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Une pratique de plus en plus dévoyée

“DJELIYA” OU STATUT DE GRIOT

Une pratique de plus en plus dévoyée

Dans la culture malienne, les baptêmes, mariages ou fiançailles sont des événements importants magnifiés et animés par les griots «Djeli». Considérés autrefois comme les maîtres de la parole, les détenteurs de l’histoire et les dépositaires des secrets de nos sociétés, les griots (actuellement) se servent de leur titre pour obtenir de l’argent de manière parfois dévoyée. Jour après jour, ce corps social héréditaire tend de plus en plus vers une nouvelle forme inconvenante qui ne dit pas son nom.

 

Communément appelés «djeli» au Mali, les griots sont des hommes de caste dotés d’un savoir-parler hors pair. À la base, ils sont considérés comme les maîtres de la parole, médiateurs des conflits sociaux ou encore détenteurs de l’histoire. Force est de constater aujourd’hui que le statut de griot, véritable institution sociale, est à présent une richesse culturelle menacée par le pouvoir de l’argent. Cet état de fait s’explique par une inondation de la société par des pseudos griots. Sans être invités, ils débarquent, selon leurs volontés, à des mariages ou baptêmes pour avoir des liasses d’argent. Triste réalité, certains vont jusqu’à recueillir des informations auprès des invités pour pouvoir faire l’éloge des mariés ou des invités. Eh oui ! l’art du griot au Mali est aujourd’hui devenu une pratique sans scrupules mais surtout un business assez rentable.

Soucieuse de la conservation et de la promotion des valeurs culturelles, Djessou Kouyaté, griotte de son état, soutient qu’il est fort difficile de discerner les vrais griots des faux. Car, regrette-t-elle, le «djeliya» est devenu une fonction libérale. « N’est pas griot qui veut… Le statut de griot est une culture qui s’hérite et s’assimile selon des codes traditionnels bien établis », spécifie-t-elle.

C’est au cours d’une cérémonie de mariage à Kabalabougou, que nous avons rencontré la griotte Saliba. Elle aussi déplore la nouvelle pratique du “djeliya”. « Les jeunes griots n’ont pas grande connaissance du statut spécial du griot. Autrefois, chaque famille avait un griot dédié qui se chargeait des affaires familiales. On ne se levait pas un beau matin pour devenir griot », fait-elle comprendre.   Un autre point souligné par la sexagénaire est l’extravagance dont les femmes font preuve lors des cérémonies. « La distribution abusive de l’argent par les femmes, durant les cérémonies, est d’une part responsable de cette situation. Dès lors, tous les griots sont tentés de dire du n’importe quoi pour se remplir les poches… et c’est regrettable de voir à quel point le statut de griot perd de sa valeur ». Selon Saliba, le statut de griot est indispensable dans la culture malienne. Car, explique-t-elle, c’est le griot qui pimente les cérémonies traditionnelles avec des paroles élogieuses, évoquant nos valeurs, nos traditions, le sens de la vie…

En effet, Saliba n’est pas la seule à déplorer la dévalorisation du statut qui faisait des griots des Hommes de caste au rôle primordial. Romaric Dakouo, étudiant, de son côté, remarque que les griots se multiplient de jour en jour. « Les gens ont tendance à considérer les griots comme une classe marginalisée. Or, c’est la pratique qui fait défaut. Les griots, de nos jours, sont plutôt des adeptes de l’argent facile », constate le jeune homme.

Siguéta Salimata Dembélé

Source: Les Échos- Mali

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