Au moment où notre pays se retrouve en proie à une crise de délestage électrique d’une ampleur inédite, où les forces du mal menacent toujours l’intégrité territoriale, où la corruption gangrène toutes les sphères de la société, où il y a une de crise de confiance entre les citoyens et les institutions, où il n’y a aucune visibilité sur le retour à l’ordre constitutionnel, où nous faisons face à un isolement diplomatique, les autorités du Mali ont décrété le mercredi 10 avril 2024 la suspension « jusqu’à nouvel ordre » des activités des partis et des associations à caractère politique.
Cette décision brutale ouvre la porte à une nouvelle crise et compromet notre capacité à travailler ensemble sur les nombreuses autres crises auxquelles nous sommes confrontés : crises énergétiques, sécuritaires, économiques, institutionnelles, constitutionnelles et diplomatiques.
Le pays à une multitude de défis à relever et nous devons tout faire pour éviter une nouvelle crise. Face à cette situation préoccupante, les autorités doivent prendre leur responsabilité en annulant ce décret, afin de ne pas plonger inexorablement le pays dans le chaos. Il incombe aux autorités de prôner « l’union sacrée ». La transition ne réussira pas dans les divisions. Plus la transition durera, plus les tensions dans le pays ne feront que s’accentuer.
Il est indéniable que la libération de Kidal et l’amélioration significative de l’équipement de notre armée constituent des résultats à l’actif de la transition. Mais, l’usure du pouvoir se fait ressentir et beaucoup de personnes commencent à dénoncer le non-respect de certains engagements pris depuis le coup d’État survenu en août 2020.
Les autorités et les leaders des forces vives du pays doivent trouver urgemment un consensus sur la gestion de la fin de la transition, afin d’assurer rapidement un retour à l’ordre constitutionnel. Le pays est à la quête d’un nouveau souffle.
Par ailleurs, les autorités doivent mettre toute leur énergie pour trouver une solution aux problèmes d’électricité qui exaspèrent la population. Il est important également que les autorités utilisent toutes leurs forces pour lutter contre les forces du mal et non pour un bras de fer avec les partis politiques.
Comment combattre efficacement les ennemis de notre pays si nous renforçons les divisions entre nous ?
Hermann DIARRA, un Malien vivant en France