercle de Douentza, notamment la commune de Mondoro. Une population d’environ 600.000 habitants vit dans l’aire géographique du bassin du Sourou. Cette population est composée de Dafing, Samogo, Peulh, Dogon, Mossi et Bobo vivant exclusivement d’agriculture, de pêche, d’élevage et de petit commerce. La population de la commune rurale de Baye est, elle, évaluée à 44.812 habitants.
Le Sourou est un affluent de la Volta noire qui croise le fleuve Léry avant de se jeter dans l’Océan Atlantique. Les Burkinabè ont érigé deux barrages dans le bassin des deux fleuves. Un des barrages dévie les eaux du Léry vers le Sourou. En période de forte crue, une grande partie de cette eau est drainée de façon gravitaire en territoire malien.
Du côté burkinabè des aménagements hydro-agricoles ont été effectués dans le bassin et ont permis d’assurer la sécurité alimentaire de la zone. Quand la crue est à son niveau maximum, les vannes sont fermées et les eaux de ruissellement suffisent à inonder les champs. Mais, quand le besoin se fait sentir, il suffit seulement aux techniciens burkinabè de rouvrir ces vannes pour que le bassin malien se vide de son contenu comme dans un système de vases communicants.
Quand l’eau stagne au Mali, les pêcheurs font de la pêche et les paysans de la culture irriguée de riz de bas-fonds. Il faut dire qu’au Mali, le bassin du Sourou irrigue plusieurs plaines, dont celles du Mondoro, Gondo, Séno et du Sourou.
La morphologie du bassin comprend la plaine du Sourou qui renferme des sols lourds limoneux et argilo-limoneux sur les deux rives du cours d’eau et qui sont propices à la culture irriguée de riz de bas-fonds. Par ailleurs, on y trouve des sols sablonneux, sablo-limoneux sur lesquels la culture des céréales sèches et légumineuses est possible. Par contre, la plaine du Séno est propice aux pâturages qui y sont abondants pendant l’hivernage.
La flore du bassin abrite d’importantes ressources ligneuses qui proviennent des deux forêts, celle de Samori (244.800 hectares) et de Ségué (82.300 hectares). La diversité du bassin est complétée par la présence d’une importante colonie d’hippopotames. Toutefois, la faune terrestre du bassin est aujourd’hui très pauvre à cause du braconnage intensif dont elle a fait l’objet et de l’occupation anarchique de l’espace.
Sur les terres propices à l’agriculture, les populations cultivent du riz en submersion libre aux abords du lac du Sourou, du riz de bas-fonds, des cultures maraîchères (notamment l’oignon).
Mais paysans comme pêcheurs ont mis l’accent sur le caractère aléatoire de leurs activités en raison de la non maîtrise des eaux. Avec la présence permanente de l’eau et des deux forêts, les oiseaux granivores ont trouvé un gîte propice. Cette présence massive des oiseaux cause des préjudices aux cultures céréalières. Comme c’est le cas cet hivernage. En effet, les habitants de Baye se sont plaints de l’attaque massive des oiseaux granivores sur leurs cultures.
En réponse à ces contraintes et face à un potentiel agro-pastoral et halieutique très important, le ministre Bocari Treta a instruit à ses services techniques, en relation avec les ONG dont Care Mali et les municipalités, d’élaborer un schéma directeur d’aménagement du bassin du Sourou. Ce schéma doit aboutir à la création d’un Office de développement de la vallée du Sourou, a recommandé le ministre Treta. « Je m’investirai personnellement auprès du gouvernement pour faire aboutir cette doléance tant le potentiel du Sourou est important et sera une valeur ajoutée pour l’atteinte de la souveraineté alimentaire du Mali », a-t-il plaidé.
M. COULIBALY
Source: Essor