Alors que son leader Soumaila Cissé est toujours aux mains de ses ravisseurs depuis près de deux mois, l’Union pour la république et la démocratie (URD) traverse une période de flottement intense. Dans un contexte où les décisions du directoire du parti semblent ne pas faire l’unanimité, certains membres pourraient-ils prêter le flanc et intégrer le prochain gouvernement, dont les tractations pour la formation sont en cours ?
Plusieurs militants et sympathisants du parti de la poignée de mains se sont étonnés que les députés élus sous la bannière de l’URD aient voté pour l’Honorable Moussa Timbiné, candidat de la majorité, lors de l’élection du Président de l’Assemblée nationale, le 11 mai dernier.
Face à la grogne silencieuse qui montait dans les rangs, le directoire du parti a dû s’expliquer, à travers une note interne qui a été largement partagée sur les réseaux sociaux.
« La Direction du parti doit humblement accepter les critiques de ses militants, sympathisants et aussi de ses alliés, dès lors que celles-ci servent à améliorer le travail combien difficile à l’endroit des populations », indiquait la note en date du 15 mai, signée du 1er Vice-président, le Pr. Salikou Sanogo.
Flottement sans envergure ?
Pour Moussa Seye Diallo, Secrétaire adjoint à la communication du parti, cet incident à l’interne est désormais géré et tout le monde est passé à autre chose. Même s’il reconnait que le parti traverse une période de flottement, il écarte toute probabilité de fissures au sein de l’URD.
« Il peut y avoir des moments d’incompréhension, surtout quand un leader qui gérait bien son parti s’absente sans crier gare, sans donner de consignes. Mais, aujourd’hui, il n’y a pas de fissures au sein de l’URD. Les députés ont compris le message de la direction après leur vote à l’Assemblée », soutient-il.
Cette position est également appuyée par l’analyste politique Salia Samaké, qui trouve d’ailleurs que la position actuelle de l’URD se trouve encore plus confortée et qu’elle garde encore sa position de premier parti de l’opposition.
Entrée au gouvernement ?
Certains paramètres semblent aujourd’hui se conjuguer pour un réel rapprochement politique entre l’URD et le RPM, notamment les alliances électorales qui ont prévalu pour les législatives et plus récemment donc le vote des députés URD en faveur du candidat de la majorité, en dépit de la candidature de l’Honorable Moussa Mara.
Mais le cap ne sera pas franchi. L’URD ne participera pas au prochain gouvernement. « L’URD n’a pas été concertée et le parti n’a pas l’intention d’entrer au gouvernement. Il n’y a pas eu de discussions concernant un ou des représentants de l’URD dans la prochaine équipe gouvernementale », clarifie Moussa Seye Diallo.
Concernant l’éventualité de la participation de certains membres du parti au gouvernement en dépit de la directive officielle, le secrétaire adjoint à la communication reste ferme.
« Si quelqu’un de l’URD a été consulté ailleurs et fait son entrée au gouvernement, cela ne nous concernera pas. Le mandaté qui aura consulté cette personne sera la seule personne à répondre de cela », affirme-t-il.
Mais, du point de vue du politologue Boubacar Bocoum, le directoire de l’URD devrait revisiter sa position par rapport à une éventuelle entrée du parti au prochain gouvernement.
« Ils sont déjà au service du peuple à l’Hémicycle. Le gouvernement également est un exercice en rapport avec le service public », pointe-t-il, avant de préciser qu’il ne devrait normalement pas y avoir de raisons objectives qui empêcheraient actuellement le directoire de l’URD d’accepter que ses membres prennent part à ce service public.
Un point de vue que ne partage pas Salia Samaké, pour lequel l’URD n’aurait aucun intérêt à participer au gouvernement. Selon lui, la lecture même de la situation politique actuelle n’incite pas à aller dans ce sens. « Il ne faudra pas y aller, quel que soit ce qui peut leur être proposé », martèle-t-il.
Germain Kenouvi
Journal du Mali