L’annulation du concours d’entrée à la fonction publique au titre de l’année 2023 pour fraude défraie l’actualité depuis ce 5 février. Sous d’autres cieux, cette raison serait suffisante pour le premier responsable du département pour démissionner ou pour être remercié surtout que l’affaire concerne plusieurs membres de son cabinet.
Pour une des rares fois dans l’histoire récente de notre pays, un concours national d’entrée à la fonction publique est annulé. La raison évoquée par le ministère en charge du dossier est le démantèlement d’un vaste réseau de fraude qui a entaché la crédibilité du concours. Cela intervient à un moment particulier de l’histoire de notre pays, la Transition, sous un gouvernement de refondation avec aux commandes un élément du M5-RFP, de surcroît professeur d’enseignement supérieur émérite.
Le hic est que le vaste réseau de fraude serait constitué en grande partie de membres de son staff, dont son chef du cabinet. S’il y a des agents en qui le ministre place sa confiance, ce sont bien les membres de son cabinet.
Selon des sources bien informées, dix personnes ont été placées en garde à vue au Pôle national économique et financier de Bamako le 12 février pour corruption, faux et usage de faux. Parmi ces personnalités figurent le chef du cabinet du ministre Fassoun Coulibaly, trois de ses chargés de mission, un lieutenant-colonel des douanes, le directeur du Centre national des concours de la fonction publique. Rien que ça ! Cette affaire démontre en tout cas la grande faille dans la gestion du ministre Fassoun Coulibaly. Comment des membres de son cabinet et d’autres cadres du département ont pu constituer un vaste réseau à son insu ? En règle générale, un enseignant de grade professeur est considéré comme un cadre rigoureux, très attentif et dont la probité ne souffre d’aucune ambiguïté.
Pr. Fassoun Coulibaly est-il victime d’une trahison de ses hommes de confiance ou a-t-il été négligeant lors du choix des membres de son cabinet ? L’hypothèse de la négligence est claire dans les deux cas
Si le réseau existe réellement, il en est le responsable moral. En 2022, le prédécesseur de Pr. Fassoun Coulibaly avait organisé un concours qui avait été salué par tous. Pour toutes ces raisons, le ministre du Travail, de la Fonction publique et du Dialogue social devrait démissionner ou être démis de ses fonctions. Sous d’autres cieux, des ministres ont démissionné pour des motifs moins graves.
Ici, au lieu de tirer les conséquences juridiques de cette crise, Pr. Coulibaly tente de noyer le poisson, en rappelant par exemple dans la foulée de ce scandale le respect des horaires de travail dans l’administration publique sans distinguo. Ce qui a suscité la colère des magistrats, qui n’ont pas manqué de relever une nouvelle expérimentation hasardeuse.
Les syndicats des magistrats, vent débout, ont porté la plume dans la plaie et invité le ministre en charge de la Fonction publique et son collègue garde des Sceaux à savoir raison garder et à respecter leur indépendance liée à leur statut particulier.
El hadj A. B. HAIDARA
Aujourd’hui-Mali