En invitant la communauté internationale ‘’à agir vite pour éviter au Mali de devenir un sanctuaire permanent du terrorisme’’, le président de la Transition, Dioncounda Traoré, par la voix de son porte-parole, Traoré Rokiatou Guikiné, était sans doute à mille lieues d’imaginer ce qui se déroule sous ses yeux.
Malgré les contradictions entre les narratifs, force est de constater que la situation sécuritaire s’est empirée au Mali avec de plus de 10 ans de présence de la Minusma. Malgré le retrait de plusieurs pays contributeurs, le Conseil de sécurité de l’Onu semble tenir mordicus au renouvellement du mandat de la mission expirant en juin prochain. Au fur et mesure qu’approche l’échéance, s’accumulent les accusations de violations de droits de l’homme par les Famas contre lesquelles s’intensifient aussi attaques. L’hôpital qui se moque de la charité en somme ! Pour les intérêts des suppôts de Satan, leurs patrons propriétaires des multinationales, des chefs d’Etats et d’institutions sont prêts à semer le chaos partout.
Afin de reconquérir le nord du pays contrôlé par des islamistes, le Mali a réclamé au Conseil de sécurité d’autoriser le déploiement rapide d’une force internationale. “Nous voulons souligner l’urgence du déploiement de cette force », a déclaré Traoré Rokiatou Guikiné, alors ministre des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine, au nom de Pr Dioncounda Traoré. ‘’Le quotidien de la population malienne s’appelle flagellations, amputations, exécutions sommaires enrôlement d’enfants soldats, viols, lapidations‘’, avait-elle ajouté.
Saisi d’un plan d’intervention de la Cédéao, le Conseil de sécurité de l’Onu s’est prononcé sur la base d’une résolution préparée par la France. La communauté internationale est effectivement venue. Dans un premier temps sous la dénomination de Mission internationale de soutien au Mali – Misma – devenue par la suite la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali – MINUSMA – créée par la Résolution 2100 du Conseil de sécurité le 25 avril 2013. Au motif d’aider les autorités à appuyer le processus politique et effectuer des tâches sécuritaires visant à stabiliser le pays !
Par l’adoption de la Résolution 2164 du 25 juin 2014, le Conseil a fait juste de la littérature pour prendre la même décision : axer le mandat de la MINUSMA sur des tâches prioritaires telles que la sécurité, stabilisation et protection des civils, l’appui au dialogue politique national et à la réconciliation nationale, ainsi qu’à l’appui au rétablissement de l’autorité de l’État dans tout le pays, à la reconstruction du secteur de la sécurité, à la promotion et la protection des droits de l’homme et à l’aide humanitaire. Sa présence s’est accrue au fil du temps. Elle est aujourd’hui forte de 12. 388 militaires, 1. 598 policiers, 1. 792 civils (859 nationaux – 754 internationaux, 179 Volontaires des Nations Unies). La Minusma en est à son énième mandat qui expire en juin prochain. En vain, le Mali aura émis le vœu de la voir dotée d’un mandat robuste afin de combattre plus efficacement contre ces hordes de mercenaires terrorisant des millions d’innocents autant sur le terrain qu’à travers les réseaux sociaux. En invitant la communauté internationale à agir vite pour éviter au Mali, envahi de forces obscurantistes dans sa partie septentrionale, de devenir le sanctuaire permanent du terrorisme, la crainte exprimée par le président de la Transition Dioncounda Traoré, via son porte-parole, Traoré Rokiatou Djikiné, n’a pu être évitée. Bien au contraire.
La vipère dans la culotte ?
La présence de ces dizaines de milliers de bidasses, de poulets, de pandores et autres spécialistes de tout bord n’a pas produit les attentes des Maliens. Si les narratifs veulent faire croire que leur impressionnante présence au Mali lui a évité le pire, la réalité a pour nom la dégradation sans précédent de la situation sécuritaire avec un nombre incalculable de victimes militaires, civiles, d’hommes, de femmes et d’enfants déplacés ou exilés, d’habitats détruits, de biens spoliés. La vipère dans la culotte ?
Mieux vaut être seul que mal accompagné selon un adage. La suite on la connaît. Le recours par les auteurs du coup d’Etat du 20 août à d’autres partenaires pour assurer la sécurité des Maliens dans cette guerre asymétrique n’a pas plu à la France et ses alliés, les Usa en tête. Le mouvement d’humeur a gagné les sbires africains. Sur fond de crise diplomatique avec Bamako, Paris a annoncé en février le retrait de ses soldats déployés au Mali. Le Mali a saisi la balle au bond. Le retrait de Barkhane a débuté le 9 juin 2012 et les derniers militaires français ont quitté le 15 août 2022, même s’ils se sont redéployés dans les pays voisins du Mali, notamment le Niger
En mars 2022, le Mali annonce la suspension de la diffusion de RFI et France 24 sur son territoire après la diffusion par ces médias que l’armée malienne était impliquée dans des exactions contre des civils. En mai de la même année, le Mali se retire de G5 Sahel et de sa force anti-djihadistes pour protester contre le refus par ses pairs de le laisser assurer à son tour la présidence de l’organisation formée avec la Mauritanie, le Niger, le Tchad, le Sénégal.
Au même moment, la crise de confiance entre les autorités actuelles et la Minusma s’est aggravée avec l’expulsion forcée de son porte-parole, Olivier Salgado, accusé de «publications tendancieuses et inacceptables». Il a été sommé de quitter le Mali sous 72 heures.
Cette expulsion n’est pas sans rappeler celle, en janvier 2022, de l’ambassadeur Joël Meyer. En pleine crise diplomatique avec Paris, les autorités maliennes avaient accordé un délai de 72 heures au diplomate français pour quitter le pays.
De la Minusma, les retraits se sont suivis. Le 14 novembre 2022, le Royaume-Uni a annoncé le retrait anticipé de ses 300 soldats au Mali. L’annonce intervient 4 jours après que le président Emmanuel Macron ait déclaré la fin officielle de la mission de la force Barkhane. Déjà en 2019, le gouvernement des Pays-Bas avait annoncé le retrait de ses 250 soldats de la Minusma à compter du 1er mai de la même année.
La Côte d’Ivoire a aussi décidé que ses soldats déployés au sein de la Minusma au Mali se retireront progressivement du pays. Ces retraits font suite à ceux de l’Egypte en août 2022 et de la Suède. Le dernier pays sur le registre est l’Allemagne qui déclare retirer d’ici à mai 2024 ses centaines de soldats de la Minusma, même si elle déclare tenir à sa coopération bilatérale avec le Mali. Par lettre en date du 1er mars 2023, le gouvernement du Mali a annoncé sa décision de récuser le statut de la France en tant que porte-plume des résolutions concernant le Mali au Conseil de sécurité de l’ONU. Qui va donc rédiger la résolution en cas du renouvellement du mandat de la Minusma ?
Dèbè Tall/Le Challenger