Un sergent-chef français a perdu la vie dans le nord du Mali, lors de violents accrochages entre un groupe armé terroriste et des soldats de l’opération Barkhane. C’était lors d’une opération des forces françaises, dans l’Adrar des Ifoghas, une zone de massifs montagneux dans les confins du nord du Mali où les groupes djihadistes, parmi lesquels Al-Qaïda au Maghreb islamique, se sont montrés très actifs ces derniers mois.
C’est dire que la force Barkhane a désormais changé de stratégie, en prenant l’initiative d’attaquer ces derniers dans leur propre sanctuaire. Mais les djihadistes ne semblent pas avoir dit leur dernier mot. Leur force de nuisance demeure toujours intacte et ils continuent à tailler des croupières à la force Barkhane et à la Minusma dans le Nord du Mali.
La violence est montée d’un cran et les djihadistes ne cessent de faire des sorties sporadiques pour semer la mort et disparaître comme par magie. Cela est favorisé par le relief particulièrement hostile de la zone de l’Adrar, qui rend difficile la progression des forces régulières. La population de la zone, quant à elle, refuse toute collaboration par peur de représailles de la part des groupes armés.
Il sera difficile pour les forces régulières de venir à bout des djihadistes
C’est dans ce climat de violence qu’est donc intervenue la mort du 10e soldat français, depuis l’intervention de la France au Mali. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la France est en train de payer un lourd tribut à cette crise. Pire, elle est remerciée en monnaie de singe, comme en témoigne la sortie très peu amène de l’Exécutif malien contre la France accusée de s’immiscer dans les affaires domestiques maliennes.
Où était donc la Minusma quand ce 10 ème soldat tombait sous les balles des djihadistes ? On peut comprendre la colère du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, pour qui des soldats tombent parce que la Minusma n’a pas toujours été au rendez-vous. Froissée, la Minusma a néanmoins annoncé que conformément à son mandat, elle renforcera sa présence dans le nord.
Toujours est-il qu’on peut faire le constat que ce sont les soldats des pays venus au chevet du Mali, qui offrent, beaucoup plus que les soldats maliens, généralement leur poitrine aux balles des djihadistes. Les militaires maliens, eux-mêmes, semblent avoir carrément disparu des champs de combat.
Le gouvernement malien a la mémoire courte
Quant à l’Exécutif du pays, il semble plus préoccupé par les prébendes que lui confère le pouvoir, que par la sécurité du pays. En témoigne le rapport du vérificateur général du Mali, qui dénonce la corruption au sein de l’Etat malien, et la sortie d’IBK qui s’insurge contre « l’ingérence de la France » dans les affaires maliennes. Faut-il le rappeler, dans une grande mesure, IBK doit l’organisation des élections maliennes à la France, notamment à la force SERVAL. C’est dire que le gouvernement malien a la mémoire courte.
Cela dit, on se demande si la création de l’état-major conjoint des mouvements de l’Azawad, contribuera à résorber la violence dans le nord du pays. Rien n’est moins sûr. Mais ce dont on peut être certain, c’est que tant que la Libye voisine ne retrouvera pas sa stabilité, il sera difficile pour les forces régulières de venir à bout des djihadistes de la zone, car ils y auront toujours une base arrière pour se réfugier.
Thierry Sami SOU
Source: lepays.bf