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Trafic de carburant-trafic de drogues-racket-vol de bétail : Le financement des réseaux criminels du Sahel en question

Le Sahel est le théâtre d’une guerre invisible mais colossale, où le carburant et les trafics illicites ne sont pas de simples incidents, mais les véritables moteurs d’une économie criminelle organisée.

Les saisies massives de carburant, bien qu’impressionnantes, ne sont que la partie émergée d’un iceberg bien plus vaste. Elles révèlent une réalité sombre et complexe où la lutte contre le terrorisme est autant une bataille économique qu’une confrontation militaire. Une économie criminelle florissante alimente ces groupes terroristes et mafieux. Cet article plonge au cœur des réseaux occultes qui brassent des milliards, financent les groupes armés et déstabilisent les nations de l’Alliance des États du Sahel (AES).

Sous le désert du Sahel, le trafic de carburant, moteur de cette guerre secrète des criminels, alimente le terrorisme et place les Nations de l’AES en position de légitime défense. Les réseaux occultes et mafieux subissent des pertes énormes avec les saisies record de carburant. Ces saisies massives ne sont que des signaux d’alarme d’une réalité plus sombre et complexe : une économie criminelle florissante nourrit durablement les groupes terroristes et mafieux qui déstabilisent le Mali, le Niger et le Burkina Faso. C’est un secret de polichinelle : la guerre contre le terrorisme dans la région n’est pas seulement menée sur le terrain ; c’est aussi une bataille économique acharnée au cœur de réseaux occultes brassant des milliards.

 

Le moteur de la violence : une économie souterraine multiforme

La persistance des groupes terroristes au Sahel est indissociable de leur capacité à générer des revenus colossaux et à s’approvisionner sans entrave. Loin d’être des entités isolées, ils sont au cœur d’un écosystème criminel sophistiqué. Parmi les trafics majeurs, on trouve : la drogue (cannabis, khat, kush, cocaïne de transit), les êtres humains (exploitation, rançons), les armes (depuis la Libye et les marchés clandestins), et de nombreuses marchandises contrefaites et de contrebande (carburant, produits de première nécessité, médicaments). C’est la base de cette économie souterraine qui se niche dans les dunes de sable, les grottes et les falaises. Le Sahel est devenu une autoroute sans péage pour le crime organisé transfrontalier, avec des groupes djihadistes et terroristes qui exploitent les mines d’or à ciel ouvert. Les millions de litres de carburant saisis illustrent le besoin vital de ces groupes en logistique et leur capacité à acheminer ces ressources pour leurs opérations. Ce business rentable repose également sur le racket, le vol de bétail et l’imposition illégale des populations locales, soumises à l’acquittement forcé de la zakat. Pour compléter ce tableau financier, ces groupes armés terroristes fonctionnent comme de véritables entreprises criminelles, avec des salaires pour leurs combattants et une chaîne logistique robuste.

On chercherait à faire du Sahel l’épicentre du terrorisme mondial qu’on ne s’y prendrait pas autrement qu’en érigeant des groupes tactiques opérationnels (GTO) dont les éléments actifs sont recrutés dans des ambassades, des passeurs de clandestins et des mercenaires entraînés, armés, équipés et mis en service pour des opérations criminelles ou des trafics illicites. Telle est leur modus operandi pour financer cette entreprise criminelle : une guerre secrète alimentée par des réseaux criminels sophistiqués, leurs sponsors et chefs commanditaires.

Ce grand Sahel, couvrant la zone du bassin du Liptako-Gourma – point de rencontre des trois frontières que partagent le Mali, le Niger et le Burkina Faso – est ainsi devenu le théâtre constant d’une crise sécuritaire entretenue par les groupes terroristes et mafieux qui prospèrent grâce à des réseaux de financement occultes et des soutiens étatiques camouflés.

 

À combien s’évalue une telle entreprise criminelle ?

Si une évaluation précise est complexe, les sommes brassées se chiffrent en millions, voire en milliards de dollars à l’échelle régionale et transnationale.

Le trafic de drogue à lui seul génère des milliards de dollars à l’échelle souterraine, et le trafic d’êtres humains est estimé à 150 milliards de dollars par an dans cette jungle de violence globale et ces « no man’s land ». La monnaie la plus usitée dans ces contrées infestées de djihadistes et de bandits est le Franc CFA. Malgré la volonté des pays de l’AES de s’affranchir du Franc CFA et de la tutelle économique française, le CFA reste la monnaie courante dans ces régions. Les transactions criminelles se font souvent en espèces, mais le CFA, étant une monnaie stable et convertible, est utilisé pour les achats de biens et services, le paiement des salaires, et le blanchiment d’argent à travers des circuits informels (hawala) ou l’économie réelle (commerce, bétail). La traçabilité de ces flux est un défi majeur pour les autorités militaires du Mali, du Niger et du Burkina Faso.

 

Qui finance ces groupes terroristes ?

Le financement des groupes terroristes repose sur plusieurs sources. Le trafic de carburant et de marchandises en est une majeure, comme le confirment les saisies record. Le carburant, souvent acheminé depuis le Nigeria, sert à la fois à financer les opérations et à alimenter les véhicules des groupes terroristes. Des opérations récentes ont permis la saisie de 27.475 litres de carburant au Niger, destinés à des groupes terroristes au Sahel. Au Burkina Faso, une autre saisie a intercepté 7300 litres de carburant, soulignant l’ampleur de ce trafic, souvent lié à d’autres formes de contrebande, notamment la drogue et les armes.

L’extraction artisanale de l’or est également devenue une source de revenus significative pour les groupes armés, qui exploitent ou taxent les sites d’orpaillage, et parfois même s’y livrent directement. C’est aussi un terrain de recrutement pour les djihadistes. D’autres marchandises de contrebande, y compris des produits de première nécessité, des médicaments, et même du dynamite (utilisé dans l’orpaillage illégal, nouvelle source de financement et de recrutement), contribuent à cette économie souterraine. En 2019, le Niger, le Mali et le Burkina Faso ont perdu plus de 120 millions de dollars à cause de la contrebande d’or. Cet « or noir de la terreur » fait le nid de l’orpaillage illégal, fournissant main-d’œuvre et recrues.

 

Guerre asymétrique contre les pays de l’AES

Les pays de l’AES sont confrontés à une guerre asymétrique d’une complexité rare, couplée à des tentatives de déstabilisation intérieure. L’immensité du territoire et la porosité des frontières sur de vastes étendues désertiques et semi-désertiques rendent le contrôle des frontières et du mouvement des groupes terroristes extrêmement difficile. La présence étatique est limitée dans de nombreuses zones, créant des « zones grises » où les groupes armés opèrent en toute impunité. La corruption au sein de certaines administrations ou l’absence de forces de défense et de sécurité sur le terrain peut également alimenter les trafics, accélérant la faiblesse des institutions et entamant la crédibilité de l’État de droit. La crise humanitaire et environnementale, sous la poussée du changement climatique, de la désertification et de l’insécurité alimentaire, aggrave la vulnérabilité des populations, les rendant plus susceptibles d’être recrutées ou de collaborer avec les groupes armés pour survivre. Des déplacements massifs de populations sont également provoqués par des conflits intercommunautaires instrumentalisés. Ces tensions préexistantes entre agriculteurs et éleveurs, et différents groupes ethniques, sont largement exploitées par les terroristes et leurs médias pour attiser la violence et recruter de nouveaux éléments.

Dans cette guerre de l’information visant la déstabilisation intérieure des États de l’AES, les groupes terroristes mènent des campagnes de propagande efficaces, incitant les populations locales à manifester leur frustration envers leurs États sous régime de Transition. Des acteurs extérieurs, présents sur les médias comme France 24, TV5 et RFI, cherchent à alimenter la discorde sociale et politique pour leurs propres intérêts géostratégiques, affaiblissant la cohésion nationale.

Face à cette agression extérieure manifestement « sponsorisée et commanditée » pour des enjeux géostratégiques vitaux, les pays de l’AES ont affiché une volonté inébranlable de souveraineté. Les opérations militaires conjointes (Yereko 1 et Yereko 2) dans le Sahel s’inscrivent dans une dynamique parallèle de déconstruction de cette économie souterraine, mue par de véritables « entreprises criminelles » dotées d’une capacité d’achat considérable. La libération de Kidal, arrachée à la « sorcière des sables » le 14 novembre 2023, est un symbole pour toute la sous-région, révélant une réalité géopolitique et diplomatique immense : la mise sous tutelle étrangère illégale d’une localité aurifère pendant dix ans.

Khaly-Moustapha LEYE

Source: L’Aube

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