Au Mali, la question de la prolongation de la transition anime déjà le débat public. À la lecture de Mikaïlou Cissé, cette problématique est une porte ouverte à toutes les possibilités. Opinion.
Plus d’un an après le départ de l’ex-président Ibrahim Boubacar Kéïta, le Mali rêvé reste encore un idéal. À tous les bords, on rencontre des gens qui l’empêchent de se bâtir comme un peuple qui a un destin commun. Parmi ces gens, l’ancienne puissance colonisatrice était la seule pointée du doigt. Mais force est de reconnaître qu’elle n’est pas la seule qui met des épines sous le pied des Maliens. Nombreux sont aussi des fils du pays, qui l’empêchent d’exister selon le modèle mûri par ses pères.
Résultante d’une mauvaise gestion
La partie septentrionale du Mali, qui était le lopin de terre hors du contrôle de l’Etat et sur lequel des groupes armés faisaient la loi et imposaient leurs règles de vie, n’est plus la seule. Le Centre aussi est devenu un no man’s land — au sens propre du terme. Victimes de l’insécurité grandissante, les populations qui y vivent enterrent leurs proches pratiquement tous les jours.
Si les agissements des groupes armés, qui sèment toute cette désolation, ne viennent pas du néant, il faut alors reconnaître qu’ils sont la résultante d’une mauvaise gestion des politiques. Des politiques qui ont eu à s’occuper des affaires publiques du pays. Leur culpabilité dans la décadence de l’idéal Mali est même plus grande ou au même titre que celle des groupes armés.
La liste des victimes de l’insécurité et le détroit qui sépare les Maliens s’allongent de plus en plus. Les politiques à mettre en œuvre pour rivaliser avec les autres peuples ne font pas encore unanimité entre les Maliens.
Travailler à garder le cap
Dans ces conditions, la question qui devrait tordre les esprits et retenir les attentions, au sujet de cette transition, devrait être l’évaluation de ce qui a pu être mis en œuvre en termes de refondation de l’État. Mieux, nous devons travailler à garder le cap. Le pouvoir de persuasion que les pères du Mali avaient devrait être notre force. Ce pouvoir devrait nous amener à nous fixer un objectif commun afin de parfaire leur idéal.
La durée de la transition, qui fait l’objet de controverse, est quant à elle un faux débat, à plusieurs titres. D’abord, ceux qui la traitent ne sont pas habilités, si on se réfère au Titre IV de la Charte de la transition ; et aussi, si on se réfère au début de la prise de fonction de l’actuel président de la transition, on voit qu’il est prématuré de discuter de la durée de la transition.
Des questions : Assimi Goïta a-t-il atteint le 1/3 du temps fixé ? Le chef d’État qui avait apposé sa signature sur la charte est-il encore en fonction ? De là se pose d’une part le problème de la validité même de la Charte et d’autre part sa flexibilité sur la question du délai de la Transition. Du coup, on se rend compte que la problématique de la prolongation de la transition est une porte ouverte à toutes les possibilités. Mais on me rétorquera que l’État est une continuité.
Mikailou Cissé
Source : Sahel Tribune