Cette logique et légitime transition doit être considérée ni plus ni moins qu’une étape décisive pour le pays et se doit de revêtir de toute l’architecture et de l’ossature choisies au contexte propre à la situation en présence. Comme telle, elle a besoin d’un accompagnement de toutes les forces vives de la nation ! Faut-il en douter de la junte?
Décidemment, la junte a une vision très large et plus objective de la transition qui s’est offerte au Maliens depuis le 18 aout dernier. Pour atteindre cet objectif démocratique, la désormais logique et légitime transition se doit à des stratégies empreintes d’originalité. En effet, si la réussite d’une transition obéit en principe au critère de « courte durée », il n’en demeure pas moins qu’elle résulte d’une combinaison entre respect de ce principe démocratique et les stratégies pour combler les attentes d’une société meurtrie. Celles d’une véritable renaissance. C’est certainement à ce sens que l’équipe du colonel Assimi Goita, sans prétendre à une transition permanente et interminable, se veut une transition adaptée au contexte malien, qui fait appel à la nécessité de poser les jalons d’une refondation de l’Etat.
C’est donc à juste titre que cette transition doit être considérée ni plus ni moins qu’une étape décisive pour le pays et se doit de revêtir de toute l’architecture et de l’ossature choisies au contexte propre à la situation en présence. D’où les concertations tous azimus. Comme telle, cette transition a besoin d’un accompagnement de toutes les forces vives de la nation. Tant, les Maliens en fondent beaucoup d’espoir qui au finish, devrait susciter même l’apparition de nouveaux acteurs politiques et de nouvelles configurations stratégiques pour notre démocratie. Les modèles politiques en cours depuis l’avènement de la démocratie ayant déçu et démoralisé les citoyens, une nouvelle page de l’histoire du Mali doit se dessiner. Et, à ne pas douter, cette transition doit en être le tremplin.
Le doute n’est donc pas permis. Pour s’en convaincre, les Maliens ne sont pas à leur premier exemple de transition militaire réussie. L’histoire nous rappelle la belle première touche d’Amadou Toumani Touré, notamment avec sa historique conférence nationale du 29 juillet au 12 aout 1991 avant les élections générales réussie. Pour sa part, cette junte aussi peut bien réussir, car sur les traces du premier exemple. En effet, contrairement à la plupart des exemples de transition, celle déclenchée par le Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP) a privilégié les concertations avant toute idée de mise en place d’organes de transition. Conformément à leur première déclaration, les membres du CNSP sont sans repos ni trêve face à tous les dossiers brulants du pays. Des séries de concertations politiques et sociales, les campagnes diplomatiques à l’intérieur comme à l’extérieur, les mains tendues aux composantes de la société, notamment aux mouvements signataires avec volonté d’aller à l’écoute jusqu’à Kidal ; le tout pour ne pas tomber dans une transition bâclée qui risquerait de laisser le pays ressasser toujours dans les mêmes phénomènes socio-politiques. C’est toute l’idée d’une refondation de l’Etat.
En conséquence, c’est avec plein d’espoir que les Maliens doivent accueillir les concertations nationales qu’organise le CNSP ce weekend. Ces assises qui ont pour objectif de convenir de la feuille de route de la transition, de définir l’architecture et les organes de la transition, et de contribuer à l’élaboration de la charte de la transition ont le mérite de tracer le nouveau départ pour le Mali après ce qui convient désormais d’appeler la démission d’IBK après dissolution de l’Assemblée nationale. Sont invités à prendre part à ces concertations les partis politiques, les organisations de la société civile, le M5 RFP, les groupes signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger et les mouvements signataires de l’accord, les organisations syndicales, les associations et faitières de la presse.
L’on peut bien oser croire à cette junte sans trop se focaliser sur la durée de la transition. D’ailleurs, l’analyse comparative des transitions démocratiques fait ressortir qu’une transition peut avoir lieu dans des conditions et des contextes très différents et peut s’étaler dans une période plus longue pour réussir en fonction des acteurs et de la manière dont elle doit être conduite. Dans notre contexte précis, un récent sondage donnait même une large majorité des Maliens (à l’exception de farouches politiques véreux) favorable à une transition dirigée par les militaires et pour une durée plus longue que celle prônée par la CEDEAO.
Daniel KOURIBA
Le Renard du Mali