Notre langue française à nous Africains, qui sommes fiers de nos langues maternelles ou nationales, qui parlons aussi d’autres langues internationales ou transfrontalières, comme l’anglais, l’arabe, le swahili, le mandingue, le fulfulde… est une langue désormais vécue sans tabous et intégrée à la riche diversité culturelle qui nous caractérise.
« Merveilleux outil trouvé dans les décombres de la colonisation » pour Léopold Sédar Senghor, « butin de guerre » pour Kateb Yacine, la langue française s’est affranchie depuis longtemps de toute domination et de tout complexe.
Si la langue française, parfois, n’a pas été choisie par amour, mais parce qu’elle avait un jour été imposée par la loi du plus fort, elle appartient aujourd’hui à tous ceux qui l’ont apprise, se la sont appropriée et l’ont « pliée à leur vouloir dire » pour paraphraser Aimé Césaire.
Une langue d’émancipation et de liberté
Ma langue française à moi, qui suis profondément africaine, originaire de ce village nommé « Rwanda », moi qui me sens pleinement citoyenne du monde, est une langue d’émancipation et de liberté, une langue que j’ai choisie, de manière non exclusive, pour dire le monde.
Ma langue française à moi, qui ai l’honneur de diriger ce vaste ensemble géopolitique qu’est l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), forte de ses 88 États et gouvernements membres, est la langue de ce partage fécond d’expériences et d’expertises, qui doit nous permettre d’aller de l’avant, tous ensemble.
C’est la langue de notre coopération solidaire pour l’accès de toutes et de tous à une éducation de qualité, à une formation professionnelle pertinente et en phase avec nos marchés du travail, qui puisse mettre résolument nos jeunes sur le chemin de l’emploi. C’est la langue de nos actions qui visent à accompagner les États les plus fragiles dans leur démarche de construction de leurs propres démocraties et consolidation durable de leurs institutions.
C’est aussi dans cette langue que nous portons des plaidoyers forts pour le respect des droits et des libertés, pour l’égalité entre les femmes et les hommes, pour la promotion de la diversité culturelle à travers toutes les formes de création, y compris les plus innovantes, celles qui explorent l’immense champ de possibilités qu’offre le numérique.
Une langue de création et d’innovation
Le numérique recèle un potentiel encore largement inexploité pour les francophones, raison pour laquelle j’en ai fait l’une des principales priorités de mon mandat. Nous voulons multiplier les lieux qui permettront à tous les jeunes de notre espace d’avoir accès au numérique. Nous appuierons efficacement le plus grand nombre possible de projets numériques des jeunes créatrices et créateurs. Nous soutiendrons avec une énergie renouvelée les acteurs francophones dans les instances de régulation de l’Internet.
Nous allons œuvrer aux côtés de nos Opérateurs, notamment l’Agence universitaire de la Francophonie, pour répandre des contenus scientifiques de qualité en français sur la Toile. Je sais que nous pouvons compter sur TV5 Monde pour encourager les médias numériques francophones.
Alors, en ce 20 mars, en cette Journée internationale de la Francophonie, je vous demande de dire le monde « en français, s’il vous plaît ! », cette langue moderne, qui possède les mots pour évoquer les réalités même les plus novatrices et qui en invente tous les jours de nouveaux. Faisons aussi en sorte, tous ensemble, que le français soit encore plus une langue de création et d’innovation, la langue du droit et de l’économie, de la science et des technologies.
Travaillons de concert pour faire résonner partout cette langue française, notre langue française, à l’unisson des voix du monde.
Source : Jeune Afrique
Source: Le Pays