Le “vautour” vous connaissez ? C’est à la belle époque de la Régie des Chemins de Fer du Mali (Rcfm) un passager placé sous la haute protection d’un convoyeur qui le déclare au contrôleur comme étant un protégé à lui. Une protection payée en espèces sonnantes et trébuchantes au convoyeur. Celui-ci paye à son tour tous ceux qui sont dans le coup. Le magot étant ainsi partagé entre les différents protagonistes. Aucun sou, même troué, ne tombe dans l’escarcelle de la Rcfm. Le passager sur lequel est prélevée une somme forfaitaire est appelé dans un langage codé le “vautour” (Douga en bambara). Certains convoyeurs pouvaient protéger jusqu’à trois “vautours”.
Le phénomène “Douga” est une des nombreuses facettes de la mauvaise gestion qui avait cours à la Rcfm. Au sommet de l’Etat aussi, cette société était une espèce de pompe à fric pour le parti majoritaire à l’époque. On pompait là-dedans comme on voulait. Du ministre au dernier manœuvre, en passant par le premier responsable de la Rcfm. C’était la période des vaches grasses. L’époque où l’on élevait, à tour de bras, villas cossues et autres maisons à étage, où l’on collectionnait les femmes, où les griots et les griottes chantaient les louanges des héros du jour. C’était la belle époque. On était à mille lieues de penser que le train allait s’arrêter de siffler un jour. Pourtant, ce qui devait arriver arriva. Avec une éventuelle reprise, si l’on ne change pas de façon de gérer, les mêmes causes produisant le même effet, on risque de retomber dans la même situation. Qu’à Dieu ne plaise ! Boubacar Sidibé Junior
Source: Aujourd’hui-Mali