“L’enlèvement a eu lieu vers 21 heures (20 heures GMT). Selon les témoignages des habitants, les assaillants étaient environ huit et sont venus en moto. Ils ont enlevé le prêtre à son domicile situé en face de son église”, a déclaré Thomas Codjovi, chargé de la communication de la mission catholique au Niger, citant des sources locales du village de Bamoanga (Bien: Bamoanga).
“Ils ont d’abord cassé (la porte de) sa maison avant de l’extraire et de partir avec lui sur une de leurs motos et ont piqué droit vers la frontière du Burkina Faso. Il y avait également des soeurs mais c’est lui seul qu’ils ont enlevé”, a précisé M. Codjovi
“Dix minutes après, ils sont revenus pour tirer en l’air, manifestement pour intimider les populations”, a-t-il ajouté.
Zones à risques
La Société des missions africaines (SMA), dont dépend le prêtre, a confirmé l’enlèvement sur sa page Facebook soulignant être “en contact constant avec la cellule de crise du ministère italien des Affaires étrangères. Il n’y a pas de revendication de la part des auteurs de l’enlèvement pour l’instant”.
Les forces de sécurité nigériennes se sont déployés pour ratisser le secteur.
Le Niger, pays très pauvre, est en proie à des attaques jihadistes récurrentes notamment dans le sud-ouest, proche du Mali.
En avril, un humanitaire allemand avait été enlevé dans la même région de Tillaberi. En octobre 2016, un humanitaire américain a été enlevé plus au nord. Ces otages dont on est toujours sans nouvelles ont été emmenés au Nord-Mali, selon des sources sécuritaires.
“Toute la bande ouest et nord de Niamey sont des endroits à risques. Ce serait un vrai suicide pour des Occidentaux de s’y aventurer, personne ne peut garantir leur sécurité”, a déclaré à l’AFP Mohamed Ouagaya, ex-militaire nigérien et actuel conseiller en sécurité du président du Parlement nigérien.
“Pour se déplacer, il faut donc nécessairement avoir une escorte sécuritaire, et pour s’y établir, il faut impérativement solliciter une protection des autorités”, a-t-il précisé.
“Raison pour laquelle, les expatriés autrefois fortement présents sur ce terrain, se sont plutôt concentrés ces dernières années dans la seule capitale, Niamey, mieux sécurisée”, a-t-il dit.
Les chancelleries occidentales déconseillent fortement de long séjours dans les zones frontalières.
Toute la frontière nigéro-malienne est classée zone rouge par le ministère français des Affaires étrangères et le reste du pays est classé orange.
1 à 2% de Chrétiens
Le village où le prêtre italien a été enlevé se trouve dans une zone proche de la frontière du Burkina où la situation s’est considérablement dégradée ces derniers mois. Une double attaque a notamment fait au moins 9 morts le week-end dernier dans le sud-est du Burkina.
Le village se trouve aussi à proximité du Parc du W qui est situé à cheval sur les frontières Niger-Burkina-Benin désormais considérées comme une zone à hauts risques.
Pays majoritairement musulman, le Niger compte 1 à 2% de chrétiens sur une population de 20 millions d’habitants.
Le département de Torodi où se trouve le village du prêtre italien est un des secteurs où on trouve la plus grande concentration de chrétiens dans le pays.
La cohabitation avec les musulmans se passe habituellement sans problème. L’archevêque de Niamey, Laurent Lompo, premier archevêque nigérien est originaire de Torodi.
Après la publication de caricatures du prophète Mahomet par Charlie Hebdo en France en 2015, des émeutes anti-chrétiennes à Niamey ont fait dix morts et causé la destruction de la plupart des églises.
Avec AFP
VOA Afrique