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Université de Ségou: le scandale de la coupe des dotations financière

À l’Université de Ségou, dans la capitale des Balazan, on vit au quotidien un spectacle désolant. Le tout aggravé par une perturbation des activités pédagogiques, suite à une décision ‘’malveillante et mal inspirée’’ du recteur de de réduire de 34, 13 % des heures supplémentaires et 100 % des frais d’encadrement et soutenance des mémoires au niveau de l’une des deux facultés, celle des sciences sociales (FASSO), considérée comme le parent pauvre de l’université de Ségou. Comment le climat social s’est-il dégradé au sein de cette universitaire ? Jusqu’où iront les contestataires ?

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Injustice ? Dialogue de sourds ? Mauvaise foi ? A l’université de Ségou, le cycle des étudiants et même celui des professeurs relèvent du parcours de combattant. Minée par les problèmes de gestion financière, l’université de Ségou, en fonctionnalité depuis seulement 2010, est en passe de devenir le lieu le plus parfait d’un enseignement au rabais. En cause, des difficultés de gestion au niveau des différentes filières de formation, des décisions inappropriées sur les dotations financières et les heures supplémentaires, des critères sélectifs imposés, le tout agrémenté par une menace de perturbation des activités pédagogiques.

Course à la survie ?
Tout est parti, selon nos sources, d’une note de service, en date du 6 mai 2016 du rectorat de l’université de Ségou, réduisant de 34,13 % le budget des heures supplémentaires et de 100 % des frais d’encadrement et de soutenance des mémoires d’une des deux facultés de la place, à savoir la FASSO. En plus de cette coupe budgétaire drastique, la FASSO déplore l’insuffisance de son personnel enseignant permanent pour encadrer les 916 étudiants qu’elle abrite. Face à la situation, rapporte-t-on de source bien informée, le doyen de la FASSO n’a eu d’autre choix que de réagir, le 10 mai dernier, en informant, par un avis, les enseignants et étudiants du niveau de la gravité de la situation. Les moyens financiers disponibles et les ressources humaines ne permettent pas d’accomplir une année universitaire à la hauteur des attentes.
Il est ainsi précisé dans la note explicative dont nous sommes procurés une copie : « Le doyen de la FASSO a le regret d’informer les étudiants et les enseignants que suite à une réduction budgétaire de 34,13 des heures supplémentaires et de 100 % des frais d’encadrement des mémoires et l’insuffisance de personnel enseignant permanent pour encadrer les 916 étudiants de la FASSO, cette faculté n’est plus en mesure d’encadrer les mémoires et d’exécuter durant le second semestre 2015-2016. Par conséquent, les semestres 2, 4 et 6 ne seront pas validés… ».

Panique et rupture dans les activités pédagogiques
Suite à cela, ce fut la panique à la FASSO dont les étudiants n’ont pas compris les motivations profondes de la décision du rectorat de dégarnir le budget. Un budget déjà alloué qui pose problème, car jugé modique face au plus grand nombre des étudiants qu’elle abrite. Sentant la menace d’une année compromise, suite à une dévaluation des activités universitaires, les étudiants ont proclamé la grève.
La réaction du rectorat, elle, ne s’est fait pas attendre. Par lettre, signée du vice-recteur, le patron de l’université exprime son indignation et son désaccord avec son doyen, celui de la FASSO avant de l’inviter à une rectification rapide de sa décision, prise et affichée. La réaction du recteur est ainsi annoncée : « Je m’inscris en faux contre ces décisions injustifiées qui n’ont jamais été soumises ni au rectorat ni au Conseil pédagogique seule instance habilitée à les approuver ou rejeter. Une demande de réduction des heures attribuées aux enseignants permanents et vacataires au titre d’heures supplémentaires, afin de rentrer dans les limites du montant alloué par le budget d’État, ne signifie point le dégarnissement systématique des heures et modules des programmes de formation officiellement habilités ».
Si le rectorat persiste et signe, en demandant au doyen de revenir sur sa décision, le comité syndical du syndicat de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (SNESUP), lui, semble prendre position en faveur du doyen. Ainsi, dans une lettre, en date du 27 mai 2016, il demande ‘’l’annulation immédiate des projets des arrêtés d’heures supplémentaires au titre de l’année universitaire 2015-2016’’. La position du syndicat est ainsi consignée : « Monsieur le recteur, au regard de la suppression et de la réduction des volumes horaires de certains modules de formation, l’insuffisance de l’enveloppe octroyée par l’État aux heures supplémentaires, des volumes d’horaires accordés à certains enseignants et de la mauvaise gestion des enseignants permanents, le comité SNESUP de l’US, par la présente, exige l’annulation immédiate des projets des arrêtés d’heures supplémentaires au titre de l’année universitaire 2015-2016. Le syndicat exige la mise en place immédiate d’une commission qui analysera lesdits projets conformément aux programmes habilités, aux emplois du temps émis au niveau du service des finances pour les décisions de transports et hébergements des vacataires ». Des mots martelés au recteur en disent longs sur la dégradation du climat social au sein de cet établissement public.

La répartition de l’enveloppe budgétaire en cause ?
En fait, le climat tendu à l’université de Ségou n’est pas sans lien avec les critères, liés aux frais d’inscription et d’encadrement par étudiants, dans les deux facultés et l’unique institut, qui laissent apparaitre une véritable injustice dans la répartition des fonds alloués à l’université. Tenez ! Pour cette année académique 2015-2016, l’université de Ségou compte 1 530 étudiants, dont 916 inscrits à la seule Faculté des Sciences Sociales (FASSO), soit 59,87 % des apprenants des deux facultés (FAMA et FASSO) et de l’Institut universitaire de formation professionnel (IUFP). Pire, pendant qu’elle abrite le plus grand nombre des étudiants cumulés aux deux autres structures, à savoir la FAMA et l’IUFP, la FASSO, elle, n’engrange que 31,36 % du budget total des heures supplémentaires contre respectivement 29,16 et 39,48 pour la FAMA et l’IUFP qui n’ont respectivement que 278 et 336 étudiants.
Autre polémique à l’université de Ségou : il n’y a qu’un seul étudiant dans une classe de licence3 pour lequel l’on fait payer par l’État 12.000.000 FCFA (c’est-à-dire 1200 heures annuelles réglementaires du système LMD). Il s’agit là d’un problème récurrent qui compromet dangereusement le climat social au sein d’une université publique où les critères de choix, selon les facultés, sont ambigus. C’est aussi le cas, le fonctionnement d’une filière de formation qui coûte au minimum 9.000.000 FCFA (900 heures annuelles qui sont généralement dispensées à l’IUFP) avec seulement 3 étudiants.
Pourquoi créer et maintenir une telle filière sur le dos de l’État et celui des étudiants, s’interroge-t-on désormais à l’université de Ségou ? En tout cas, ici, à Ségou, le scandale des dotations financières qui frappe la FASSO, abritant le plus grand nombre des étudiants, et qui ne bénéficie que de la portion congrue, en terme de budget, et d’autres décisions du recteur, jugées paralysantes et démotivantes pour le corps d’enseignants et les étudiants, n’ont pas encore fini de faire des vagues. Si les frustrations accumulées, çà et là, devront ressurgir sur les perturbations académiques, comme la menace se fait déjà sentir dans le milieu universitaire, il est fort à craindre le pire par-là. A moins que les autorités compétentes n’agissent à temps…

Sidi Dao

 

Source: info-matin

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