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Union Nationale des Travailleurs du Mali: la contestation syndicale

La crise couve. Entre les autorités de transition et les forces vives du pays rien ne semble plus aller. La Transition que chacun avait souhaité apaisée et exemplaire semble susciter désormais toutes les inquiétudes. En cause ? La rupture entre le pouvoir militaire de Transition et les forces politiques et sociales. Les premiers dénoncent la caporalisation (la militarisation) de la Transition et la confiscation des aspirations légitimes au changement. Les seconds sont vent debout pour obliger l’Etat à tenir ses engagements.

 

Ce ne sont pas seulement les politiciens qui grognent. Les syndicats eux aussi sont sur le pied de guerre depuis déjà deux semaines. Aux enseignants du supérieur et administrateurs civils qui sont en grève illimitée, la plus grande centrale syndicale du Mali, l’UNTM entrera à partir de mercredi prochain dans la danse pour une grève générale de 72 heures.

La Transition sous les fourches caudines
Le gouvernement de Transition passe sous les fourches caudines des syndicats. Après la synergie syndicale des administrateurs et des agents de l’État, le Syndicat des professeurs de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, et les financiers de l’Éducation nationale, c’est au tour de l’Union nationale de travailleurs du Mali (UNTM) de rallier la contestation syndicale.
La Centrale syndicale exige l’exécution de tous les accords signés de 2014 à 2020. Faute de quoi, le bureau exécutif de l’UNTM engage tous les démembrements à observer une grève de soixante-douze (72) heures allant du mercredi 18 novembre au vendredi 20 novembre 2020 sur toute l’étendue du territoire national.
Si cette colère de la Bourse du travail est soutenue par des revendications légitimes, la dégradation brutale du climat social entre l’UNTM et le Gouvernement peut également s’expliquer par les discours musclés du Président de Transition contre les fossoyeurs des biens de l’État. Et les réponses du berger à la bergère du Patron de la Bourse de Travail, le secrétaire général de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), Yacouba KATILE qui plaide pour la justice sociale : « Notre exigence, comme partout dans le monde, est d’établir l’égalité de chances et de rémunération à travail de valeur égale à travers des grilles uniques par catégorie : Armée, Police, Gendarmerie, Juges, Chercheurs et Professeurs, Administrateurs civils, Ingénieurs, chacun se trouve dans une catégorie et ne doit pas gagner plus que ses semblables. C’est aussi une question de justice sociale ».
Interrogé sur les oukases de la Transition, le secrétaire général de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), Yacouba KATILE, a déploré le manque de considération des autorités de transition envers les forces vives et laborieuses du pays : « La Transition a échappé aux forces vives et laborieuses du pays. Président de la Transition, Premier ministre, Gouvernement sont installés sans que la société civile, l’UNTM et ses démembrements aient leur mot à placer. En tant que partenaire de développement pour le Mali, l’UNTM entendait apporter toute sa contribution pour la réussite de la Transition, et le lancement du Mali dans une trajectoire de paix, de développement ».

Non à la politique du fait accompli
En tant qu’acteur majeur de l’apaisement social qui conditionne tout dans notre pays, l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) dit non à la politique du fait accompli.
Et son secrétaire général Yacouba KATILE est très ferme sur le sujet : « Nous ne ferons plus comme par le passé. On ne laissera pas faire jusqu’à ce que tout se gâte. Nous arrêterons tout simplement de travailler, de produire jusqu’à ce que les mauvaises politiques, les mauvais dirigeants soient écartés », a prévenu KATILE.
Sur le Conseil national de la Transition (CNT), le secrétaire général de l’UNTM, pense que le CNT va faire des textes qui touchent à tous les secteurs où se trouvent les membres de l’UNTM. « Le passé politique, juridique et économique du pays consacre l’UNTM, le syndicat le plus représentatif du Mali. Nos activités le prouvent aisément. Nous revendiquons la présence des 13 secteurs de production, à la base de la structuration de notre centrale, dans les assises du CNT. Qu’importe le nombre de politiciens, de militaires, nous saurons rectifier toutes les embuches semées par les uns et les autres » !

Il s’agit, grosso modo, du règlement des droits des compressés et des partants volontaires à la retraite ; la reprise immédiate des travaux de relecture des conventions collectives suspendus au plus tard fin novembre 2020 ; l’octroi d’indemnités et de primes de spécialités par catégories à tous les fonctionnaires de façon équitable ; l’arrêt immédiat des activités de l’OCLEI ; la mise en place légale d’une équipe formée sur la base des textes ; l’intégration pour raison nationale et sans condition de tous les enseignants officiant dans 4 384 écoles communautaires, reparties sur toute l’étendue du territoire national…
La centrale demande aussi l’amélioration des grilles salariales à appliquer dans le secteur privé ; l’application des mesures pour la réduction de la cherté de vie non respectée par les marchands ; l’utilisation des passerelles entre la fonction publique et la fonction publique des collectivités ; la suspension immédiate des activités des bureaux de placements devenus des entreprises antisyndicales ; la relance du chemin de fer pour la nouvelle année 2021.
L’UNTM exige également l’arrêt immédiat des activités illégales de terrain de l’OCLEI et la mise en place légale d’une équipe formée sur les bases des textes ; l’intégration définitive des enseignants communautaires dans la fonction publique des collectivités…
Sur le sujet qui fâche, l’UNTM dans sa plateforme revendicative, dénonce ‘’le caractère anti-démocratique, et attentatoire aux droits et libertés de l’homme par l’OCLEI’’ et exige l’arrêt immédiat des ‘’activités illégales de terrain de l’OCLEI’’…

Un soutien inattendu de l’UNTM
La Coordination des comités syndicaux de la DAF, des DRH, des CPS et des DFM, dans un communiqué daté du 9 novembre, s’est désolidarisée du mot d’ordre de grève prévue par la plus grande centrale syndicale du Mali (UNTM), les 18, 19 et 20 novembre prochains. Si cette coordination a trouvé opportunes certaines des doléances de l’UNTM, elle a, par ailleurs, manifesté son incompréhension face à d’autres. Comme par exemple l’arrêt des activités de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI). Sur ce point la coordination des syndicaux de la DAF, des DRH, des CPS et des DFM trouve que la lutte contre la corruption est un devoir syndical. De ce fait, elle estime que le rôle des syndicats doit être plus que jamais de prêter main-forte à toutes les structures de contrôle et de vérification pour la déontologie, l’éthique ainsi que l’engagement auprès des militants.
Sur la question de large participation au Conseil National de Transition (CNT), la coordination des comités syndicaux de la DAF, DES DRH, des CPS et des DFM pense que c’est un devoir qui revient aux vrais acteurs du changement. Selon la coordination des comités syndicaux de la DAF, des DRH, des CPS et des DFM de la Primature et des départements ministériels, il y’a une incohérence dans la motivation de l’UNTM à partir en grève les 18, 19 et 20 novembre prochains. ‘’à la lumière de toutes ces incohérences constatées dans le préavis de grève de la centrale historique allant du 18, 19 et 20 novembre 2020, l’assemblée générale des comités syndicaux de la DAF, DRH, des CPS et des DFM de la primature et des départements ministériels a décidé de se désolidariser au mot d’ordre de grève et demande à ses militants de travailler normalement pendant les jours suscités’’.
Membre de la Coordination des comités syndicaux de la DAF, des DRH, des CPS et des DFM de la primature et des départements ministériels, le Comité Syndical de la Direction des Finances et du Matériel/CABINET-MEF dans un communiqué en date du 11 novembre dit s’inscrire dans la dynamique de la solidarité syndicale pour l’aboutissement des revendications communes à tous les travailleurs du Mali. Aussi, compte tenu de la pertinence et de la légitimité des revendications contenues dans le préavis de grève de l’UNTM, le Comité Syndical de la Direction des Finances et du Matériel/CABINET-MEF réaffirme son appartenance syndicale è l’UNTM, à travers ses comités syndicaux, la Section Syndicale de l’Économie et des Finances et le SYNTADE pour se désolidariser de la désolidarisation de la coordination.
Le Comité syndical dit se retrouver pleinement et entièrement dans les points de revendications contenus dans le préavis de grève de l’UNTM déposé soumis au Gouvernement et dit qu’il suivra le mot d’ordre de grève de l’UNTM des 18,19, et 20 novembre 2020.

PAR BERTIN DAKOUO

Source : INFO-MATIN

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