Alliés d’hier, le courant ne passe pas entre Dr Bocary Tréta, président du Rassemblement pour le Mali, et Soumeylou Boubèye Maïga, Premier ministre. Dans les coulisses, il se raconte que ces deux hommes sont en train de prendre en otage le second mandat d’IBK. Car, apprend-on, les intérêts personnels prennent le dessus sur l’agenda collectif.
Si Tréta pense qu’il a loyalement servi le Président IBK pendant son parcours politique, Soumeylou Boubèye Maïga sait qu’il a été d’un apport incontestable pour la réélection d’IBK. Chacun d’eux croit que l’heure est au positionnement.
Dans ce schéma, avec l’aide de certains de ses camarades politiques, sur fond de tension, Bocary Tréta qui n’a jamais briqué un poste électif a trouvé refuge en commune V du District de Bamako pour les législatives à venir. Histoire de se positionner pour la présidence de l’Assemblée nationale.
Au même moment, Soumeylou Boubèye Maïga, alias le tigre de Badala, nourrit l’ambition de renforcer son parti, l’Asma. Pour ce faire, il a besoin d’un peu plus de temps. Ainsi, il demande l’avis de la Cour constitutionnelle sur la possibilité du report des élections législatives. Curieusement, l’avis défavorable de la Cour constitutionnelle au sujet du report de ces scrutins s’est retrouvé sur les réseaux sociaux. Les coups bas politiques sont passés par-là.
Dans cette atmosphère tendue, les recalés des conférences de section pour la désignation des candidats RPM se retrouve à Asma. Ce qui donne l’impression d’une certaine implosion du RPM. Dans la foulée, le Premier ministre Maïga rencontre les partis membres de « Ensemble pour le Mali », la plateforme politique qui a porté la candidature d’IBK en 2018. A cette rencontre, il fait part de sa volonté à reporter les élections législatives. A en croire des sources bien introduites, il n’en fallait pas plus pour provoquer la colère du président de coalition politique, Bocary Tréta. Sous le regard croustillant des chefs d’autres partis politiques d’EPM, Tréta ne se serait pas fait prier pour exprimer sa désapprobation de cette décision qui ne vise qu’à gagner du temps pour vouloir contrôler l’Assemblée nationale. Alors que l’une des rares ambitions qui lui restent et qu’il mérite est de devenir président de la future Assemblée nationale. Pour Tréta, ce serait suicidaire de reporter les législatives dans la mesure où le mandat des députés prend fin le 31 décembre. Si on le faisait, on risquerait de créer un autre problème. Pour lui, mieux vaut tenir ces élections et continuer à gérer l’équation de la réforme institutionnelle que d’accumuler les questions.
D’autres sources nous apprennent que malgré l’opposition de ses partenaires politiques au projet de renvoi des législatives, Boubèye y tient comme aux prunelles de ses yeux. Il aurait à nouveau demandé l’avis de la Cour constitutionnelle qui pourra difficilement se dédire. Tréta aussi veille au respect de la date du 25 novembre comme du lait sur le feu. Jusqu’où nous conduira cette guerre de positionnement ? Au Chaos ? Le temps nous édifiera.
Il nous revient des sources dignes de foi que les débats ont été houleux entre les membres d’EPM à telle enseigne qu’ils sont revenus sur les conditions dans lesquelles l’actuel gouvernement a été formé.
Oumar KONATE