L’Hôtel les COLIBRIS de Bamako abrite, depuis hier jeudi, et ce, jusqu’à aujourd’hui, un atelier de renforcement des capacités des acteurs de protection en maîtrise des instruments juridiques sur le travail des enfants.
Placé sous la présidence du Directeur national du Travail, la formation s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du projet « Protection des droits et amélioration du statut des jeunes filles aide-ménagères mineures de Bamako », un programme cofinancé par la Commission européenne, le ministère fédéral de la Coopération économique et du développement (BMZ) et Kinderrechte Afrika e v.
Sous la houlette de son directeur exécutif, Antoine AKPLOGAN, le Groupe de Recherche Action Droits de l’Enfant au Mali (GRADEM) et de son partenaire Kinderrechte Afrika e v. se tient un atelier de deux jours de suivi du renforcement des capacités des acteurs de protection des droits de l’enfant.
La rencontre, à laquelle prennent part des magistrats, des officiers de police judiciaire, des représentants des organisations de défense des droits de l’enfant ainsi que ceux des organisations de la société civile et des partenaires sociaux, fait suite à un atelier de renforcement des capacités des agents des services techniques de l’État, des acteurs des médias et des membres d’Ong actives sur le terrain du travail des enfants auquel 53 acteurs de protection des droits de l’enfant ont bénéficié en 2016.
Les participants à cette rencontre avaient identifié de bonnes pratiques pour améliorer l’environnement de travail des jeunes filles aide-ménagères mineures de Bamako. Au même moment 721 aide-ménagères actives de 20 espaces d’éducation mis en place en partenariat avec les leaders femmes et jeunes de 15 quartiers des communes IV, V et VI de Bamako ont été informées et sensibilisées sur leurs droits, devoirs, la maltraitance et le signalement.
Aussi, des discussions, il a été dénombré 22 cas de violences du travail, 42 cas d’arriérés de salaires récupérés, 77 cas de conditions de travail dégradant. L’analyse a également montré que plus de 50 % des cas de violences et d’arriérés de salaire concernaient les jeunes filles aide-ménagères qui ont elles-mêmes trouvé un emploi sans l’aide de grand logeur ou de structures d’orientation/placement à l’emploi.
Voilà pourquoi après l’entrée en vigueur, cette année, du nouveau Code du travail, qui a apporté quelques améliorations en ce qui concerne les droits des enfants travailleurs, mais surtout de l’inaccessibilité des textes juridiques par les acteurs intervenants dans la chaine de protection des enfants, les équipes projet GRADEM et KIRA ont donc préparé un livret qui comprend un recueil des textes régissant le travail des enfants et notamment des aide-ménagères mineures ainsi que les commentaires et recommandations pour l’action formulés afin d’aider les intervenants.
Le présent atelier vise donc à faire des observations sur les commentaires, les recommandations ; faire le point des avancées en termes de mesures prises et en termes de changement de comportement constaté au niveau des services de protection de l’État.
En somme, cette rencontre de deux jours vise le suivi des avancées des acteurs de la chaine de protection et à mettre en place un mécanisme de protection des jeunes filles aide-ménagères mineures suite à l’expérimentation de bonnes pratiques identifiées l’année dernière par les participants.
À l’ouverture de l’atelier, Mlle Kadidia TOURE, porte-parole des aide-ménagères ; Mme la conseillère de la Commune V ; le représentant de la Commission de l’UE ; la Directrice nationale adjointe de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille ; le Directeur national du Travail ont tous été unanimes à admettre que le mécanisme de la protection des droits des enfants butte sur de nombreux obstacles dus à la carence des structures de vulgarisation du phénomène ainsi qu’à une méconnaissance criarde des textes juridiques tant par la catégorie d’aide-ménagères que par ceux qui sont chargés de leur porter assistance secours. S’y ajoutent, en outre, un engagement peu soutenu de la part de certaines organisations de la société civile et l’analphabétisme de la population.
C’est pourquoi en dépit des énormes efforts déployés, la condition des aide-ménagères demeure préoccupant d’autant qu’elle continue, selon les différentes interventions, de se traduire par des accusations de vol, des grossesses précoces, le manque de limitation du temps de travail, les privations de droit au repos hebdomadaire qui freinent leur émancipation.
Ce n’est pourtant pas faute d’arsenal juridique, mais plutôt du fait que l’impressionnant dispositif répressif que renferment les normes (nationales, régionales et internationales sur l’enfant), se trouve royalement méprisé.
Si la lutte contre ce fléau exige des efforts conjugués et par conséquent, la constitution d’une large coalition, les intervenants ont tous appelé à mettre fin à l’exploitation de ces filles en vue de leur permettre de jouir pleinement de leurs droits.
Par Mohamed D. DIAWARA
Source: info-matin