C’était un samedi après-midi de ce mois de juin. L’homme enjoué de son vieux visage mais bien tiré dans son ensemble est arrivé en toute discrétion. Avec sa taille de Basketteur, il a pris soin de bien immobiliser sa voiture dans un coin caché situé à quelques encablures de l’Hôtel « Le R… ».C’est dans la chambre de cet Hôtel de la capitale Bamako qu’il a oublié après le soulagement au pas de course son portefeuille contenant la recette de la journée.
Il venait maintenant aux pas d’un diarrhéique. Ici, c’est le vrai coin des filles. Arrivé, l’homme croise du regard une ribambelle de jeunes filles. Et celle qui se tenait tout près de lui savait ce que le vieux voulait. La fille est rentrée dans la chambre et il la suivit automatiquement. « C’est combien ? », lui a demandé l’homme. Le marché est conclu. Et il sortit une somme importante de la grande poche de son ample boubou, puis paya et se mit à se dévêtir.
Au moment où le boubou passait par-dessus la tête, son portefeuille est tombé au pied du lit sans qu’il se soit rendu compte. Mais la fille l’avait bien vu. Et par une finesse digne des princesses du Sahel, elle poussa le portefeuille sous le lit, à l’abri du regard du vieux « débatteur » Son travail accompli dans un temps qui bat toutes les performances athlétiques, il s’en alla en toute vitesse comme au rythme d’arrivée.
C’est devant la porte de sa concession que l’homme se rendit compte qu’il n’avait plus son portefeuille contenant la recette de sa journée et qu’il avait à estimer. Autant dire que la journée a été excellente. Une recette qui devait servir à l’entretien de sa voiture, à soigner sa première épouse qui était à l’hôpital aux prix de condiments, de thé et de cigarettes. Mais malheureusement qui restera sous le lit d’une fille de mauvaise vie.
Pas question pour l’homme de jeter le pavé dans la mare. Il a rebroussé chemin pour aller à la recherche de son portefeuille. C’était comme le médecin après la mort. La fille n’étant pas sur place. Elle aurait dit à ses camarades qu’elle venait de recevoir un coup de fil urgent pour qu’elle rentre au pays. Mensonge ou vérité, peu importe ! La fille de joie demeure jusqu’à aujourd’hui introuvable et le portefeuille malgré la perquisition opérée par les professionnels du métier est resté, lui aussi, introuvable.
C’est bien fait en tout cas pour ce vieux démon qui pénètre dans ce milieu avec toute sa fortune alors qu’il avait des besoins fondamentaux à résoudre. Désormais, ce n’est plus le portefeuille qui fera l’objet d’un oubli, mais autre chose de bien plus vital.
Le GRAND