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Ultimatum de la CEDEAO : Les militaires maliens dos au mur

Entre la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la junte militaire qui a déposé le président Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK), le 18 août dernier, au Mali, l’heure semble au « je t’aime moi non plus », par rapport à la Transition.

 

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) va-t-elle alléger son régime de sanctions prises contre le Mali au lendemain du coup d’État du 18 août 2020 ou au contraire les durcir ? Telle est l’alternative qui se posait ce matin du lundi 7 septembre à l’ouverture de son sommet à Niamey.

Ceux qui s’attendaient à un fléchissement de la position de l’organisation sous-régionale, après le bon de sortie accordé à l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta pour se soigner à Abou Dabi et l’ouverture de la concertation des forces vives de la Nation sur le modus operandi de laTransition, en ont été pour leurs frais.

La CEDEAO ne lâche pas prise au Mali

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la CEDEAO ne lâche pas prise au Mali où la situation sociopolitique reste toujours l’une des préoccupations majeures du moment. Et au sommet de Niamey, non seulement elle a maintenu les sanctions contre les putschistes. Autant dire que la junte militaire est désormais dos au mur. Elle qui semblait vouloir se donner du temps dans la mise en place de la transition. Tout porte donc à croire que la stratégie de la CEDEAO est de maintenir la pression, et de continuer à observer.

En bloc, la CEDEAO reste sur son siège de fer en maintenant ses oukases antérieurs : « suspension du Mali de ses instances, fermeture de toutes les frontières avec le pays, arrêt de tous les flux de transactions économiques, commerciales et financières ». Elle exige surtout qu’un président et un Premier ministre, tous civils, soient nommés d’ici au 15 septembre, délai de rigueur.

Mahamadou Issoufou et ses homologues bandent donc les muscles en lançant cet ultimatum au Comité national pour le salut du peuple (CNSP).

Devant cette menace, le colonel Assimi Goïta et ses frères d’armes vont-ils battre en retraite, la queue entre les jambes, ou vont-ils s’engager dans une opposition frontale avec le syndicat des chefs d’État de la sous-région ainsi qu’on caricature souvent la CEDEAO ?

Une partie d’échecs entre la junte au Mali et la CEDEAO

 Les militaires qui ont pris le pouvoir à Bamako, on le sait, souhaitent une transition présidée par un des leurs avec un gouvernement essentiellement composé de soldats pour une durée de trois ans, ramenée ensuite à deux ans sous les pressions multiformes. Des sujets brûlants que la concertation nationale devrait trancher.

Même si la junte est soutenue par une bonne partie de l’opinion malienne, qui n’a pas une haute estime de la CEDEAO, se lancer dans un bras de fer peut s’avérer périlleux, dans la mesure où l’impact des sanctions se ressent déjà sur certains secteurs d’activité comme l’élevage.

Et le Mali, déjà empêtré dans le bourbier sécuritaire et la crise sanitaire liée au coronavirus, ne peut se payer le luxe de voir son économie davantage asphyxiée. Mais cette menace sera-t-elle suffisante pour faire rendre gorge à la soldatesque ?

L’autre question qui se pose est de savoir ce que pourrait bien faire ou dire la CEDEAO si, à l’issue du conclave qui se tient sur les bords du Djoliba, un consensus se dégageait entre les différents protagonistes sur un président militaire avec un chef de gouvernement civil.

Les politiciens, toutes tendances confondues, ne sont-ils  pas d’ailleurs tous, à des degrés divers, comptables de la chienlit sociopolitique dans laquelle le pays est aujourd’hui installé à telle enseigne que trouver cet oiseau rare, immaculé et au-dessus de tout soupçon comme la femme de César, relève aujourd’hui d’une véritable gageure ?

En fait, Niamey n’est qu’une étape dans ce qui apparaît comme une partie d’échecs  entre la junte au Mali et l’institution sous-régionale visiblement décidée à se faire respecter. Autant dire que  les tombeurs d’IBK doivent montrer bien plus que ces premiers signes de bonne volonté, s’ils veulent avoir la confiance de l’institution sous-régionale. C’est pourquoi les concertations nationales à venir en fin de semaine entre acteurs maliens et censées poser les jalons des contours de la transition à travers, entre autres, la définition de ses organes, sa durée, la répartition des postes entre ses acteurs, revêtent, d’ores et déjà, une importance capitale. 

En tout état de cause, en renvoyant la balle à la junte en lui demandant « d’aider la CEDEAO à aider le Mali », l’institution sous-régionale semble vouloir mettre une couche de pression sans y paraître, en lui faisant porter en filigrane la responsabilité des sanctions qui pèsent sur le pays. Que va faire maintenant la junte ? On attend de voir.

Jean Pierre James

Nouveau Réveil

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