Durant sa tournée dans la Région de Sikasso, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, a participé à la cérémonie de décoration de 32 militaires à Sikasso. La cérémonie a eu lieu vendredi au camp Tièba Traoré, juste après un repas de corps que le chef de l’Etat, chef suprême des armées, a partagé avec les militaires. C’était en présence des familles des militaires distingués et des officiels de la capitale du Kénédougou.

Les 32 militaires décorés par le ministère de la Défense et des Anciens combattants se sont distingués au cours d’opérations diverses. D’autres éléments des forces de défense et de sécurité, actuellement sur le front de la lutte contre l’insécurité et le terrorisme, recevront prochainement leurs médailles.
L’occasion a été mise à profit par le ministre Tiéman Hubert Coulibaly de rappeler que depuis la crise de 2002 en Côte d’Ivoire, suivie de celle de 2006 en Guinée, les unités de la Région de Sikasso sont engagées dans l’opération « Soutoura ». Avec des capacités souvent réduites, les unités de la Région sont intervenues, soit à l’initiative du commandement local, soit sur ordre de l’échelon supérieur.
Les forces de défense et de sécurité ont joué pleinement leur rôle suite aux attaques terroristes des 10 et 28 juin 2015 contre les postes de sécurité de la région et des symboles de l’Etat à Misséni et Fakola.
« Après la destruction de leur base dans la forêt de Saman et malgré l’interpellation par nos services de sécurité, de certains de leurs leaders spirituels et sympathisants, il nous revient que ces groupes armés, quoique totalement désorganisés pour le moment, recherchent à se sanctuariser dans la bande frontalière avec la Côte d’Ivoire. Ils pourront user des modes d’action les plus variés, mais tous probablement terroristes. Leur intention profonde est de s’offrir les avantages du terrain et des ressources de notre sous-sol pour déstabiliser les Etats de la sous-région au nom de l’intégrisme religieux et au profit du narcotrafic et du banditisme transfrontalier. Il s’agit plus que jamais de leur barrer la route en les recherchant, en les traquant et en les neutralisant au besoin », a recommandé le ministre de la Défense et des Ancien Combattants.
Face à cette situation, le département de la Défense a initié un certain nombre d’actions. Une nouvelle opération dénommée « Saman » a ainsi été lancée. Sa fusion est envisagée avec l’opération « Soutoura » pour ensuite ouvrir un nouveau théâtre d’opération. Bien sûr, dans un cadre légal. Déjà, un accord de coopération militaire et technique a été signé avec le voisin guinéen. Des visites effectuées en Côte d’Ivoire par des responsables de la Défense ont permis d’orienter les actions dans le cadre de la signature d’un accord similaire avec ce pays. La même démarche est envisagée avec le Burkina Faso.
Le ministre de la Défense et des Anciens combattants a expliqué que la signature de ces différents accords permettra de mutualiser les capacités sous-régionales pour confronter avec plus d’efficacité le fléau du terrorisme sous ses diverses formes.
Tiéman Hubert Coulibaly a ensuite annoncé des bonnes nouvelles pour les militaires : l’incorporation de la prime de risque dans la solde, l’amélioration de la grille indiciaire des personnels et l’indemnité compensatrice de logement. Tout cela se fera conformément à la première Loi d’orientation et de programmation militaire que le président a promulguée avec diligence.
D’autres bonnes nouvelles annoncées par le ministre aux soldats depuis le camp Tiéba Traoré de Sikasso sont la signature de contrats d’acquisition de nouveaux équipements terrestres et aériens et de remise en état de ceux existants.
Déjà la formation des premiers formateurs du Bataillon d’unités spéciales dans la Région de Sikasso a pris fin. « Le processus de recrutement de jeunes soldats s’annonce, donnant l’espoir et offrant la perspective d’apporter un souffle neuf à des forces limitées et en même temps vieillissantes », a souligné le ministre.
Des besoins nouveaux, non nécessairement prévus par la Loi d’orientation et de programmation militaire mais fondamentalement édictés par le devoir de vaincre les terroristes et leurs alliés, pourront se révéler. Parmi ces besoins, cités par le ministre, figurent les efforts supplémentaires liés à la réalisation de nouvelles infrastructures dans la Région de Sikasso avec toutes les commodités requises et la réhabilitation des anciennes installations fortement éprouvées.
Envoyé spécial
A. DIARRA

AU PLUS PRES DES FAMAS
A l’occasion de la cérémonie de décoration des 32 militaires, le chef de l’Etat, chef suprême des armées, s’est adressé aux forces de défense et de sécurité. Une adresse dont nous proposons les extraits essentiels. « Nous sommes venus ici pour vous dire combien cette vieille nation est fière de vous et compte sur vous (…) Comment l’armée du général Soumaré, formée aux vertus les plus nobles de notre peuple, pourrait-elle se muer en un corps inerte, sans âme, sans esprit patriotique, à la merci du tout-venant et du premier venu ? Non, telle n’est pas l’armée du Mali ; telle ne sera jamais l’armée du Mali ; telle ne sera jamais l’armée dans laquelle vous servez avec honneur et dignité !
Soldats du Mali, vous êtes mon arme de décision politique. Chers soldats du Mali, je vous le dis parce que je le pense, je le crois en mon âme, dans mon cœur. Quand je vous regarde, je suis fier de vous. Tenue impeccable, la patrie au cœur ! Vous saurez vaincre, vous saurez surmonter tous les périls auxquels on soumet aujourd’hui notre pays. Tous les enjeux qui tournent autour de nous voudraient, sans le dire et sans l’avouer, nous assujettir.
Mais que non ! Jamais la patrie de Babemba et Tièba Traoré, de Soundjata Kéita, de Firhoun, ne sera de nouveau assujettie par qui que ce soit. Soldats du Mali, armée du Mali, c’est à travers vous que je dois dire en face du monde que le Mali doit sa fierté d’être à vous (…) Vous ne venez pas du néant, vous venez d’un pays qui fut quand certaines grandes nations d’aujourd’hui n’étaient pas.
Des puissances économiques ont été fondées à partir de notre pays. C’est  l’or du Soudan, du Bambouk et du Bouré qui a servi à la frappe de monnaies qui firent jadis le bonheur de nombre de pays européens. Nous ne sommes pas n’importe qui. Nous sommes le Mali, le Mali éternel. Soldats du Mali, je suis venu ici aujourd’hui, vous dire mon engagement total à faire de notre armée, une armée parmi les meilleures.
Tout a été fait par certaines puissances pour empêcher l’équipement des FAMA. Mais vous serez équipés adéquatement Inch’Allah ! Ou alors notre vie n’aura pas de sens. Notre mission n’est pas de venir jouir du pouvoir, mais de servir le Mali. Et servir le Mali aujourd’hui, c’est servir nos forces de défense et de sécurité.
Il est temps que nos forces armées soient dans des logis décents. Le rassemblement des forces de défense et  de sécurité doit se faire dans les conditions dignes de toutes forces de sécurité. Je suis venu ici, pas en touriste, mais vous sentir et me sentir au plus près de vous. Le repas de corps que j’ai partagé avec vous n’a rien de folklorique. Il est un témoignage. Dans toute société, le partage du pain n’a jamais été anodin. C’est pour vous dire que la vie de chacune et de chacun d’entre vous m’importe au plus haut degré. Et nous ferons tout pour qu’elle soit sauve, pour que vous soyez en capacité de défense en toute circonstance grâce aux équipements auxquels vous avez droit et dont vous avez besoin. Quand vous êtes en mission, je ne dors pas ».
Avant de partager le repas de corps avec les militaires, le président de la République avait été briefé à huis-clos par le chef de la zone de défense n°8, le colonel Khalifa Sanogo, sur la situation sécuritaire de la Région de Sikasso.
A. D.

BONNE MOISSON

D’une superficie de 71 790 km², la Région de Sikasso avec ses 6 cercles contribue largement au développement du pays. Zone de grande production agricole et pastorale, la région est aujourd’hui exposée à trois menaces : la criminalité transfrontalière, les conflits liés à l’exploitation du sous-sol (agriculteurs-éleveurs-orpailleurs), le terrorisme.
Les attaques terroristes survenues à Misseni le 10 juin et Fakola le 28 juin sont des cas particuliers. Aussitôt, les FAMA ont monté une opération pour empêcher toute sanctuarisation de groupes armés dans la bande frontalière avec la Côte d’Ivoire et particulièrement dans les forêts de Saman et Sokourani. Au cours de cette opération, 5 militaires ont été blessés. Du côté des assaillants, 5 ont été tués et 35 suspects arrêtés. Les FAMA ont également saisis 13 motos, 15 lance-roquettes antichars (LRAC), 14 roquettes, des armes individuelles et des munitions, des accessoires pour la confection d’engins explosifs improvisés, et des produits stupéfiants.
A. D.

source: L’ Essor