Les relations commerciales de la Tunisie avec l’Afrique connaissent, ces dernières années, une dynamique encourageante animée par la conscience grandissante de la nécessité de matérialiser les orientations politiques en des actions concrètes. Ces orientations sont en réalité une obligation et non un choix. L’Afrique occupe une place de choix dans cette orientation.
L’orientation vers l’Afrique est aussi animée par la volonté de concrétiser une ambition commune entre les peuples africains de créer leur propre espace économique, où la liberté de circulation des biens et des services engendrerait une croissance inclusive et équitable génératrice d’emplois pour les jeunes du continent.
La Tunisie a déployé des efforts considérables, depuis le début de l’année 2016, pour rejoindre le Marché commun de l’Afrique australe et orientale qui a été concrétisé par l’adoption de la décision de son adhésion à cet espace économique régional. Elle a pris part aussi aux négociations de plusieurs accords commerciaux préférentiels avec le groupement économique africain.
Des mesures importantes en faveur du développement des échanges commerciaux avec les pays africains ont été annoncées à l’occasion de la première réunion du Conseil supérieur de l’exportation, dont l’augmentation du budget du Fonds de promotion des exportations dans les limites de 40 MD en 2018, 80 MD en 2019 et 100 MD en 2020, la mise à disposition de crédits immédiats aux alentours de 15 MD pour régler toutes les questions en suspens au niveau du Fonds de promotion des exportations.
Il s’agit, également, de renforcer les privilèges pour le soutien des exportations sur le marché africain, à travers une prise en charge de 70% des frais pour l’exploration des marchés (frais de transport et d’hébergement), 60% des frais de transport aérien des marchandises et 50% pour le transport maritime.
Les mesures concernent, également, la prise en charge par l’Etat de 50% de la garantie à l’exportation par l’intermédiaire de la Compagnie tunisienne d’assurance du commerce extérieur (Cotunace) pour les exportations vers le Marché africain, et la révision des mécanismes d’intervention du Fonds de garantie des exportations. A celles-ci s’ajoute l’accès à des facilités nécessaires en matière d’assurance, de financement et de change au profit des entreprises nationales qui remportent des appels d’offres importants dans les pays africains.
Difficultés d’accès au financement
Face à cette volonté de dynamiser la coopération tuniso-africaine, il y a plusieurs défis qui restent encore à relever. Parmi ces défis figure la thématique du financement, qui montre clairement les préoccupations soulevées par les exportateurs et les partenaires de développement. Des entreprises enquêtées dans le cadre d’un projet piloté par le ministère du Commerce en partenariat avec le GIZ ont souligné les principales entraves au développement des échanges avec les pays de l’Afrique subsaharienne, dont la rigidité administrative, l’absence d’une infrastructure adéquate de transport et de la logistique, le manque d’information sur les marchés et les difficultés d’accès au financement.
Si pour les entreprises opérant dans le domaine des services, le facteur accès au financement vient en 6e position, en termes d’impact sur le ralentissement des activités de ces entreprises sur le Marché africain, ce facteur grimpe à la 3e place pour les entreprises des secteurs industriels. D’un autre côté, selon les données de la BAD, publiées en septembre 2017, les banques appuient environ un tiers de l’ensemble du commerce en Afrique. Seulement 20% de cette part étaient consacrés au commerce intra-africain.En 2014, le taux de défaillance estimé par les opérations de financement d’activités commerciales était de 5% et de 12% pour l’ensemble des catégories d’actifs bancaires.
D’un autre côté, les PME ne représentent que 28% du portefeuille total des banques pour le financement d’activités commerciales. Cette part relativement faible peut être attribuée à une perception plus élevée des risques associés à cette clientèle. Le taux de défaillance moyen pour les opérations de financement des activités commerciales appliqué aux PME était de 14% en 2014, un pourcentage bien plus élevé que le taux de défaillance global pour le financement des activités commerciales.
Faut-il rappeler que les pays du continent assistent, aujourd’hui, à un creusement de l’écart entre les risques réels et leur niveau de perception, ce qui engendre automatiquement une renonce au financement à court terme au profit des crédits plus rentables et une plus grande sélectivité du risque par les banques, généralement au détriment des PME et au profit des «grands clients».