Point de départ : Gare routière de Sogoniko, lieu de stationnement des Sotrama. Destination : Centre-ville ou « Rail da », communément appelle « Ambiance ».
Au bord de la route, un apprenti agrippé au flanc de la Sotrama nous apostrophe : il nous demande si nous sommes partants pour le Centre-ville. A peine, on lui donne notre consentement qu’il nous invite à monter le véhicule. Aussitôt le signal est donné au chauffeur de démarrer sans se soucier si nous nous sommes assis. C’est la course contre la montre.
A l’intérieur, une dizaine de passagers sont déjà installés. L’apprenti leur demande de nous faire de la place. Ce qui donne lieu déjà aux premières protestations. Tant bien que mal, nous nous faisons une place. Un coup de sa part au plafond et le chauffeur démarre en trompe, arrachant des insultes aux passagers, des grossièretés qui ne feront que déclencher le rire de l’apprenti. « Rail-da, Rail-da », continue de dire l’apprenti accroché à la portière, à chaque fois qu’il aperçoit un piéton.
A Badalabougou, un quartier de la Commune V de Bamako sur la rive droite, un vieillard était arrêté au bord du goudron. Il lève son bras et fait des signes au chauffeur. La Sotrama s’arrête pour le prendre. Les passagers déjà coincés, et estimant qu’il y a plus de place assise, protestent contre la montée du vieux. Ce dernier apparemment très pressé, s’asseoir comme il peut. A peine installé, il apostrophe une jeune dame :
«L’habillement des jeunes filles d’aujourd’hui laisse à désirer. Elles s’habillent sans pudeur, et viennent se plaindre quand elles se font violer. Alors qu’elles l’ont bien cherché ! ». Le débat s’installe, avec des invectives, entre les partisans du vieux et les soutiens de la demoiselle.
Au niveau du 2è Pont (Fahd), l’apprenti informe qu’il faut préparer les frais de transport et de préférence des pièces pour ne pas poser un problème de jetons. Au milieu du pont, il commence à encaisser les pièces allant de 150 à 200 FCFA, selon la distance que le passager a parcourue.
Après le pont, la sotrama se dirige vers le « Dabanani » (Grand marché de Bamako). Là, les véhicules sont confrontés à un monstre embouteillage. Certains passagers préfèrent descendre pour continuer à pied. Ainsi la sotrama se vide peu à peu. Nous préférons rester à bord, pour échanger avec l’apprenti.
Il s’appelle Alassane Traoré, il a 17 ans et est apprenti sotrama depuis bientôt une année. C’est après avoir raté le DEF, 3 fois, qu’il s’est retrouvé apprenti.
« Les études n’étaient pas faites pour moi. Alors j’ai opté pour ce métier qui me permet de me faire des sous à chaque fin de journée. De plus, la sotrama appartient à mon frère qui est également le chauffeur. Ensemble nous nous occupons des dépenses de la famille et économisons pour acheter une deuxième sotrama », raconte le jeune homme. Comparé aux apprentis malpolis décriés par beaucoup, Alassane est plutôt sympa et cordial.
Après 45 minutes de trajet, nous arrivons à l’arrêt final des sotrama en provenant de la rive droite, sis derrière le siège de l’Assemblée nationale. La sotrama reprend ainsi son trajet à la recherche de nouveaux clients. Cette ci, le trajet est appelé « Faladiè, Sogoniko, Yirimadjo, Magnambougou, … » Le cycle reprend !
Soumba DIABATE (Stagiaire)
Source: Bamako News