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TRIBUTE LIBRE : 22 SEPTEMBRE 1960 – 22 SEPTEMBRE 2021: QU’AVONS-NOUS FAIT DE NOTRE INDÉPENDANCE.

A l’occasion de la 61ème (Soixante Unième anniversaire) de l’Indépendance de notre pays, il nous a paru utile de nouveau de faire à l’attention de nos compatriotes une analyse d’un PAN du parcours historique de notre chère patrie aux fins de permettre aux uns et aux autres, notamment à la jeune génération, de mieux appréhender les faits, si têtus qu’ils soient et d’apprécié nos réalisations, nos erreurs, nos fautes et d’être ainsi mieux éclairés sur notre Itinéraire Politique d’une part, mais aussi d’être mieux outillés pour affronter les enjeux et défis à venir d’autre part.

L’objectif final étant de réussir à améliorer notre système de gouvernance qui s’est sérieusement déprécié avec le temps.

I. Le Mali de nos devanciers :

Le Mali d’Hier fut un pays d’une longue et forte tradition de dialogue, de tolérance et de médiation sociale.

De ses origines lointaines (Empire du Mali au crépuscule des Indépendances, notre pays s’est toujours présenté comme une terre de culture offrant un terreau fertile à l’essor de la démocratie, au respect du droit à la différence à l’essor des libertés publiques et à la culture de la paix, sans laquelle il n’est guère de développement durable possible.

La charte de Kurukan Fuga adopté en 1236 sous le règne de Soundiata KEÏTA (Empereur Fondateur de l’Empire du Mali) ; nous dit-on a posé les grands principes d’une gouvernance favorisant un « Vivre ensemble » fondé sur le respect de la différence et la complémentarité entre les diverses communautés de ces territoires.

Cette charte de 44 (quarante-quatre) articles dont l’article 5 qui consacre le droit de chacun à la vie fait la fierté de tous les Maliens.

Après la dislocation de l’Empire du Mali et avec l’avènement de la colonisation, notre pays fut « Baptisé » en différents noms selon le bon vouloir du colonisateur avant de reprendre le nom de Soudan français en 1920.

Du Soudan Français à la République du Mali en passant par la République Soudanaise et la Fédération du Mali

En évoquant l’Indépendance de la République du Mali, ancien territoire du Soudan Français on ne peut et on ne doit point occulter le fait que cela est intimement liée au processus de décolonisation des territoires français d’outre-mer.

De 1940 à 1945 l’Empire français qui s’étendait de l’Océan Pacifique à l’océan Atlantique a connu une évolution contrastée aboutissant à l’occupation du Territoire de la France Métropolitaine par l’Allemagne Nazie et l’Italie.

La France du gouvernement de Vichy soumis va signer le 22 juin 1940 l’Armistice avec l’occupant.

Toutefois cette Armistice stipulait que les Territoires d’outre – Mer restaient sous la souveraineté du nouveau gouvernement de Vichy dirigé par le Marechal Pétain donc exempté d’occupation par l’armée de l’Allemagne Nazie (la Wehmacht).

Le 18 juin 1940 le général DE Gaulle rassuré de l’Appui des TOM obtenu lors de la conférence de Brazza 20/01/ au 08/02 1940 et profitant de cette faille dans les dispositions de l’Armistice de la France lance un Appel en direction des Leaders des TOM et y renouvelle son Souhait de continuer la guerre en comptant sur l’Appui des peuples desdits territoires.

Ainsi dès l’été 1940, les colonies des TOM commencent à se rallier aux mouvements de la « France – LIBRE » et vont constituer la Fédération de la France combattante qui elle-même mettra en place le Programme du conseil National de la Resistance.

Le général DE – GAULLE dans sa stratégie de guerre a promis l’Indépendance aux dirigeants des TOM et des DOM une fois que l’objectif (c‘est à dire la libération du territoire français du Joug-Allemand) est atteint.

Le 07 Mai 1945 a consacré la victoire des forces alliées sur l’Allemagne NAZIE et la signature de l’Armistice de fin de guerre.

Le Général DE GAULLE face à ses responsabilités :

La France libérée, le général DE GAULLE mettra treize ans (13 ans) avant de faire suite à ses engagements pris vis-à-vis des peuples des TOM et DOM.

Cependant la soif d’Indépendance se manifestait un peu partout dans l’ensemble des Territoires concernés.

Le 08 Aout 1958, DE GAULLE annonce dans une allocution télévisée que les TOM et DOM auront à se prononcer entre l’Indépendance de leurs territoires où l’Association de ceux-ci à la Communauté Française censée se substituer à l’Union Française.

Le 11 juin 1958, il fit adopter une loi sur le Référendum d’autodétermination à l’Assemblée Nationale Française.

Un décret d’Application de ladite loi va fixer au 28 Septembre 1958 la tenue du Référendum.

NB : Pour l’histoire notons que l’idée de l’organisation du Référendum ne faisait pas l’unamité au sein de l’hémicycle français.

En effet certains députés d’outre-mer estimaient que le REFERENDUM rimait à contrecourant de la promesse initiale faite par le général qui consistait à accorder purement et simplement l’Indépendance aux Etats concernés ayant contribué à la libération de la France.

Toutefois un vote organisé autour du sujet, sera remporté par ceux favorable à l’organisation dudit référendum.

Le Passage du Soudan Français à la République Soudanaise.

Dans la « fièvre » de l’avènement de l’Indépendance du Soudan – Français, de nombreux partis politiques verront le jour en 1946 dont notamment le Parti démocratique Soudanais (07 janvier 1946) suivi le 13 février 1946 du Parti Progressiste Soudanais.

Le but recherché par ces formations politiques était d’une part la recherche du développement du territoire du soudan français ainsi que l’épanouissement de son peuple mais aussi à moyen ou long terme parvenir à la souveraineté nationale et Internationale du territoire d’autre part. C’est dans cette optique que le 18 octobre 1946 fut organisé à Bamako le congrès Constitutif du Rassemblement Démocratique Africain (RDA) fer de lance des intendances africaines présidé par l’honorable député du Soudan Fily Dabo Sissoko.

En cette année de 1946, dès la fin du Congrès Tidiane Sidibé et certains soudanais du Rassemblement Démocratique Africain mettent sur les fonts baptismaux l’US-RDA).

En Octobre 1946, le Bloc Soudanais et le Parti Démocratique Soudanais auxquels appartenaient Modibo Keïta et Mamadou Konaté, rejoignent la section Soudanaise du Rassemblement Démocratique Africain de Tidiane Sidibé qui céda le leadership à Mamadou Konaté. Au décès de notre regretté père Mamadou Konaté (paix à son âme) le 11 mai 1956 les dirigeants de l’US-RDA décident de « remettre à César ce qui appartient à César » c’est-à-dire rendre à Tidiane le « fruit » de son travail.

Tidiane Sidibé, le fondateur de l’Union Soudanaise RDA, personnalité humble et rationnel décline l’offre au motif de son âge avancé et suggère que le Parti US-RDA soit désormais dirigé par les jeunes du Parti et propose en l’occurrence le nom de Modibo KEÏTA.

Ce choix a été ensuite entériné par l’instance dirigeante de l’US-RDA.

Le PSP et l’US-RDA s’affrontent ensuite au cours de nombreuses consultations électorales jusqu’en 1957.

Aux élections de 1947, le PSP enlève 23 sièges contre 5 à l’US-RDA. En 1952 l’écart se réduit avec 27 sièges au PSP et 13 à l’US-RDA) qui l’emporte en revanche largement en 1957 avec 57 sièges contre 6 au PSP et 7 au parti des Dogons.

Suite à cette élection, l’Assemblée élue accorde, le 21 Mai 1957, l’investiture au premier gouvernement du soudan- français désigné dans le cadre de l’autonomie interne accordée par la loi cadre de 1956.

La République Soudanaise venait de naître avec Jean Marie Koné comme président.

La marche vers la fédération du Mali.

Le 17 janvier 1959 les dirigeants du Sénégal et du soudan-français dépités de l’attitude et des comportements centrifuges des 12 autres leaders africains qui les accompagnaient dans la mise en place d’un grand regroupement africain et prenant en compte l’échec de celui – ci : décident de fonder la fédération du Mali.

Le 04 Avril 1959 Leopold Sédar SENGHOR est élu Président de l’Assemblée Fédérale et le Soudanais Modibo KEÏTA président du Conseil Exécutif de la Fédération et Mamadou Dia (du Sénégal) vice- président du conseil.

Le 23 septembre 1959 Modibo KEÏTA et Mamadou Dia sollicitent le général DE GAULLE afin que la nouvelle fédération puisse accéder à l’Indépendance tout en restant dans la communauté française.

Le général DE GAULLE accède à la demande et le 20 juin 1960 la Fédération du Mali est officiellement proclamée Indépendante.

La fédération du Mali en tant qu’entité Indépendante disposait de tous les signes et attributs de souveraineté.

  • Un drapeau national : Vert – Or – Rouge ;
  • Une devise : Un Peuple – Un But – Une Foi ;
  • Trois Hymes proposés pour la Fédération :
    • LION DEBOUT (nom de l’actuel hymne National du Sénégal) ;
    • Hymne des Pionniers ;
    • A TON APPEL MALI (nom de l’hymne national actuel de la République du Mali).

Cependant, suite entre autres facteurs dont notamment les visions politiques divergentes entre Modibo KEÏTA et SENGHOR quant au modèle de développement et au positionnement International qu’il convenait d’adopter, la Fédération du Mali éclate le 20 Aout 1960.

L’Assemblée Sénégalaise décide le retrait du Sénégal de la Fédération du Mali et proclame l’Indépendance du Sénégal.

Les frontières seront fermées entre les deux pays ; les dirigeants soudanais placés en détention au « Petit Palais » à Dakar.

NB : Un train Express spécial convoie le 21 Aout 1960 les dirigeants Soudanais qui arrivent le 22 Aout 1960 à la gare de Bamako.

Conséquences :

Modibo KEÏTA fâché et désabusé accuse les Sénégalais de Sécession et reproche à la France d’avoir encouragé cette Sécession.

En ce 22 Août 1960, les soudanais mobilisés autour de Jean Marie Koné ancien président du conseil et président de la République Soudanaise réserve un accueil digne et grandiose à la Délégation Soudanaise.

Dans une allocution prononcée le même soir d’accueil, il cède de bonne foi l’ensemble de ses prérogatives à Modibo KEÏTA dès l’arrivée de ce dernier à la gare de Bamako. De ce fait Modibo Keïta devenait le Chef de l’Etat du Soudan Français.

L’Indépendance de la République du Mali

Se basant sur le fait de Parti majoritaire de l’US-RDA suite aux élections de 1959 ; Modibo KEÏTA dès son retour convoque au collège Technique un Congrès extraordinaire regroupant l’US-RDA et ses alliés ayant voté oui au referendum d’Autodétermination de 1958 proposé par DE-GAULLE.

A la sortie dudit Congrès les résolutions suivantes ont été adoptées :

  • La République Soudanaise change de nom et devient désormais la République du Mali ;
  • Le 22 Septembre 1960 est retenu comme date d’Indépendance de la République du Mali.

Qu’avons-nous fait de notre Indépendance ?

De l’engouement à la désolation !

Oui, en prenant référence d’une part sur l’engagement des jeunes soudanais des années 1957 – 1959 qui croyaient « dur comme FER » que l’Indépendance de notre pays allait nous tirer d’affaires, que les hommes et les femmes de ce pays allaient vivre heureux dans la Paix, la quiétude, le bonheur et d’autre part sur la situation actuelle dans laquelle se trouve notre pays où nombre d’entre nous sont tentés par le découragement voir la résignation et finissent par tomber dans l’inconscience dédoublé d’insouciance ; nous nous devons de poser une question cruciale :

Qu’à ton fait de notre Indépendance ?

Les actes de mauvaise gouvernance Qu’A connu le Mali-Indépendant :

La démocratie que nous nous étions promis de bâtir s’est brutalement transformée en dictature et en anarchie

1. Promotion du culte de la personnalité au mépris de la construction d’une nation ;

2. non-respect des dispositions de la constitution du Mali a été sous tous les régimes un exercice banal de gouvernance ;

3. Le non-respect et la non hiérarchisation des Institutions, de même que la non application de certaines décisions de justice;

4. La corruption et la recherche effrénée de l’argent du trésor    public ;

5. Le manque d’abnégation, d’intelligence et surtout de patriotisme dans le règlement des questions de délimitation et de matérialisation de notre frontière avec les Etats voisins ;

6.Le fractionnement des marchés Public permettant de passer des marchés de gré à gré qui passent de 5 000 000 F CFA à 500 000 000 F CFA voir plus ouvrant ainsi un grand boulevard pour la fraude, en clair en instituant ainsi une légalisation de la fraude ;

7. Les attitudes vicieuses mais aussi malhonnêtes des dirigeants politiques à vouloir cacher la vérité au Peuple concernant la résolution des problèmes dont dépendent la vie et la mort des populations ;

8. Le non-paiement ou le paiement très tardif des salaires des fonctionnaires sous certains régimes ;

9. L’Application inintelligente du Programme d’Ajustement structurel a fini par créer un malaise général se traduisant par le chômage et l’inflation galopantes ;

10. Le tripatouillage des élections hérité du colonisateur depuis celle organisée en 1958 autour du referendum d’autodétermination continu de ce jour ;

11. La mise en place de mauvaises politiques irréalistes mais aussi utopiques ont fini par détruire les fondements économiques du pays. Il s’agit

Notamment :

  • Politique Educative ambitieuse mais utopique ;
  • Politique monétaire mal inspirée et peu courageuse ;
  • Politique agraire inadaptée ayant conduit le pays dans une famine effroyable, impensable pour un pays comme le Mali susceptible de vivre en Autarcie ;

12. La banalisation de la sécurité de notre pays et de nos citoyens, par l’adoption de « Systèmes de Sécurité » par procuration ignorant ainsi de facto le statut d’Etat souverain de notre pays ;

13. Les tentatives génocidaires de certains régimes à l’égard de certaines franges de notre société ayant occasionné des blessures morales indélébiles et inacceptables ;

14. Des grèves sauvages frisant souvent la criminalité comme celles observées dans  le secteur de la santé ;

15. Le manque ou le déficit de l’appropriation des valeurs de civisme et de citoyenneté ;

16. l’anarchie et le non-respect de la déontologie dans les medias ;

17. floraison d’un journalisme de connivence ;

18. laxisme ou refus de paiement des impôts ;

19. le comportement irresponsable des cadres étatique et des leaders politique dans la prise légère des décisions concernant les engagements de l’Etat Malien ainsi que le non-respect desdits engagements ;

20. le refus catégorique de l’ORTM de jouer pleinement son rôle régalien de medias publique

En conclusion, nous retenons que le Mali d’aujourd’hui a perdu tous les attributs d’un Etat Souverain capable de défendre vaillamment son territoire.

En plus, les mauvaises habitudes, attitudes et les mauvais réflexes se sont installés durablement dans la mentalité du plus grand nombre de citoyens.

La Protection de l’Environnement, de nos valeurs culturelles, nos US et coutumes semble ne plus être des priorités et cela est dommage. En clair notre pays va mal et il nous semble urgent d’y remédier.

Que Dieu Sauve Le Mali.

RDA : Rassemblement Démocratique Africain

TOM : Territoires d’outre-mer

DOM : Départements d’outre-mer

AUTEUR

Source: Nouvel Horizon

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