Que reproche le palais d’Antananarivo à l’ancien Président malgache Hery Rajaonarimampianina, qui caressait le rêve de présider la commission de l’Union africaine en février 2025 et qui marque la fin du second mandat de quatre ans du tchadien Moussa Faki Mahamat ? Alors que son nom commençait à faire le tour des chancelleries les plus influentes du continent et de l’Europe, à la faveur de canaux de discussions qui s’intensifiaient pour porter sa candidature au prestigieux et convoité poste de président de la commission de l’Union africaine, Hery Rajaonarimampianina est devenu subitement un » diplo » indésirable, voire infréquentable au palais d’Antananarivo. Selon des sources crédibles parvenues à Confidentiel Afrique, l’ex-président de Madagascar de 2014 à 2018, Hery Rajaonarimampianina n’est plus dans les plans du Président Rajoelina depuis trois semaines, pour le parrainer au poste de futur patron de la commission de l’Union africaine. Une bataille d’ego sur fond de fortes ambitions politiques semble précipiter la ligne de friction, attisée par des ultra-caciques du parti présidentiel.
Rajoelina coupe le fil d’avec Hery Rajaonarimampianina pour les beaux yeux d’une poignée d’ultra -caciques du pouvoir
Andry RajoelinaHery Rajaonarimampianina
Selon des informations de Confidentiel Afrique, l’homme fort d’Antananarivo ne prend plus au téléphone depuis bientôt trois semaines l’ancien Président Hery Rajaonarimampianina, lequel s’en est plaint d’ailleurs auprès de certains conseillers et proches de Rajoelina. » Sa candidature était bien dans les tuyaux et un comité restreint devait s’occuper de ce dossier le plus rapidement possible pour lancer la machine du parrainage » glisse une source autorisée contactée par Confidentiel Afrique. Hery Rajaonarimampianina tenait pourtant les cartes en main, avec un profil de l’emploi sans anicroches et plébiscité par les acteurs politiques malgaches aussi bien de l’opposition que du pouvoir. Son parrainage ne souffrait d’aucune légitimité même jusqu’au premier cercle présidentiel. Mais, subitement, les tractations en mode mercato sur l’axe Paris où vit régulièrement l’ancien président et Antananarivo sont au froid. Au prix d’une petite déprime qui s’est emparée chez quelques proches de l’entourage immédiat de Hery, qui ne comprennent pas toujours les raisons de cette volte-face qui suscite beaucoup d’interrogations et alimente un surgissement soudain d’une ligne de friction via procuration en coulisses. Difficile à cerner, pour l’instant. Les chances de l’ex- président malgache Hery Rajaonarimampianina s’amenuisent, puisque les processus d’enregistrements des dossiers de candidatures des pays sont entamés au niveau de l’Union africaine. Madagascar devait, sans difficulté, pouvoir compter sur le soutien diplomatique de deux poids lourds de la région comme les Comores et l’Ile Maurice, afin d’asseoir le leadership de cette partie névralgique de l’Afrique orientale. Peine perdue, donc. Les tuyaux bien connectés sont foirés. Rajoelina semble tourner la page d’Hery Rajaonarimampianina. Un gàchis inouï ! La candidature de l’ex-président malgache allait être une belle moisson du leadership diplomatique de la toute la région. Selon des sources bien informées parvenues à Confidentiel Afrique, Rajoelina a coupé le fil d’avec Hery depuis trois semaines, du fait de la forte pression exercée sur lui par des ultra-caciques du parti au pouvoir, qui entendent freiner son retour en force dans le jeu politique malgache avec en prime la machine de guerre de l’Union africaine qui serait entre ses mains. Un véritable rétropédalage contrarié du reste, qui, à l’évidence, fait ni chaud, ni froid à l’homme fort d’Antananarivo. Il compte assumer sa posture de ne pas soutenir et de parrainer son ancien ministre des Finances, même au prix d’en découdre avec les voix dissidentes du landerneau politique local. Comme l’avait annoncé en exclusivité Confidentiel Afrique il y’a quelques jours, la bataille autour du fauteuil de la présidence de la Commission de l’Union africaine sera rude, pour succéder au tchadien Moussa Faki Mahamat qui termine son second et dernier mandat de quatre ans à la tête de cette prestigieuse structure en février 2025. La présidence tournante reviendrait ainsi à cette date à la région orientale. Alors que tout souriait à l’ex-président malgache Hery Rajaonarimampianina, qui avait pris une longueur d’avance, pour s’adjuger ce poste si convoité, voilà que Rajoelina envoie son uppercut et le met hors course. Certains candidats en embuscade, comme l’ancien Premier ministre du Kenya Raila Odinga, 79 ans et l’ex- chef de l’État de la Tanzanie, Jakaya Kikwete, se faisant lui plus discret, tissant sa toile, lorgnent aussi la présidence de la Commission de l’Union africaine. Presque pas ou peu de chances de voir caresser leurs rêves de succéder au Tchadien Moussa Faki Mahamat.
Djibouti met en selle son candidat, le mandarin Mahamoud Ali Youssouf
En »grillant » les cartes d’Hery Rajaonarimampianina, le Président Rajoelina ouvre un boulevard à un autre géant de la Corne de l’Afrique, Djibouti. Dans cette course vers le 18ème étage de la Tour d’Addis- Abeba, Djibouti a sorti le grand jeu, en mettant en selle son »puissant » Sherpa en Chef de la diplomatie, Mahamoud Ali Youssouf (59 ans). Ce dernier, un » initié aux bons codes », y officie en mandarin depuis une décennie. Il joue son va-tout. L’État Djiboutien vient de présenter sa candidature, a appris ce mardi 9 avril Confidentiel Afrique, pour briguer le fauteuil du président sortant, Moussa Faki Mahamat. Le chef d’orchestre du lobbying diplomatique international est le Président Ismail Omar GUELLEH. Selon des informations de Confidentiel Afrique, les Présidents Rajoelina et Omar GUELLEH devraient se parler courant de la semaine pour un soutien à la candidature du ministre Djiboutien des affaires étrangères, suite au non parrainage de l’ancien président malgache Hery Rajaonarimampianina par Rajoelina qui brise ainsi le rêve d’un des diplomates les plus chevronnés de la Grande Ile.
Par Ismael AÏDARA (Confidentiel Afrique)