Analystes politiques, observateurs et commentateurs sont formels : le Premier ministre de Transition semble aujourd’hui plus isolé que jamais. Certains d’entre eux sont allés jusqu’à soutenir que le locataire de la Primature est placardisé et que ses jours sont désormais comptés à la tête du gouvernement. Le chef du gouvernement de Transition apparaît un peu plus fragilisé de jour en jour. Malgré cette fragilité indéniable, le vieux routier titubant de la scène politique malienne avec une santé fragile est en train de jouer les dernières cartes qu’il a en main pour assurer sa survie. Parce qu’il sait que tôt ou tard les militaires vont l’abandonner en plein vol. C’est juste une question de timing.
Après un énième échec cuisant, lundi dernier, le Premier ministre a convoqué à nouveau la classe politique. Cette rencontre aussi s’est soldée par un flop intégral. Excepté des partis politiques minuscules, aucun poids lourd du landerneau politique malien n’a pris part à cette deuxième convocation du Premier ministre en espace de deux semaines.
Selon ceux qui ont répondu à l’appel, le Premier ministre comme lors de la précédente rencontre leur a raconté des histoires et des anecdotes ajoutant que le souhait de son gouvernement est qu’à la fin de cette Transition, chaque Malien et chaque Malienne puissent se dire que les dirigeants ont réellement fait de leur mieux. Il leur a donné l’assurance qu’il sera désormais à leur écoute chaque fois qu’ils le souhaiteraient.
Mais ce tête-à-tête entre le Premier ministre et ces partis politiques minuscules que certains qualifieraient de franc, courtois et convivial n’est qu’un cas unique d’enchevêtrement d’intérêt, de bluff et de realpolitik.
Le locataire de la Primature est sur la sellette après sa destitution de la tête du M5-RFP. Pour asseoir un peu sa légitimité aux yeux des militaires et balayer d’un revers de main l’humiliation que ses camarades de lutte lui ont fait subir afin de conserver son poste, Choguel voudrait s’appuyer sur la classe politique qu’il a muselée, vilipendée, dénigrée, voire calomniée.
Dans un passé récent, il s’était érigé en rempart pour, disait-il, protéger les militaires contre ces mêmes politiciens sur lesquels il veut s’appuyer maintenant pour se faire une nouvelle virginité.
Les analystes politiques affirment que pour sortir avec le peu d’honneur qui lui reste encore, le Premier ministre devrait tirer toutes les leçons de ses échecs en rendant son tablier avec honneur et dignité pour sortir par la grande porte de l’Histoire.
“En s’entêtant à se maintenir à son poste contre vents et marées, il court le risque d’être débarqué de la façon la plus humiliante. Choguel n’étant plus maître de son destin, il est sur un siège éjectable. Son sort est désormais entre les mains du président de la Transition. Celui-là même qui a signé son décret de nomination”, disent-ils.
Ousmane Mahamane
Source : Mali Tribune