Célèbre prédicateur saoudien, accusé d’avoir violé et torturé à mort sa fille de cinq ans, Fayhan al-Ghamdi a finalement été relâché après avoir accepté de payer une simple amende.
Lama, sa fille, était décédée en octobre dernier. Elle souffrait de multiples blessures et d’un traumatisme crânien, tandis que plusieurs de ses côtes étaient brisées. Son bras gauche était cassé et son corps présentait des bleus, des brûlures et des traces de coups. La fillette aurait également été violée et brûlée à de nombreuses reprises. Son père Fayhan, prêcheur charismatique qui intervient régulièrement à la télévision saoudienne, n’a passé que quelques mois en prison après avoir admis devant la justice s’être servi d’une canne et de fils électriques pour infliger des blessures à sa fille.
Selon les militantes du mouvement Women to Drive, qui ont bravé l’interdiction faite aux femmes de conduire dans le royaume saoudien le 17 juin 2011, l’imam, qui doutait de la virginité de sa fille, l’aurait emmenée voir un médecin. Selon une travailleuse sociale qui a pu examiner Lama à l’hôpital où elle a été admise, le dos de la fillette était brisé et elle avait visiblement été victime de viol. Fayhan a pu échapper à la peine capitale et à la prison à vie en versant, selon la formule consacrée, « le prix du sang » – une compensation accordée au plus proche parent de la victime selon la loi islamique. Un juge a estimé que les quelques mois passés en prison depuis le mois de novembre constituait une punition suffisante pour l’imam : Fayhan al-Ghamdi s’est donc simplement acquitté de la somme de 50.000 dollars (36.000 euros environ), reversée à la mère de Lama, séparée de son époux. Le montant fixé par la loi est moitié moindre que celui prévu si Lama avait été un garçon.
Selon des militants des droits de l’homme, en Arabie saoudite, un homme qui aurait assassiné sa femme ou ses enfants n’est pas passible de la peine de mort, en conformité avec la loi islamique. Trois activistes, dont Manal al-Sharif, l’une des Saoudiennes à l’origine de Women to Drive, se sont insurgés contre la décision de justice. Et l’affaire est en train de prendre de l’ampleur sur les réseaux sociaux, notamment Twitter sur lequel une campagne pour demander une meilleure protection des enfants a été lancée sous le hashtag (mot-clé) Ana Lama (« je suis Lama »). Pour tenter de calmer l’indignation grandissante, les autorités saoudiennes ont lancé une hotline – un centre d’appels – qui permet aux simples citoyens d’appeler pendant 24 heures pour dénoncer les agressions sexuelles sur les mineurs.
Dans une interview réalisée l’an dernier sur la chaîne de télévision islamique Al Majd TV, un cheikh saoudien, Abdullah Daoud, expliquait que les petites filles, encore bébés, devraient porter le voile intégral. Cette décision permettrait selon lui de protéger les fillettes des abus sexuels, très répandus dans le royaume saoudien selon le religieux, qui ne cite cependant aucune source médicale ou judiciaire.