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Us et coutume : Le masque et la danse dogon

Les masques dogons sont des œuvres artistiques à vocation religieuse. Ils sont au centre de la culture et des traditions du peuple Dogon, qui vit essentiellement au Mali, dans le Pays Dogon, situé sur la falaise de Bandiagara. Les masques sont utilisés lors de rituels dont la danse et la musique sont confiées à une société initiatique appelée Awa. Cette société secrète, composée d’hommes circoncis, est l’institution religieuse la plus importante chez les Dogons; c’est elle qui officie lors des divers cérémonies (cérémonie des ancêtres, dama, sigui, etc.). Elles prennent la forme de danses opérées par les “masques”, terme qui désigne à la fois l’objet qui représente une divinité ou un esprit, et la personne anonyme qui le porte et qui incarne donc cet esprit. Fabriqués en bois peints de couleurs vives et des cagoules-muselières d’étoffe ornée de cauris, les masques sont de plusieurs ordres : satimbekanaga, le goitreuxpullo yanaSirigé. Etc.

Leur religion est basée sur le culte d’un dieu unique, Amma, et des ancêtres. Les masques ont une place tout à fait particulière dans cette tribu. Il existe en effet une société des masques, ou société Awa, constituée d’hommes circoncis qui communiquent par le biais d’une langue secrète et interviennent lors des cérémonies funéraires. La signification des différents masques qui se suivent, dansant à pas rassurés et amusants, sous les rythmes et les chants du territoire, nous enseigne sur l’esprit du vivre ensemble en harmonie de nos vieilles personnes. De ce fait, les masques représentent le symbole de la coexistence, de la cohabitation, de la cohésion sociale et de la paix dans la communauté, des notions qui ont toujours été au centre de leurs préoccupations. Bannir les discriminations sous toutes ces formes dans la société, tisser des liens forts avec les voisins, protéger et soigner les populations, sont entre autres, des pratiques que nos aïeux ont toujours su appliquer et respecter pour vivre paisiblement les uns avec les autres.

LE MASQUE SATIMBE a la particularité d’avoir en son sommet une statuette féminine aux bras écartés, représentant « la sœur des masques  La statuette féminine représente Ya Sigine, la sœur des masques, qui a volé les masques aux Andoumboulou (des êtres surnaturels) après les avoir surpris en brousse alors qu’ils dansaient, et qui les rapporta aux humains. Dans certains cas, la statuette de Yasigine porte une louche dans sa main, censée être imbibée d’une force vitale qui serait encore plus dangereuse pour les femmes que les masques eux-mêmes. De nos jours, seules les initiées — appelées elles aussi Ya Sigine — ont le droit de manipuler les masques et de participer aux cérémonies des masques, les autres femmes restant en retrait

LE MASQUE KANAGA est un masque facial du peuple dogon, utilisé traditionnellement par les membres de la société Awa. Le masque Kanaga évoque le Dieu créateur Amma. Il présente une forme en double croix, qui rappelle aux initiés les épisodes de la création du monde dansée lors des cérémonies funéraires où il est utilisé par les membres de la société Awa. Le grand public non initié a tendance à y voir divers sujets animaliers : le kommolo tebu (un oiseau), le lézard, l’iguane, le barâmkamza dullogu (un insecte d’eau), ou encore la main de Dieu ou l’esprit féminin des arbres (gyinu ya).

LE DAMA est une cérémonie de lever de deuil, cérémonie très importante du culte des morts chez les Dogons. Cette cérémonie est collective et concerne toutes les personnes décédées au cours des années précédentes. Le dama est organisé en principe tous les trois ans, mais cette période peut être portée à cinq ans. Les âmes sont appelées à rejoindre les ancêtres. Le terme dama signifie « interdit » en langue dogon. Il a été traduit par « lever de deuil », puisque la cérémonie marque la fin des interdits liés à la mort d’un individu. Ces interdits concernent non seulement les proches de la personne décédée, mais aussi toute la communauté. Au cours de la cérémonie qui dure trois jours, société des masques, défile et danse dans le village. Cette cérémonie marque la fin du deuil. Les trois jours s’organisent de la façon suivante. Le premier jour est le Warassegourou, jour de la rencontre entre les masques et les ancêtres. Le soir, les masques quittent leur lieu de la préparation et saluent tous les lieux sacrés du village. Le deuxième jour est le Gonou-Dinrou, journée exclusivement consacrée aux danses. Le troisième jour est le Guime-boro-boro ; cette journée de clôture de la cérémonie est réservée aux plus jeunes des initiés. Ils portent alors des masques noirs.

LE MASQUE SIRIGE, OU MASQUE A ETAGE ou encore appelé masque maison à étages, est), utilisé traditionnellement par les membres de la société Awa, en particulier lors des cérémonies du culte des morts. C’est le masque le plus long utilisé lors des cérémonies, pouvant atteindre plusieurs mètres de haut. Le masque Sirigé ressemble à une échelle dont les barreaux sont autant d’étapes de la connaissance acquise au cours de l’initiation marquant le passage de l’enfance à l’âge adulte. Les hommes initiés de la société Awa portent ces masques au cours de cérémonie funéraire. Le danseur fixe la partie basse du masque sur son visage et doit toucher le sol avec la pointe du masque. Le masque prend vie grâce aux motifs symboliques, au costume, à la danse et à la musique.

LE MASQUE PULLO YANA, LA FEMME PEULE, ce masque, ornementé de cauris ainsi que son extension au niveau du torse formant une poitrine féminine, représente une femme peule. Les peuls, en particulier les femmes, ont l’image d’être paresseux chez les dogons. C’est pourquoi le danseur qui porte le masque Pullo Yana se laisse fréquemment tomber à terre et demande de l’aide pour se relever, faisant mine d’être malade ou fatigué

Mais derrière ce spectacle qui émerveille tous les spectateurs, se cache une richesse culturelle indescriptible de démonstration de la vie en communauté : le rapport social entre les hommes, le rapport entre les hommes et la nature et d’autres facteurs de la vie en harmonie dans la société.

Oumou SISSOKO

Source: L’Alternance

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