Une personnalité politique bien connue à Djibouti se retrouve derrière les barreaux. Bolock Mohamed Abdou, membre du parti Frud qui appartient à la majorité, et membre de la Ligue djiboutienne des droits de l’homme, a été arrêté dimanche 25 février par le Service de documentation et de sécurité. Il est accusé de diffamation par le Premier ministre.
C’est la quatrième fois que Bolock Mohamed Abdou est arrêté en moins d’un an. La Ligue djiboutienne des droits humains dénonce un acharnement destiné à bâillonner toute voix discordante.
Membre du parti Frud et donc de la majorité présidentielle, Bolock Mohamed Abdou est néanmoins connu pour ses écrits au vitriol contre son propre camp. Le dernier, posté samedi sur Facebook, vise notamment le Premier ministre, originaire comme lui de la région d’Obock.
Bolock Mohamed Abdou écrit que le chef du gouvernement a humilié les Obockois, privé des communautés de représentation, éliminé des cadres obockois de l’administration.
Selon une bonne source, le Premier ministre Abdoulkader Kamil a alors porté plainte pour diffamation. Bolock Mohamed Abdou a été interpellé puis incarcéré à Gabode, la prison centrale. Il doit être entendu aujourd’hui par un juge, confirme cette source.
Son frère, Adan Mohamed Abdou, est quant à lui un des leaders de l’opposition. « L’arbitraire continue. Cela illustre une dérive autoritaire et nous exigeons sa libération », dit-il.
Le président du parti Frud a tenté de négocier avec les autorités. Sans succès pour l’instant. « Il a un franc-parler que les gens n’apprécient pas toujours. Ses écrits sont sévères avec le Premier ministre. Mais cela ne mérite pas qu’on l’emprisonne », estime Mohamed Ali Daoud.
Mais une bonne source offre une autre lecture de l’affaire. Celle d’une rivalité ethnique. Les deux protagonistes viennent de la même tribu mais de deux factions différentes, qui ne sont pas au même niveau hiérarchique.
RFI