Si un président de bureau de vote a été tué par des djihadistes et que des violences ont entaché le scrutin, le bilan sécurité du second tour de la présidentielle est meilleur que celui du 29 juillet.
Au Mali, ce dimanche 12 août marquait le second tour de l’élection présidentielle. Les Maliens ont donc voté pour départager les deux grands rivaux, le président sortant Ibrahim Boubakar Kéita et le chef de fil de l’opposition Soumaila Cissé. Le principal enjeu de ce scrutin était la question sécuritaire et cet enjeu restera essentiel pour le futur président.
Malgré le dispositif sécuritaire renforcé dans tout le pays, surtout dans le centre et le nord, cette journée électorale aura été marquée à nouveau par des violences. La plus déplorable est celle qui a eu lieu au sud de Tombouctou et qui a coûté la vie au président d’un bureau de vote dans le cercle de Niafunké, localité d’Arkodia. L’homme a été abattu par balles par des djihadistes présumés venus “interdire le vote“. Ces derniers ont également molesté les quatre assesseurs avant de brûler le bureau de vote.
De nombreux bureaux n’ont pas pu ouvrir suite à la menace sécuritaire. Ils étaient 490 bureaux sur 23.000 selon le gouvernement. C’est moitié moins qu’il y a quinze jours. Dans le cercle de Mopti, par exemple, les opérations de vote ont été suspendues dans plusieurs centres et les agents électoraux renvoyés par des hommes armés.
Il faut noter aussi le matériel volé et brulé la veille de l’élection, toujours par des hommes armés qui a empêché le déroulement du vote dans plusieurs bureaux dans le cercle de Diré.
“Réelle avancée” pour le Mali
Mais le directeur de la direction de l’Information et des relations publiques des armées constate que ces incidents sont mineurs par rapport à ce qui a été enregistré lors du premier tour, même s’il faut déplorer une victime. “Partout où les Fama étaient présents il n’y a pas eu de souci”, assure le colonel Diarran Koné. Et de répondre aux critiques. “Vous conviendrez qu’on ne peut pas, même dans les pays les plus nantis, mettre un militaire ou une troupe militaire dans chaque village ou bien bureau de vote. Même dans les pays les plus développés la sécurité zéro n’existe pas”. Il se félicite du bilan de ce second tour.
Et d’ailleurs le constat général fait par d’autres observateurs est aussi à l’amélioration. Le déploiement de 6.000 hommes supplémentaires sur l’ensemble du territoire, soit donc au total 36.000 hommes, a dû contraindre les terroristes à battre quelque peu retraite. Mais pour Abdourahamane Coulibaly, consultant spécialiste des questions électorales, il faut maintenir le cap. “Le Mali est un sous-continent, un grand pays”, explique-t-il. Pour lui on peut parler de “réelle avancée”, même s’il insiste sur la guerre “non conventionnelle” que livrent les djihadistes et qui justifie de maintenir un niveau haut de sécurité.
La sécurisation du reste du processus fait aussi partie de ces efforts évoqués par Abdourahamane Coulibaly. À noter que le jour du vote, six membres de l’équipe de communication du candidat de l’opposition Soumaïla Cissé – parmi eux quatre Français – ont été arretés. Certains ont été placés en garde à vue et d’autres relâchés.
Deutsche Welle