L’Union pour la République et la Démocratie, URD, née de la scission de l’ADEMA après les élections générales de 2002, est un parti fondé par feu Soumaïla Cissé et ses camarades pour défendre un certain idéal fondé sur les valeurs démocratiques. Le charismatique leader de ce parti libéral malien, Soumaïla Cissé, abandonnant tous les conforts et se dédiant à la défense des intérêts supérieurs du Mali, a été au rendez de tous les combats pour la préservation des acquis démocratiques. Battu à sang et laissé pour mort en 2012 après le stupide coup d’Etat du Capitaine Amadou Haya Sanogo pour avoir dit niet au putsch, Soumaïla Cissé a animé par la suite l’opposition pendant près de 7 ans alors qu’il pouvait tout avoir avec son ex camarade IBK. Ses héritiers se morfondent aujourd’hui dans un soutien sans nom à une transition qui viole les principes démocratiques chers à Soumaïla Cissé. Salikou Sanogo de l’EDR et Gouagnon Coulibaly de l’URD vont-ils enfin se décider à suivre la voie tracée par feu Soumaïla Cissé ? Les cadres de ces deux partis vont-ils s’accommoder de la violation des valeurs démocratiques défendues hier par leur mentor Soumaïla Cissé ?
Les partis politiques maliens traversent l’un des moments les plus critiques de leur existence. Vilipendés, voués aux gémonies et considérés à tort ou à raison, par une frange importante de l’opinion, comme étant les seuls responsables de la descente aux enfers du pays. Ils n’arrivent toujours pas à faire une union sacrée pour non seulement défendre les acquis démocratiques, mais aussi apporter un démenti cinglant aux allégations tendant à les faire porter seuls le chapeau de la décadence du Mali. Toutes les tentatives de constituer un front pour se défendre ont été infructueuses à cause des égos surdimensionnés des uns et des ambitions démesurées des autres. Face au péril en la demeure de la démocratie et à la faveur de l’expiration du délai souverainement fixé par les autorités mettant un terme à la transition, certains partis politiques tentent de sortir la tête de l’eau pour non seulement rappeler le non-respect des engagements, mais aussi exiger la tenue des élections dans un bref délai afin de sortir de la période exceptionnelle dans laquelle le Mali est plongé depuis le 18 Août 2020. Dans ce combat pour la défense des acquis démocratiques, deux partis ont brillé par leur absence, il s’agit de l’URD de Gouagnon Coulibaly et l’EDR de l’éminent Professeur Salikou Sanogo. Ces partis qui constituaient la même et seule entité sous le leadership de Soumaïla Cissé brillent aujourd’hui par leur absence au rendez-vous du combat pour la préservation des acquis démocratiques chers à feu Cissé.
Salikou Sanogo de l’EDR et Gouagnon Coulibaly de l’URD vont-ils enfin se décider à suivre la voie tracée par feu Soumaïla Cissé ?
La réponse est loin d’être évidente, car ces deux partis semblent décider à soutenir la tête baissée la transition en faisant fi de toutes les bourdes et autres manquements graves aux règles et principes qui régissent la démocratie. Sinon comment comprendre que la quasi-totalité des partis politiques ont rappelé le non-respect du délai fixé par les autorités pour la fin de la transition sauf ces deux partis. Et pourtant Soumaïla Cissé n’a jamais tergiversé dans la défense des valeurs démocratiques ce qui lui a valu des inimitiés, des critiques virulentes et même un embastillement en 2012. Il a pris une part active dans l’animation du Front pour la Défense de la Révolution du 26 Mars, FDR, après le coup d’Etat du Capitaine Amadou Haya Sanogo. Soumaïla Cissé a fondé le Front pour la Sauvegarde de la Démocratie, FSD sous IBK, devenue par la suite l’une des entités du M5 RFP. Comment les partis qui se réclament de cet intrépide combattant de la démocratie pourraient être des abonnés absents à la défense de l’idéal démocratique cher à leur mentor ? Les militants de l’URD comme ceux de l’EDR doivent comprendre qu’ils sont en train de louper le rendez-vous du combat pour la préservation des acquis démocratiques par le calcul politicien de leurs premiers responsables et par conséquent ils ne doivent guère accepter d’être les dindons de la farce et surtout manqué. Nous sommes persuadés que cette posture des premiers responsables est loin d’être celle des militants à la base qui n’aspirent qu’à une sortie rapide de cette léthargie dans laquelle le pays est plongé depuis 2020.
Les cadres de ces deux partis vont-ils s’accommoder de la violation des valeurs démocratiques défendues hier par leur mentor Soumaïla Cissé?
Les cadres de l’URD et ceux de l’EDR accepteront-ils que leurs partis soient absents au rendez-vous du combat pour la défense des principes démocratiques ? Les événements de ces derniers jours répondent par oui. Ces deux partis n’ont nullement condamné le non respect de la date fixée pour mettre fin à la transition. Tout comme ils ont brillé par leur absence à la rencontre des partis politiques pour faire une déclaration de principe. Ces deux partis passent aujourd’hui au sein de l’opinion comme étant les deux soutiens inconditionnels, voire aveugles de la transition, sans avoir le courage de dénoncer les manquements graves aux engagements et principes. L’EDR serait le bras politique du Premier Ministre Choguel K Maiga et l’URD celui des militaires. Toutes ces deux entités ont comme dénominateurs communs de fouler aux pieds les principes sacro-saints de la démocratie. En tout cas les cadres et militants de ces deux partis doivent comprendre que tout acte posé par les premiers responsables est non seulement fait pour l’histoire et la postérité, mais aussi et surtout les engage. Donc ils feront mieux de peser de tout leur poids pour influer sur les décisions qui engagent leurs partis afin de ne pas compromettre dangereusement l’avenir.
En somme, s’il est tout à fait logique pour ces deux partis de soutenir la transition, qui est du reste le fruit de leur combat, il serait tout de même incompréhensible qu’ils ne rappellent pas leurs alliés au respect des principes démocratiques et surtout de leurs engagements. C’est en adoptant une telle posture que les deux partis ne trahiront non seulement pas la mémoire de Soumaïla Cissé, mais aussi et surtout imposeront aux autorités le respect parce que désintéressés et à cheval sur les principes.
Youssouf Sissoko
Source: L’Alternance