Communément appelée « TON », la tontine est une association de personnes généralement composée de femmes, qui mettent le plus souvent en jeu l’argent ou quelque chose d’autre accepté par tout les membres de l’institution. Ces femmes se regroupent une fois par mois afin de donner, à l’issue d’un tirage au sort, une somme convenue à l’une d’entre elles.
Ce n’est pas fortuit la constitution des membres de cette tontine. Très généralement, elles se réunissent soit en catégorie d’âge, soit sociale, soit professionnellement ou autre, avec pour souci premier le social. Comme laisse entendre Djènèba Koné, âgée d’une cinquantaine d’année, membre d’une tontine qui regroupe des sœurs et ressortissantes de son village, « Avant l’argent c’est la fraternité qu’on voit d’abord ; la preuve en est que dans notre tontine il n’y a pas d’intruse. Nous avons vu que personne n’a le temps actuellement vu les préoccupations de tout un chacun. Donc nous sommes convenues sur un jour afin de nous rencontrer, histoire d’échanger et prendre les nouvelles les unes des autres. Tout le monde vient obligatoirement. C’est suite à cela qu’on introduit l’argent, pour s’aider mutuellement au moment opportun».
Elles s’entraident, même au-delà du regroupement de la tontine. Lors des cérémonies de baptême, de mariage, de funérailles, les membres cotisent pour venir en aide financièrement ou matériellement à l’intéressée. Djènèba nous explique : « Nous sommes déjà plus d’une cinquantaine de personnes ; donc nous cotisons chacune 5000 FCFA pour l’intéressée. Et si elle souhaite également avoir sa part de tontine on lui remet cela aussi. Le total de notre tontine est de 495000 FCFA, sans compter l’argent de la bouffe qui va dans les 60.000 FCFA. Déjà, voyez-vous, ce que cela vaut, surtout en un jour aussi crucial et en temps de crise, pour se dépanner ? Donc en plus de l’argent, le social, la fraternité priment dans notre tontine. Tous les membres se rendent si possible à la cérémonie».
La tontine une source d’économie des gains quotidiens des femmes maliennes après leurs ventes et courses, soutient Awa Koné. «Pour sauvegarder mon argent, savoir si je m’en sors bien ou pas dans ma commerce je suis rentrée dans une tontine. C’est grâce à l’argent que j’épargne tous les jours après mon commerce que je m’en sors quotidiennement. L’argent que mon mari me donne étant insuffisant, j’ai décidé de rentrer dans la tontine de mon marché, afin de rentabiliser mon commerce. Je suis vendeuse de condiments. Chaque jour je cotise 100 FCFA avec une trentaine de personnes et chaque 5 jours quelqu’un prend. Sans cela, je ne pourrais pas faire grand chose. Les gens diront: et pourtant elle travaille. Vraiment, la tontine c’est une très belle chose. C’est avec l’argent de mes tontines que j’ai pu inscrire mon enfant dans une école supérieure, afin qu’il ne reste pas à la maison après ses 4 ans d’études universitaires ».
Sans la tontine, rares sont les femmes, généralement les mères de famille, qui peuvent réaliser beaucoup de choses. Dans le souci de bien faire face à leurs obligations sociales dans les cérémonies inévitables et d’être bien vues lors de ces événements, la tontine est, pour les femmes qui y adhèrent, une véritable providence.
Mais au contraire d’autres femmes, de la haute société celles-là, ne pensent qu’à faire du gâchis, si l’on ramassait par terre l’argent. Ceci se confirme lors des cérémonies des femmes. Elles jettent l’argent par la fenêtre. C’est le prix du nom, le « tôkôsongon ».
Il faut voir l’argent qu’elles dépensent sur les griots ! Certaines parmi elles ont oublié qu’elles ont travaillé dur pour avoir cet argent.
Des hommes, qui ne savent pas la portée sociale de la tontine, se demandent pourquoi les femmes se cassent la tête avec les tontines, alors qu’il y a les institutions de microcrédit partout à Bamako.s
Source: Le Guido