Les baguettes étaient munies de grosses boules à chacune de leur extrémité ; les lames se dérangeaient de temps en temps et l’enfant s’arrêtait alors pour les replacer avant de continuer à jouer ; les lames étaient posées sur une fosse creusée dans le sol. Cet enfant était en fait un génie incarné.
Au bout d’un moment, quand le génie découvrit le garçon, il l’invita à jouer ensemble avec lui. Après chaque jeu, le génie emportait son balafon ; ce jeu dura longtemps jusqu’à ce que l’enfant finît par maîtriser la technique de cet instrument. Un jour, le père du garçon vint par surprise au champ et le trouva en train de jouer la musique au lieu de surveiller le maïs. Il lui fit des remontrances. Le garçon lui avoua alors que l’instrument de musique était en fait un cadeau de son ami génie. Le père acquiesça et demanda à son fils d’apporter l’instrument au village.
Au bout de quelque temps, le jeune garçon décida alors de perfectionner l’instrument. Au lieu de mettre les lames au travers d’une fosse, il remplaça la fosse par un châssis trapézoïdal. Il mit au point un système d’attache pour fixer les lames sur le châssis, et il mit ensuite une cordelette entre les lames et le châssis pour atténuer le choc.
Pour la résonance, il inventa un système d’amplification à base de courges qu’il plaça de manière bien ordonnée : plus la lame est aigüe, plus la calebasse est petite. En ce qui concerne le bois utilisé pour fabriquer les lames, le génie lui avait conseillé d’utiliser un bois spécial nommé « Ngouéné yiri », c’est-à-dire l’arbre des génies, afin d’obtenir une belle sonorité.
Pour obtenir le meilleur son, il fallait laisser d’abord l’arbre vieillir, et qu’il meure de lui-même. Ensuite, il devait enlever l’écorce et garder le cœur qui est gros et dense, et qui est de couleur brune ou jaunâtre. Il devrait le tailler et laisser sécher au soleil. Puis, les lames devaient être passées au feu dans un four pour les sécher davantage. Le cœur brun est réputé plus résistant et plus dense tandis que le jaunâtre résonne plus, mais s’effrite plus vite.
Voilà, vous en savez beaucoup, désormais sur le balafon.
Djibril Mamadou Coulibaly
Source: LE COMBAT