Le Trophée du développement durable, remis dans le cadre des Trophées de l’ODI le 19 novembre 2019, illustre l’importance de la prise en compte des enjeux environnementaux par les entreprises françaises, grands groupes et PME, en Afrique.
Des candidatures variées au Trophée du développement durable
Le Trophée du développement durable a rassemblé des candidatures variées, du fait des profils des entreprises candidates (petite structure, grands groupes) et des angles adoptés (finance, énergie renouvelable). Quatre dossiers ont retenu l’attention.
Le premier d’entre eux – par ordre alphabétique – est Babyloan, officiant dans les services financiers entre la diaspora et le continent africain. Babyloana a créé une plateforme de prêts participatifs et solidaires afin de développer les régions rurales du Mali. En minimisant les risques du préteur et en lui donnant la possibilité de prêter à nouveau la somme qui lui a été remboursée, Babyloan permet de nouer une relation de confiance entre prêteur et entrepreneur rural, et de générer un effet de levier au service du développement des régions aride du Mali.
Le deuxième dossier retenu pour le Trophée du développement durable est Engie PowerCorner, qui a présenté un projet d’approvisionnement des zones rurales en électricité via des mini-réseaux décentralisés. Ce projet se différencie particulièrement par la réflexion globale menée autour de la politique RSE (responsabilité sociale de l’entreprise) d’Engie : la volonté d’améliorer l’accès à l’énergie, mais également de soutenir le développement des communautés locales et de promouvoir l’autonomisation économique et financière des femmes.
Le troisième finaliste est CanalOlympia, filiale de Vivendi. Son projet de création du premier réseau panafricain de salles 100% autonomes en termes énergétique grâce à des panneaux solaires et des batteries de stockage dernière génération, représente un véritable potentiel en Afrique pour d’autres lieux publics, notamment dans la santé (hôpitaux, centres de soin) et le commerce.
Enfin, Orange a proposé ici son projet de mise en place d’un accès facilité et moins cher à l’électricité via des kits solaires domestiques. L’électricité générée par les kits solaires participe à désenclaver les populations des zones rurales tout en s’adaptant à leurs besoins. Pour Orange, c’est aussi un moyen de proposer les services d’Orange Money en les associant à d’autres besoins.
Une prise en compte de l’impact environnemental par un grand nombre d’entreprises françaises en Afrique
Si l’Afrique est le continent le moins responsable du réchauffement climatique, elle y est cependant le plus sensible à court terme. Les entreprises candidates au Trophée du développement durable ont proposé une variété de projets emblématiques de la possibilité de répondre aux enjeux climatiques, tout en créant de la valeur, sur le continent. Il est également intéressant de constater que de nombreux autres projets, candidats à d’autres trophées que celui du développement durable, mettaient aussi l’accent sur le respect de l’environnement. Parmi les thématiques couvertes par l’ensemble des vingt candidatures présélectionnées, plus de 20% concernaient la mise en place de solutions d’énergies renouvelables.
Ce souci de solutions durables fait écho au potentiel de « leapfrog » (ou saut technologique) souvent évoqué en Afrique pour caractériser par exemple le fait que les populations se soient directement équipées de téléphones portables, sans être passées par le téléphone fixe. De la même façon, on peut espérer une prise en compte plus immédiate et réelle des impacts environnementaux dans les projets d’infrastructure, tandis que l’Afrique s’électrifie.
Aux yeux du jury, la prise en compte des enjeux sociaux et environnementaux dans le business model des projets des candidats constitue une clé pour le développement du continent. De manière générale, le jury a été sensible à l’importance d’une responsabilité sociale de l’entreprise qui ne soit pas simplement « cosmétique », mais bien ancrée dans une réflexion plus large visant à favoriser le développement des populations locales.
Par Jean-Michel Huet et Astrid de Bérail, BearingPoint