C’est dans une très grande euphorie et dans l’espoir de voir les différentes crises que traversent le Mali, connaitre leur épilogue, qu’une écrasante majorité des maliens avait accueilli la nouvelle de la chute du régime IBK après près de deux ans de lutte acharnée menée par le M5 RFP.
Le départ du régime IBK avait été applaudi dans le but d’opérer les changements escomptés par le peuple et pour qu’il y ait plus de vertu dans la gouvernance du pays. En effet, cinq ans après cette liesse populaire, la lueur d’espoir est sur le point de s’estomper au grand dam du peuple. La bonne gouvernance qui aurait dû caractériser la gestion des affaires est devenue une illusion. L’amélioration des conditions de vie des citoyens tant désirée est en train de produire l’effet contraire, car le peuple broie du noir, pire il porte sur ses épaules un énorme fardeau celui de l’extrême pauvreté. Les causes profondes étant connues, quelles pourraient être les solutions envisageables pour résoudre les différentes crises ? Les autorités de la transition ont- elles la volonté de sortir le Mali de cette situation ?
En effet, après cinq ans de gouvernance, non seulement les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs, mais aussi et surtout les crises qui ont été la cause principale du soulèvement populaire se sont exacerbées laissant pantois le résilient peuple malien, qui ne sait plus à quel saint se vouer. A-t-on besoin de rappeler aujourd’hui que le Mali traverse une série de crises : Crise économique, crise financière, crise diplomatique, crise sociopolitique, crise sécuritaire, la liste est loin d’être exhaustive. Toutes ces crises trouvent leur explication dans l’interminable période transitoire. Il ne fait l’ombre d’aucun doute que les crises se sont véritablement exacerbées à cause d’une longue durée de la transition ce qui a engendré une crise de confiance entre gouvernés et gouvernants et une méfiance des investisseurs. Cette crise de confiance semble désormais s’inviter dans tous les débats. Il est très rare aujourd’hui de trouver un superlatif approprié pour décrire, voire qualifier la gravissime situation dans laquelle le Mali est plongé. Tous les secteurs sont en ébullition, l’éducation, la santé, les finances, l’économie, la diplomatie, la sécurité, jamais notre pays ne s’est retrouvé dans un imbroglio à la fois indescriptible et épouvantable que sous la transition.
Les causes profondes étant connues, quelles pourraient être les solutions envisageables pour résoudre les différentes crises ?
Si les causes lointaines sont liées à la crise institutionnelle, consécutive au coup d’Etat, les causes immédiates sont celles qui sont liées au statu quo ante dans lequel les autorités ont bien voulu maintenir le pays. Sinon comment comprendre qu’après cinq ans de transition, qu’elles ne soient pas dans les bonnes prédispositions à sortir de la transition pour signer le retour à l’ordre constitutionnel, gage d’une certaine normalité diplomatique avec les pays qui n’entendent pas collaborer avec ceux qui sont en rupture constitutionnelle. Donc la première solution pour résoudre les différentes crises, serait le retour à l’ordre constitutionnel. Viendraient les autres solutions, celles-ci ne pourraient être envisagées que par un gouvernement légitime et légal, celui qui a la caution du peuple. Ce gouvernement serait sans nul doute un autre gouvernement de transition, celui qui cherchera à réparer toutes les erreurs commises par le précédent. Il aura trois priorités, la première serait de rapprocher sur le plan diplomatique le Mali de tous les pays du monde en général et ceux qui sont les plus proches en particulier. La deuxième, priorité serait de réintégrer toutes les organisations dont le Mali s’est retiré, à commencer par la CEDEAO. La troisième priorité serait de donner une lueur d’espoir au peuple malien en apportant une thérapie de choc à la crise socio sécuritaire. Cette période transitoire pourrait durer deux ans, c’est après cette phase qu’il faut planifier des véritables stratégies de développement en prônant au prime abord la bonne gouvernance, à travers une lutte implacable contre la corruption et en réformant la justice . Ces deux actions seront des garanties auxquelles les grands investisseurs restent accrochés avant de décider de venir investir dans le pays. La mobilisation des fonds se fera sur la base de la crédibilité des institutions, de la qualité de la gouvernance et surtout de l’aura des autorités sur la scène internationale.
Les autorités de la transition ont- elles la volonté de sortir le Mali de cette situation ?
La question mérite d’être posée, surtout quand on sait qu’il n y a aucun signe tangible qui prouve le contraire. Le Gouvernement transitoire du Mali, en lançant les concertations nationales afin que les forces vives de la nation se prononcent sur le modèle de démocratie que nous voulons au Mali suscite déjà un grand tollé, car les leaders des partis politiques dans leur écrasante majorité rejettent ces concertations dont le but ultime serait la dissolution des partis politiques. Ils soupçonnent le gouvernement d’ourdir un complot contre les partis politiques, dont le sort serait scellé lors des concertations nationales. Pour rappel les concertations locales ont dans leur grande majorité adopté deux grandes recommandations, celle relative à la dissolution pure et simple des partis politiques et la deuxième recommandation est relative à la suppression et du financement public des partis politiques et de la suppression du chef de file de l’opposition. Donc un nouveau bras de fer en perspective entre le gouvernement et la classe politique, ce qui n’augure rien de bon pour un pays en proie à des multiples crises. Ce sont ces éléments d’appréciation qui nous fondent à dire que les autorités n’ont pas la volonté de sortir le Mali de cette crise multidimensionnelle aux conséquences gravissimes. Mais comme dirait cet adage bien connu, qui sème le vent récoltera inexorablement la tempête.
Youssouf Sissoko