Décidément, le départ de l’ancien président Ibrahim Boubacar KEITA est loin d’être le déclic pour que tout roule à merveille dans notre pays. Deux semaines après le renversement du pouvoir, l’étau se resserre de plus en plus autour de la junte militaire. Actuellement, la pomme de discorde est la gestion de la transition. La réussite de cette transition dépend de la qualité des hommes et des femmes qui dirigeront cette période, surtout la qualité de son Président. Alors, quel profil doit avoir cet homme ou cette femme pour sauver la nation ?
Pour la gestion de la transition, la CEDEAO exige que le Président et le Premier ministre soient des civils. La junte ne semble pas entendre les choses de cette façon. Elle veut rester au-devant de la scène. Mais qu’il soit un civil ou un militaire, ce qui vaille aujourd’hui pour le Mali, c’est d’avoir un homme capable de bien gérer cette transition pour amorcer la paix et le développement du pays.
Notre pays a assez tergiversé et assez croupi sous le poids des crises cumulées. Cette transition, qui s’ouvre, est attendue par les Maliens pour baliser le terrain en vue d’un nouveau départ. De ce fait, elle doit être bien gérée pour poser les jalons d’un processus démocratique plus consistant.
Toutes les forces vives du pays doivent faire le sacrifice pour réussir cette refondation tant souhaitée par les Maliens. Cette refondation nécessite de faire table rase pour aller sur de nouvelles bases.
Pour réussir ce challenge, le choix des hommes occupe une place importante. Le dirigeant de la transition doit être un homme désintéressé qui renonce aux privilèges. Il est difficile de vivre dans l’opulence et prétendre satisfaire les préoccupations des citoyens.
Il doit être un homme qui n’a pas d’agenda politique et qui est prêt à se battre pour le bonheur des Maliens. Comme l’a soutenu un cadre du pays lors d’une rencontre, le président de la transition doit être un homme prêt à faire le boulot, à prendre des mesures impopulaires, s’il le faut, pour refonder l’État. Bref, il doit être un homme qui n’a pas besoin du suffrage des Maliens lors des élections qui sanctionneront la transition.
De même, ce sauveur de la République doit être un homme dont la parole pèse comme de l’or, et sa promesse de l’airain. Ce critère est pertinent d’autant plus que les Maliens ont été longtemps dupés par les hommes politiques dont les promesses sont devenues sans valeur.
Inutile de se voiler la face, cette période de transition sera sans repos. Les chantiers sont énormes et les urgences sont partout. C’est dire que la tâche qui attend les leaders de la transition comportera beaucoup plus d’épines que de fleurs.
Il faudrait des hommes qui jouissent d’une certaine crédibilité et intégrité pour mener à bien cette mission exaltante. L’on doit éviter de tomber dans les erreurs déjà commises par les hommes politiques qui ont eu à gérer le pays, sans succès. Des erreurs qui sont à la base de la méfiance que la population a contre ces hommes politiques. Au Mali, la déchirure entre les hommes politiques et la population dans sa grande majorité est béante.
Donc, les futurs dirigeants doivent tout faire pour que l’espoir de changement qu’anime les Maliens ne s’estompe pas. Toute autre démarche contraire ne fera qu’enfoncer davantage le pays dans le pétrin et accentuer la souffrance des populations.
PAR MODIBO KONE
Source : INFO-MATIN