Les femmes de la commune rurale de Tonka, cercle de Goundam, mènent plusieurs activités génératrices de revenus leur permettant d’assurer leur autonomie financière. Cependant, elles sont confrontées à plusieurs difficultés, entre autres, l’insécurité qui a paralysé leurs activités. Mme Maiga Aissa Alassane Touré, ressortissante de cette localité à Bamako, déplore la situation et plaide pour le retour de la paix.
Située à 33 km de son chef-lieu de cercle, Goundam, dans la région de Tombouctou, la commune rurale de Tonka n’est pas à l’abri de l’insécurité qui a paralysé les activités génératrices de revenus, non seulement des femmes, mais aussi de la jeunesse, deux couches fragilisées et désœuvrées. Mme Maiga Aïssa Alassane Touré peint sans détour la situation de ses sœurs.
« Tonka est une zone cosmopolite où les femmes sont vraiment à la base de tout. Elles sont commerçantes, éducatrices, paysannes. Elles cultivent et reviennent vendre leurs produits.
Elles sont avec leurs maris qui pêchent. Elles prennent le poisson et vont les vendre mais malheureusement aujourd’hui, elles sont meurtries. Les maris n’arrivent plus à cultiver dans le Horo comme il le faut.
La petite récolte qu’ils ont, on les intercepte en cours de route on leur retire ça. Comment peuvent-ils l’amener en ville pour que les femmes puissent la vendre ? Les pêcheurs, c’est la même chose. Leurs femmes partent jusqu’à Echelle, Diré, Tondifarma, très tôt le matin, pour prendre le poisson. Elles ont des motocyclistes à qui elles remettent ces poissons pour venir les vendre à Goundam qui est enclavé car il n’y a pas de fleuve.
Tous les jours, en général, à 9h, il y’a du poisson à Goundam. Mais, aujourd’hui, on l’intercepte. On te tue. On prend le poisson, on le jette. On prend la moto, on l’amène », déplore Mme Maiga.
Pour Aïssa Alassane Touré, l’insécurité a atteint son paroxysme. Les populations sont exaspérées. « Les gens sont meurtris et ne savent même pas quoi faire. Les femmes sont carrément désœuvrées. C’est pitoyable. Finalement, on ne s’est pas à qui se confier. La jeunesse aussi est désœuvrée. Les jeunes ne peuvent même pas partir dans leur eldorado qu’est le Horo. Les enfants sont là désœuvrés près des parents », a-t-elle souligné.
Face à la gravité de la situation, les femmes ne sont pas restées les bras croisés. D’où leur rencontre avec les mouvements armés du cercle de Goundam lors de la mission des bons offices. « On a été voir les groupes armés en tant que femmes. On leur a dit : on vient chez vous, les mains nues, les larmes aux yeux. Ce qui se passe, aujourd’hui, dans le pays, c’est du jamais vu et on veut que ça cesse », a plaidé Mme Maiga Aïssa Alassane Touré.
Cette situation n’a pas émoussé la volonté des femmes de Tonka qui comptent persévérer.
Par Almoudou M. BANGOU
Source: Canard Déchainé