Le samedi 23 mars, le village d’Ogossagou peulh dans le cercle de Bankass a subi «une agression barbare et meurtrière de la milice terroriste et génocidaire de Dana Amassagou, selon Tabital Pulaaku, faisant au moins 174 morts, tous de l’ethnie peuhle. Parmi lesquels, il y a des enfants, des femmes enceintes et des vieillards.»
Face à ces crimes crapuleux qui n’ont laissé personne indifférent, les responsables de l’association TabitalPulaaku ont donné une conférence de presse, le mardi 26 mars, à la Maison de la presse, pour partager les informations dont ils disposent. Au cours de cette conférence de presse, ils ont appelé à la mobilisation de tous les Maliens pour une marche ce jeudi qui va s’ébranler de la place de l’indépendance pour la Bourse du travail.
Avant son propos liminaire, le président de TabitalPulaaku, Abdoul Aziz Diallo, s’est incliné devant la mémoire de tous les morts d’Ogossagou et ailleurs dans notre pays. Avant de présenter aux Maliens et aux familles des victimes des massacres ses condoléances les plus attristées et ses souhaits de prompt rétablissement aux blessés.
Il a indiqué qu’Ogossagou peulh constitue le pire cas de violence et d’horreur jamais atteint dans notre pays. Selon le président de TabitalPulaaku, le drame d’Ogossagou peulh est à n’en pas douter le résultat d’une situation que l’on a laissé pourrir et se dégrader sans qu’aucune mesure ne soit prise, malgré les appels et les mises en garde tant au niveau de TabitalPulaaku que d’autres associations, mais aussi au niveau des communautés.
«Le samedi 23 mars 2019 sera ajouté aux journées noires du Mali. Le village d’Ogossagou peulh dans le cercle de Bankass a subi une agression barbare et meurtrière de la milice terroriste et génocidaire de Dan Na Amassagou faisant au moins 174 morts, tous de l’ethnie peuhle. Parmi lesquels il y a des enfants, des femmes enceintes, des vieillards. La barbarie dépasse tout ce qu’on pouvait imaginer. Les blessés sont plus de 50 personnes. Toutes les concessions ont été détruites et brûlées. Plus de 80 greniers ont été vidés et brûlés. Le bétail tué à bout portant par des armes à feu», a-t-il déclaré. Avant de souligner : «en temps de guerre, notre religion l’islam demande d’épargner les femmes et les enfants. C’est le sens de l’humanité que ces gens sans foi ni loi ont perdu. C’est des crimes imprescriptibles».
Par ailleurs, Abdoul Aziz Diallo a réitéré la condamnation de TabitalPulaaku avec la plus grande fermeté de cet acte qui s’inscrit parfaitement dans «l’entreprise génocidaire en cours contre la communauté peuhle». Il exige que les commanditaires, auteurs de ces crimes ainsi que leurs complices soient recherchés, arrêtés et traduits devant les juridictions compétentes y compris devant le tribunal pénal international pour répondre de leurs actes.
Après ces crimes commis, le gouvernement du Mali a annoncé en conseil des ministres extraordinaire, le dimanche dernier, la dissolution de la milice Dan Na Amassagou. «Nous saluons et soutenons cette décision réclamée depuis longtemps par TabitalPulaaku. Mais cela n’est pas suffisant. Cette milice criminelle et terroriste doit être désarmée sans délai et jugée. Nous appelons le gouvernement à dissoudre et désarmer rapidement toutes les milices et à démanteler toutes leurs bases et camps d’entraînement, notamment ceux de Mama Dembélé de Ké Macina dans le Kiguiri, de SynaliMaïga à Prêta dans la zone de Djenné et de Yero Mama DaandéPleah à Saré Mari dans la zone de Djenné», a déclaré le président de TabitalPulaaku.
En outre, il appelle le gouvernement à œuvrer au retour de tous les déplacés dans leurs villages avant l’hivernage, et à assurer leur sécurité et leur fournir le minimum pour survivre avant les prochaines récoltes. Aux dires d’Abdoul Aziz Diallo, toutes les prisons de Bamako sont remplies de Peulhs. Ce qui fait que l’Etat était obligé d’amener certains prisonniers à Ségou, Bla et ailleurs. Il invite le gouvernement à libérer sans délai les personnes injustement détenues dans les geôles partout au Mali et en appelle à la mobilisation, et à la vigilance de tous les Maliens de bonne foi.
«Le problème qui attrape aujourd’hui la communauté peulhe, c’est un problème malien. Si les pays voisins du Mali pensent que c’est un problème du Mali, ils se trompent. C’est un problème africain. Il est important que tous les Maliens se donnent la main pour que notre pays redevienne le havre de paix qu’il était pour tous ses fils et qu’on tourne définitivement le dos à cette épuration ethnique qui est en cours», a conclu le président de TabitalPulaaku.
BouramaKeita
Source: Nouvelle Libération