Les responsables des compagnies figurant sur la liste des signataires du préavis de grève ont approché le département pour décliner toute implication ou indirecte
C’est connu, chaque veille d’élections consulaires est source de grande nervosité dans notre pays. Chaque camp, selon son poids et son influence réelle ou supposée, essaie de tirer avantage de la situation. Il n’est pas rare que les prétendants dégainent des menaces de tous genres. Cela semble être le cas actuellement au Conseil malien des transporteurs routiers (CMTR) qui s’apprête à vivre un scrutin très disputé le 25 avril prochain. Inutile de dire que les hostilités sont déjà lancées.
En début de semaine, une tendance lançait un préavis de grève. Elle accuse le département de l’Equipement, des Transports et du Désenclavement de violation des dispositions règlementaires du décret N°359/P-RM du 8 mars 2004, fixant les modalités de fonctionnement du CMTR. Ce camp reproche également au département de tutelle, le non respect des dispositions règlementaires relatives au transport pour compte propre. Il dénonce pour faire bonne mesure, ce qu’il appelle l’utilisation irrationnelle du 3ème pont et l’impraticabilité des itinéraires y afférant ainsi que la pertinence des tracasseries routières en matière de transport urbain, interurbain et international.
Ces revendications tombent fort opportunément pendant la période électorale et s’accompagnent de la liste des sociétés et organismes signataires du préavis. Pour en savoir plus sur le débrayage annoncé et entrer en contact avec ses promoteurs, nous avons contacté les responsables des compagnies citées dans le document. Aucun n’a été capable de nous fournir plus d’information. Certains assurent tout ignorer de ce préavis, d’autres répondent sans détour : « Nous se sommes ni signataires, ni partie prenante de cette soi-disant grève. D’ailleurs nous ne nous reconnaissons même pas dans ces revendications. Et nous avons même été surpris de voir les noms de nos sociétés figurer dans ce document avec une simple signature sans les noms des signataires ». D’autres promoteurs de compagnies contactés sont plutôt intrigués, voire irrités, de voir leurs sociétés impliquées dans une telle opération.
Le président de la Coordination des sections bennes du Mali, Massama Keïta dit Baba, ne passe pas par quatre chemins. « Nous nous désolidarisons totalement de ce préavis de grève. Nous ne sommes ni signataires ni membres de ce collectif. Si nous avons des doléances à adresser au département, il y a le CMTR qui est l’interface entre nous et l’Etat », lance-t-il très remonté. Pour l’élection du 25 avril, notre interlocuteur assure faire confiance au département des transports et à la commission chargée d’organiser les élections qui regroupe toutes les composantes du secteur du transport et du transit.
Au département des transports, on se veut serein. Le chargé de communication, Zhao Ahmed Amadou Bamba, indique que le processus électoral au niveau du Conseil malien des transporteurs est engagé depuis quelques mois. « Plusieurs rencontres entre le département et les différents acteurs de ce processus ont permis la mise en place d’une commission chargée de l’organisation et de la supervision du processus électoral au niveau du Conseil des transporteurs. Cette commission, présidée par Bamba Famoussa Sissoko, conseiller technique juridique du département, est composée des représentants de toutes des corporations professionnelles membres du CMTR ainsi que du secrétaire général du conseil. C’est en parfaite harmonie avec les textes et les dispositions règlementaires régissant le fonctionnement du CMTR et en collaboration avec toutes les parties prenantes du conseil que la date du 25 avril a été fixée. Et c’est cette date que les frondeurs contestent aujourd’hui », déplore notre interlocuteur. La clarté du processus électoral ainsi que l’équité et la neutralité du département sont sans reproche, assure-t-il.
Evoquant le préavis de grève, Zhao Ahmed Amadou Bamba confirme que les responsables des compagnies, présentés comme signataires, ont approché le département pour décliner toute implication directe ou indirecte. « Certains ont fait le déplacement au département pour nous dire qu’ils ne se reconnaissent ni de près ni de loin dans le dit document ainsi que les revendications qui y figurent », explique t-il.
Zhao Ahmed Amadou Bamba a réitéré l’engagement du département à organiser des élections transparentes et équitables. La liste des tous les postulants est actuellement publiée dans le Quotidien national L’Essor. Le département est ouvert à toutes les parties prenantes de ce processus mais dans le respect des lois, a t-il précisé.
Pour le moment, les supposés signataires déclinent toutes responsabilités et nos multiples tentatives pour entrer en contact avec les membres du collectif sont restées vaines.
D. DJIRE
source : L Essor