Les Soninkés encore appelés Maraka sont un peuple présent en Afrique de l’Ouest sahélienne. Ils sont principalement établi au Mali, le long de la frontière mauritanienne entre Nara, la région de Koulikoro, Kayes et Nioro du Sahel ainsi qu’au Sénégal, en Mauritanie, en Gambie au Burkina Faso et en Guinée-Bissau. Quelques noms tels que Diaby, Konté, Diawara, Doucouré, Sacko, Magassa…
Les Soninké (comme ils se nomment eux-mêmes : un Soninké, des Soninko), appelés Sarakolé par les Wolofs, occupent une place exceptionnelle dans l’histoire de l’Afrique de l’Ouest. Considérés comme les fondateurs du premier des grands empires soudanais, le Ghana, le fameux « pays de l’or », ils sont mentionnés dès le IXe siècle par l’historien et géographe arabe Al-Yaqubi. Longtemps dominés par les Mandingues, puis par les Toucouleur, les Soninkés retrouvent, dans la seconde moitié du XIXe siècle, une hégémonie dans la région du haut Sénégal, grâce à Samory, le dernier des grands bâtisseurs d’État de la période précoloniale. L’esclavage, qui n’a disparu que progressivement au début du XXe siècle, a laissé des traces, et les descendants d’esclaves continuent à occuper une situation de relative infériorité. Les Soninkés fournissent un tribut important à l’émigration des navétanes, travailleurs temporaires des zones de culture d’arachides du Sénégal, et également vers la France, où ils constituent un des groupes les plus importants de l’émigration ouvrière d’origine africaine. Islamisés au temps des empires du Ghana et du Mali, les Soninkés étaient revenus à l’animisme, et le terme a parfois été employé pour désigner tout groupe mandingue animiste. Lors de la conquête toucouleur d’Elhadj Omar, au XIXe siècle, ils ont connu une seconde islamisation. Leur langue est le soninké, une langue mandée, dont le nombre total de locuteurs a été estimé à 1 250 000 et 700 000 ont été dénombrés au Mali en 1991, 250 000 au Sénégal en 2007, 156 000 en Gambie en 2006, 39 000 en Mauritanie en 2006 et 5 000 en Guinée-Bissau en 2005 et quelques milliers en Côte d’Ivoire, en Guinée-Conakry (Manda Saran, Linsan Saran et Badougoula) et au Faso. Ils font culturellement partie du groupe mandé de par leur langue, le soninké, mais forment un groupe ethnique à part entière.
Selon les sources, on observe de très nombreuses variantes : Aswanik, Dafing, Dafi, Dyakanke, Gadyaga, Maraka, Maraxa, Marka, Marka Soninké, Sarakolé, Sarakule, Sarawule, Saraxole, Silabe, Soniake, Soninkés, Toubakai, Wakore. L’agriculture pratiquée par les Soninké présente, sur le plan technique, des aspects divers selon les régions : elle demeure, dans l’ensemble, rudimentaire et de type autarcique, le mil, le maïs, l’arachide et le riz constituant les principales cultures. L’élevage des bovins est pratiqué sur une échelle limitée, parfois avec le concours des pasteurs peul. La famille étendue constitue l’unité économique de base ; elle se caractérise par la coopération des hommes dans les tâches agricoles et par une division sexuelle très stricte du travail, la riziculture constituant notamment une activité exclusivement féminine. La détention et l’usage de la terre obéissent à un modèle fréquent dans l’Ouest africain : certains clans « maîtres de la terre » possèdent des prérogatives rituelles, au niveau du village ; l’aîné des villageois assurant périodiquement la répartition des terres du village entre les différents chefs de famille. Dans la société soninké, clans et familles constituent des groupes de filiation patrilinéaires, la résidence est patrilocale et la succession s’effectue en ligne paternelle. Il n’en a pas toujours été ainsi ; selon l’historien arabe Al-Bakri, la succession à l’office royal se faisait, au XIe siècle, dans l’empire du Ghana, en ligne maternelle. Le mariage est souvent polygynique et s’accompagne du versement d’une compensation matrimoniale, autrefois en esclaves et en cauris, de nos jours en bétail et en numéraire. De leur splendeur passée, les Soninkés ont hérité d’une stratification sociale poussée, combinant à la fois les systèmes de classes, de castes et de clans. Au XIXe siècle, le travail agricole était essentiellement effectué par les esclaves : chaque famille de nobles et d’hommes libres possédait des « captifs de case », permettant de limiter la participation de leurs membres aux tâches productives. La production artisanale était assurée par les membres de castes inférieures ; les griots étaient répartis en deux castes. Dans le passé, les hommes avaient les cheveux tressés ou des coiffures en locks, qu’ils enduisaient de karité. Les femmes avaient le plus souvent le crâne rasé, mais il y avait aussi des coiffures tressées, très difficiles à réaliser. Elles tatouaient leurs lèvres et leurs gencives pour faire ressortir la blancheur de leurs dents et rehausser la beauté de leur visage. Les femmes portaient toujours un léger voile sur la tête.
Les Sarakolés ne pratiquent pas la scarification du visage autant que les Bambaras. Hommes comme femmes se font deux ou trois scarifications sur les tempes, et les femmes en font trois de plus sur les joues. L’excision des jeunes filles était très pratiquée dans le passé. Les oreilles de la femme sont percées de plusieurs trous dans lesquels sont placés plusieurs anneaux en or pour les plus fortunées, en argent ou en bronze pour les plus modestes. Les bijoux tels que les colliers, les bracelets au poignet et aux chevilles sont très utilisés. Traditionnellement, les hommes soninkés portent le boubou, une grande robe qui arrivait en bas des genoux et un pantalon, souvent de couleur blanche, beige ou bleu indigo. Dans le passé, une ceinture de cuir était attachée à la taille. Il y a aussi les babouches brodées appelées moukhou, ou les sandales de cuir, le tepou. Les femmes portaient le pagne qui s’arrêtaient en bas des genoux, le fendeli, et pour le haut la camisole, par-dessus laquelle elles mettent un boubou le plus souvent de couleur indigo, appelé doroké khoré (grand vêtement). Avec l’islamisation, le pagne arrive désormais jusqu’aux chevilles. Le bazin est le tissu utilisé pour les fêtes, noble et de grande qualité. Sous leurs vêtements, les femmes ont plusieurs colliers de perles qu’elles portent sur la taille. Ils sont portés comme des sous-vêtements de séduction, ils ne peuvent être montrés que dans l’intimité. Sur la tête elles attachent artistiquement un foulard, le tikka ou kala. Les Soninkés connus aussi pour de grands voyageurs.
En somme, les Soninkés n’ont pas laissé leur culture et leur langue en dépit de l’aliénation culturelle en cours et la modernité fruit d’une mondialisation à outrance. C’est pourquoi ils sont aimés par les autres.
Oumou SISSOKO
Source: L’Alternance