A regarder de près, plusieurs actions du gouvernement sous l’impulsion de Choguel Kokalla Maïga conduisent à l’impasse. On voit que, le résultat n’est pas le souci du Premier ministre qui, après avoir occupé la scène médiatique pendant longtemps, a décidé de pousser les ministres de son gouvernement à aller parler au peuple. Une série d’interviews sur le plateau de la télévision nationale a été le prétexte de cette fuite en avant visant à partager le bilan négatif de sa gouvernance.
Le travail a été confié à une poignée de journalistes triés sur le volet pour poser des questions d’actualité aux ministres. La décision de pousser les ministres à parler est conforme aux instructions du président de la transition Assimi Goïta, selon le Premier ministre. Pour beaucoup, le chef du gouvernement laisse une peau de banane sous les pieds des ministres.
Les services publics sont fortement impactés par la baisse des budgets de fonctionnement décidée par la transition. La tâche est facile pour des ministres comme celui de la Défense, Sadio Camara, ou encore celui de l’Economie et des Finances, Alousseni Sanou. La montée en puissance de l’armée malienne est perceptible par les Maliens qui sont de plus en plus rassurés par les moyens aériens et terrestres visant à combattre les terroristes.
Quant à l’économie nationale, tout le monde sait qu’elle est affectée par une conjoncture internationale difficile. La flambée des prix est une réalité dans tous les pays du monde, donc le Mali ne saurait être un cas à part. Aloussemou Sanou qui a déjà été sur le plateau de l’Ortm s’est bien défendu ainsi. Mais les Maliens sont restés sur leur faim au sujet de questions difficiles.
Il y a notamment les avoirs financiers du Mali à l’étranger, dont on ne connaît pas le montant. Par ailleurs, les gens auraient aimé entendre Sanou se prononcer longuement sur la possibilité de la création d’une monnaie nationale pour défaire le Mali du joug du système du franc CFA.
Sur un autre terrain, le Premier ministre essaie de faire oublier ses carences. Il s’agit de la justice. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, fait l’objet d’une convocation en bonne et due forme de la part du juge anti-corruption de Bamako. Le tribunal de la commune III qui est chargé du Pôle économique et financier du Mali a convoqué le chef de la diplomatie française depuis le 20 avril 2022.
La justice de Choguel le poursuit pour atteinte au bien public et d’autres infractions aux dépens de l’Etat malien. La décision du juge malien fait suite à une plainte déposée par une association de la société civile malienne. Cette association reproche à Jean-Yves Le Drian d’avoir mis la pression sur le gouvernement malien pour obtenir un marché public en faveur de son fils Thomas Le Drian. L’affaire remonte au règne du président déchu, Ibrahim Boubacar Keïta.
L’ancien président a retiré le marché des passeports maliens à une entreprise canadienne au profit d’une entreprise française. Problème, cette entreprise est liée à la famille Le Drian à travers le fils du ministre français des Affaires étrangères de France. L’affaire a fait du bruit au moment des faits, mais la protestation n’est pas allée loin à cause de la position du gouvernement d’alors.
De guerre lasse, les opposants à l’attribution du marché des passeports maliens se sont calmés. Le fils de Le Drian a continué à bénéficier des commandes de passeports, alors que les Maliens se lamentaient. Le prix du passeport est resté élevé pour le pouvoir d’achat des jeunes maliens. Pire, les Français prennent une bonne partie de l’argent généré par la vente des passeports en laissant une petite partie au Trésor malien.
Cette saignée de l’économie malienne prive les caisses de l’Etat d’une importante source de devises. Pour l’association qui a porté plainte contre Yves-Le Drian, la pression du chef de la diplomatie française a été déterminante dans l’attribution du marché aux Français. Le gouvernement malien de l’époque n’a pas hésité à faire plaisir aux Français dont l’armée intervient au Mali dans la lutte contre le terrorisme
Oumar KONATE
Source: La Preuve