La compagnie aérienne United Airlines a annoncé mardi avoir commandé 50 Airbus A321 XLR, un avion de capacité moyenne, afin de remplacer des Boeing vieillissants, infligeant ainsi un camouflet au constructeur aéronautique américain englué dans la crise du 737 MAX.
Ces avions, qui lui seront livrés à partir de 2024, vont remplacer sa flotte de Boeing 757-200 devant prochainement être retirés des programmes de vol, a précisé la compagnie américaine.
Cette commande est l’un des premiers revers commerciaux de la crise du Boeing 737 MAX, cloué au sol depuis mi-mars après deux tragédies ayant fait au total 346 morts.
Occupé à obtenir la levée d’interdiction de vol frappant le MAX, Boeing a pris du retard dans le développement d’un nouvel avion pour concurrencer Airbus dans le segment de milieu de marché — entre les moyen et les long-courriers — occupé par l’A321XLR.
Trou dans la ligne de produits Boeing
United s’est tourné vers Airbus parce que Boeing ne dispose pas d’avion dans le segment de milieu de marché, a assuré à l’AFP une source proche du dossier sous couvert d’anonymat.
“Boeing ne propose actuellement aucun avion pouvant remplacer le 757”, a dit cette source, ajoutant que des négociations entre Airbus et United ont démarré il y a “plusieurs mois”.
Boeing a dû repousser à l’an prochain une éventuelle annonce de lancement du NMA (New Model Aircraft), un avion censé remplacer les 757 et 767 sur le milieu du marché ou “Middle of Market” (MoM).
L’avionneur a présenté récemment à différentes compagnies aériennes, dont United, des dessins de cet aéronef d’une capacité de 200 à 270 sièges, ont indiqué à l’AFP des sources industrielles. Il vise toujours l’année 2025 comme date d’entrée en service.
“Nous regarderons de près cet appareil”, a déclaré mardi Andrew Nocella, le responsable commercial d’United, dont la flotte internationale est composée essentiellement de Boeing — 757, 767, 777 et 787 Dreamliner –.
Contacté par l’AFP, Boeing, distancé désormais par Airbus aussi bien en termes de commandes que de livraisons, n’a pas répondu dans l’immédiat.
L’A321XLR a été dévoilé en juin au salon du Bourget par Airbus. Il offre aux compagnies la possibilité d’ouvrir de nouvelles lignes long-courrier entre des villes secondaires avec un monocouloir, moins cher, plus facile à remplir et donc plus rentable.
United entend ainsi desservir des destinations européennes à partir de la cote-est, et notamment des aéroports de Newark, dans le New Jersey près de New York, et de Washington Dulles, la capitale fédérale.
L’A321XLR “va permettre à United d’explorer des destinations supplémentaires à desservir en Europe à partir de ses hubs de la cote est Newark/New York et Washington”, a expliqué la compagnie.
L’A321XLR peut parcourir jusqu’à 8.700 km en 9 heures, grâce à des réservoirs plus importants, soit bien davantage que le Boeing 737 MAX, dont United est une des clientes, avec 14 exemplaires avant son immobilisation au sol.
Le prix de la commande passée à Airbus n’a pas été publié mais elle s’élèverait à près de 6,5 milliards de dollars au prix catalogue, a dit à l’AFP la source proche du dossier, mais le prix final devrait être bien plus bas parce que les avionneurs accordent traditionnellement d’importantes remises à leurs clients.
Airbus a décidé de ne plus publier ses prix catalogue à partir de 2019. Mais L’A321XLR est la version à très long rayon d’action de l’A321, dont la valeur à l’unité était de 129,5 millions de dollars au prix catalogue 2018.
United a par ailleurs décidé mardi de reporter de cinq ans la réception de ses premiers avions long-courriers Airbus A350.
Le groupe, qui avait passé commande de 45 A350-900 (jusqu’à 325 sièges) en 2017, a précisé qu’il prévoyait désormais de se faire livrer ces long-courriers qu’à partir de 2027 au lieu de 2022 comme indiqué précédemment.
Le Point