Le Président de la transition du Mali, le Colonel-major Bah N’DAW, officier retraité de l’armée malienne, ainsi que le vice-président, le colonel Assimi GOÏTA, ont prêté serment ce 25 septembre 2020 au Centre international de Conférence de Bamako. Les deux personnalités ont successivement prêté serment devant le président de la Cour suprême, Wafi Ougadeye CISSE, en présence du procureur général, Boya DEMBELE, pour une période de 18 mois.
Plusieurs personnalités ont assisté à la cérémonie. Il s’agit notamment du président bissau-guinéen Umaro SISSOCO EMBALO et de l’ancien président nigérian Goodluck JONATHAN, l’émissaire de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans la crise malienne ; de l’ancien président de la transition, le Pr Dioncounda TRAORE ; de la ministre ghanéenne des Affaires étrangères et de l’Intégration régionale, Mme Shirley Ayorkor BOTCHWEY ; des anciens premiers ministres ; des Ambassadeurs et autres membres du corps diplomatique accrédité dans notre pays, etc.
Cérémonie riche en couleurs
Après cette installation, la cérémonie est démarrée par la lecture du décret de désignation de Bah N’DAW, président de la transition et Colonel Assimi GOITA, vice-président. Puis, le procureur Général près la Cour suprême, Boya DEMBELE, fait la lecture de son réquisitoire, dans lequel, il présente les deux personnalités au public.
À la suite des réquisitions du Procureur général, c’est un géant de près de deux mètres, vêtu d’un grand boubou blanc, qui a donc procédé à la lecture de la formule du serment prévu à l’article 10 de la charte de la transition et consacré par l’article 37 de la Constitution.
Quelques instants après, ce fut le tour du colonel Assimi GOÏTA de se prêter au même exercice rituel.
Le président de la transition, Bah N’DAW sera ensuite décoré par le protocole de la République en sa qualité de chef de l’État.
Le quitus
Aux termes de cette cérémonie de prestation de serment, la Cour a renvoyé le président de la Transition Bah N’DAW, Chef de l’État et Colonel Assimi GOITA, vice-président de la transition à leurs fonctions respectives.
Cette investiture est censée marquer le début d’une période de transition d’une durée maximale de 18 mois préparant des élections générales et le retour des civils à la tête du pays, a rappelé le procureur général de la Cour suprême Boya DEMBELE.
«Elle ne doit pas s’éterniser, cela s’entend», a insisté le procureur, citant à plusieurs reprises les articles de la «charte de transition» du 12 septembre, dont le contenu n’a pas été officialisé.
Après avoir reçu les insignes de la République, le président de la transition, Chef de l’État, Bah N’DAW, a livré ses premiers mots au peuple malien. Il a promis de se battre de toutes ses forces pour honorer cette confiance portée en sa modeste personne. Il a également promis de conduire une transition stable et apaisée dans les délais convenus.
Le devoir et la mission
Au cours de cette cérémonie solennelle, tenue au Centre international de conférences de Bamako (CICB), le président de la transition malienne a pris plusieurs engagements.
Dans son tout premier discours, après son investiture à la fonction de président de la transition, le Colonel-major à la retraite Bah N’DAW a dégagé la ligne directrice de son action à la tête de l’État du Mali. Sa priorité sera : l’instauration de la sécurité, la lutte contre la corruption et l’impunité, l’application et le respect des accords internationaux, la lutte contre la pandémie de coronavirus, etc.
Le président de la transition Bah N’DAW estime qu’il faut mener sans délai une réflexion sur les tares du processus démocratique au Mali. Sur ce plan, il s’engage à combattre les scrutins aux « coûts astronomiques », l’achat des voix, la perversion des résultats, la corruption électorale.
Ce n’est pas tout, il s’engage également à asseoir une sécurité durable dans le pays. Mais pour gagner ce combat, il faut un choix politique, reconnait-il. La réalisation de ce choix politique passe par la disposition de moyens adéquats.
Aussi, des moyens seront-ils mis à la disposition de l’armée, car l’armée doit être bien équipée. Durant les 18 mois de la transition, Bah N’DAW s’engage à ce que les moyens de l’armée aillent totalement dans l’armée.
Autre priorité de Bah N’DAW, c’est la lutte implacable contre la corruption.
Selon le nouveau président, « la bonne gestion de nos maigres ressources » doit être une priorité. Car, « l’argent public est sacré ». À ses dires, sa gouvernance sera marquée par la lutte contre l’impunité. « Tous les dossiers d’enquête réalisés par nos structures seront transmis aux juges », s’est-il engagé.
Réformes politiques ?
S’agissant des conclusions du Dialogue national inclusif, le président de la transition Bah N’DAW ne doute aucunement de sa qualité. D’où, son engagement à s’atteler, sans délai, à l’application de ces conclusions. Cela sera de même pour l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger. En effet, selon le président Bah N’DAW, cette transition ne remettra nullement en cause les accords internationaux. Enfin, le président de la transition n’a nullement omis le côté sanitaire. Il s’est engagé à renforcer les acquis pour combattre la pandémie de coronavirus.
Une transition apaisée
Dans son discours d’investiture, Bah N’DAW explique que son ambition, c’est de mener une transition stable, apaisée et riche, dans le délai convenu. À ses dires, c’est un honneur pour lui de devenir l’esclave du Mali.
« Je suis prêt au sacrifice ultime pour que le Mali redevienne le Mali de nos rêves », a-t-il fait savoir. Il recommande de même aux Maliens : « n’ayons pas peur des mots », invite M. N’DAW avant d’indiquer que la Maison commune brûle, elle est « ébranlée, piétinée, affaiblie, humiliée par ses propres enfants ». C’est pourquoi chaque Malien doit apporter sa pierre à la construction de l’édifice national, a-t-il souligné.
Le tout nouveau président de la transition malienne devrait nommer dans les heures qui suivent, son Premier de ministre. Car en attendant, les voisins ouest-africains maintiennent les sanctions imposées par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), depuis le coup d’État militaire du 18 août. La tâche ne doit pas se consacrer à la désignation du président de transition. Les sanctions «seront levées lorsqu’un Premier ministre civil sera nommé», affirme la CEDEAO dans un communiqué.
Mais elle s’inquiète de l’emprise conservée par les militaires dans la transition. Elle souligne ‘’l’impossibilité pour le vice-président de remplacer le président de la transition» et réclame une version «finale et officielle» de ce plan de transition intitulé «charte» et invoqué à de multiples reprises pour légitimer l’investiture du président et du vice-président. Elle demande la dissolution du CNSP ainsi que la libération des personnalités civiles et militaires arrêtées suite au coup d’État, dont l’ancien Premier ministre Boubou Cissé.
Par Abdoulaye OUATTARA
Source : INFO-MATIN