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Travaux ménagers du mois de ramadan : le sacerdoce des nouvelles mariées

Beaucoup de couples célèbrent leur mariage à l’orée de ce mois béni. Malheureusement, des malentendus et des divorces sont constatés après le mois sacré. Certaines nouvelles épouses ne sont pas préparées aux réalités du mariage et au changement brusque de statut

 

Les jeunes mariées se retrouvent dans une famille complètement différente de celle de leurs parents. Le ramadan leur impose des réveils matinaux, la cuisine de nombreux repas, la lessive etc. Elles ne sont pas habituées à cette avalanche de travaux ménagers. Au bout de quelques mois, plusieurs nouvelles mariées perdent le goût du mariage.

La nouvelle mariée Mariétou Togola est habillée en boubou traditionnel conforme à son nouveau statut social. Elle a attaché un foulard noir autour des reins. Elle porte un récipient rempli de mil sur la tête, et marche sous le soleil de 14 h dans une rue de Samé. Mariétou se dirige vers le moulin pour aller moudre son mil. Elle murmure seule sur son chemin. Arrivée à son niveau, on lui a demandé pourquoi elle parle seule ? Réponse : «Je suis fatiguée. Le soleil est ardent. Et après le moulin, de multiples travaux m’attendent à la maison. Je réfléchis à tout ça. Je me suis mariée le 28 février dernier. Depuis je n’ai pas assez de temps pour me reposer. Et pendant le ramadan je croule sous les tâches».

PLUSIEURS TYPES DE PLATS- Mariétou Togola vivait à Dioïla avant son mariage. «La façon de faire le ménage chez moi à Dioïladiffère de celle en vigueur dans ma belle-famille de Bamako. J’ai des difficultés ici. Dans ma famille, pendant le ramadan, les travaux ménagers sont collectifs dans la journée. Mais ici, je suis seule pour préparer plusieurs types de plats pendant l’après-midi. Il faut se lever très tôt pour préparer. En plus, les repas de rupture du jeûne sont préparés selon des recettes différentes. Tout cela me fatigue car j’ai du mal à réussir ces plats de Bamako», explique-t-elle.

La nouvelle épouse Alima Touré habite Medina Coura. La jeune dame souligne l’incompréhension totale qui règne en cette période de ramadan entre elle et sabelle-mère. Leurs disputes commencent toujours soit à l’aube au début du jeûne, soit au crépuscule au moment de la rupture. Elle est convaincue que sa belle-mère ne l’aime pas. «Elle me réveille à 3h du matin pour préparer le riz ou d’autres plats, alors que dans ma famille on prépare le riz avant de se coucher.

Elle a refusé d’accepter cette dernière option ou d’acheter des tasses thermos pour conserver la nourriture jusqu’à l’aube.Chaque après midi, ma belle-mère autorise de prendre une certaine quantité de milpour préparer la bouillie. Elle refuse de moudre une grande quantité de mil qui sera conservée et consommée sous forme de ration journalière. La vieille estime que cette méthode est digne d’une paresseuse. Le comble est qu’elle me critique devant mon mari», regrette Alima Touré.

Le point de vue de la belle-mère Oumou Camara est limpide : sa belle-fille est paresseuse et têtue. Elle préfère dormir au lieu de se réveiller à l’aube pour préparer le repas de jeûne. La belle- mère émet un jugement sans appel sur sa belle-fille. Et elle prévient : «elle veut imposer ses principes dans ma famille. Tant que je serai en vie, elle n’aura pas cette chance. Si elle continue ses manigances, elle va payer cher. Je ne vais pas la laisser manipuler mon fils».

LE DIVORCE APRÈS LA FÊTE-La mère du troisième âge, Rokiatou Kouyaté, habite Hamdallaye en Commune IV. Elle vient d’accueillir sa nouvelle belle- fille Fanta Touré.Celle-ci est courageuse même si elle n’est pas encore habituée à la méthode de travail en vigueur dans sa belle-famille. Cela se comprend. Elle ne vient pas d’une grande famille.

La vieille Rokiatou ne tarit pas d’éloges : «pour une personne qui vient d’une petite famille, je trouve que ma belle-fille a la volonté d’apprendre et de bien faire les choses. Par exemple, elle ne sait pas préparer la bouillie de mil du ramadan. Depuis ledébut du mois de ramadan, elle vient à mes côté s’exercer pour transformer la farine de mil en des milliers de granulés fins et consistants, éléments de base de la bouillie».

La nouvelle mariée travaille beaucoup dans la journée. «Je me réveille très tôt pour préparer le repas qui scelle le jeûne. Dans la journée, je n’ai pas assez de temps pour me reposer.Mais je remercie Dieu. Avec l’aide de ma belle-mère je m’en sors bien durant ce mois de ramadan», se réjouit, Fanta Touré, la future maîtresse de maison.

Certaines nouvelles mariées se disent plus à l’aise dans leur foyer conjugal en ce mois de ramadan que dans leur famille de naissance. C’est le cas de Doussouba Diarra. Elle affirme qu’elle vient d’une grande famille. Pendant les mois de ramadan elle assistait sa mère et ses coépouses. Depuis son mariage, elle vit seule avec son mari. Elle gère sa cuisine à son gré. Elle s’organise comme elle peut pour satisfaire les goûts de son mari en ce mois de ramadan.

De nombreux mariages sont célébrés à l’approche du mois de ramadan. Plusieurs conjoints divorcent après la fête. L’ex Mme S… a accepté sous anonymat de nous raconter les contraintes qu’elle a vécues dans sa belle-famille pendant le ramadan en 2016. Ces difficultés la conduiront plus tard au divorce. Elle s’était mariée à la veille de ce mois béni à un âge très jeune et ne s’est jamais entendue avec sa belle-mère. «Je n’étais pas prête à assumer les tâches auxquelles j’étais confrontée. J’ai été responsabilisée très tôt.

Pendant l’exécution des devoirs ménagers, des disputes éclataient entre ma belle-mère et moi», se souvient la divorcée ex Mme S… L’atmosphère tendue a conduit son époux à déménager de la maison paternelle. En réaction contre cette décision de son fils, sa belle-mère a contraint son fils à épouser une seconde femme. Avec la venue de cette coépouse, la première femme s’est vue mise à l’écart par sa belle-famille, et surtout par son conjoint lui-même. C’est ainsi que l’ex Mme S…a choisi de divorcer.

Des dizaines d’autres mariages résistent à l’épreuve du mois de ramadan. La chanceuse Bintou Kanouté s’est engagée dans l’union sacrée avec Moussa Sacko peu avant le ramadan. Mme Sacko témoigne : «Je n’ai pas eu de difficultés au début de mon mariage. Je me suis retrouvée dans une grande famille. La préparation des repas de ramadan nécessitait trois ou quatre grandes marmites. Ma belle-mère m’épaulait chaque jour. Je la considère comme ma mère. J’étais à l’aise dans l’exécution des tâches ménagères. C’est juste une question de temps pour s’habituer».

Baya TRAORÉ

Source : L’ESSOR

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