Créée par ordonnance n°18-PGP-RM du 05 octobre 1960, la Pharmacie Populaire du Mali (PPM) est un Etablissement Public Industriel et Commercial, doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière. Elle est chargée de l’approvisionnement, du stockage et de la distribution des médicaments essentiels sur l’ensemble du territoire. Mais dans son dernier rapport, le Bureau du Vérificateur général a recensé plusieurs irrégularités dans sa gestion, dont des stocks importants de médicaments périmés dans ses magasins.
« La PPM n’a pas pu justifier la distribution de 64.000 produits pharmaceutiques d’une valeur de 24,9 millions CFA », indique le rapport du Vérificateur général. Où sont donc passés ces produits d’une valeur de 24,9 millions CFA ? Mystère et boule de gomme.
Plusieurs mois après le passage des enquêteurs, le directeur général d’alors s’est montré incapable de justifier la destination de ces fonds.
Des stocks importants de médicaments périmés
Selon le rapport du Vérificateur général, le volume des médicaments périmés est important à la PPM. Très important. Leur valeur financière est estimée à 245,4 millions CFA en 2015 ; 199,5 millions CFA en 2016 et 1,14 milliards CFA en 2017.
Dans 15 autres magasins de Bamako, Sikasso, Ségou, Koulikoro et Koutiala, les enquêteurs du Vérificateur général ont découvert des stocks importants de médicaments d’une valeur de 5,71 millions CFA.
Mieux, ajoutent les enquêteurs, la PPM ne respecte pas ses engagements avec l’Etat. Elle n’a pas pu fournir, dit le rapport, la preuve de la validation, par les structures de santé, de leurs besoins en intrants. Une insuffisance qui, selon le Bureau du Vérificateur général, peut conduire à des achats de produits qui ne correspondent pas aux besoins exprimés.
Chargé du suivit du contrat-plan, le Comité ne fonctionne guère. Il n’a tenu aucune réunion au cours de ces trois dernières années. Pire, ses membres n’en ont pas le statut. Il s’agit, notamment, du DGA, du directeur de département Finances et Comptabilité et de deux chargés des contrats-plans.
3,17 milliards CFA de créances non recouvrés
Autre irrégularités recensées à la PPM par les enquêteurs du Vérificateur général : l’inefficacité de la conservation des stocks de médicaments et les délais de livraison, jugés de plus en plus long.
Dans le premier cas, les enquêteurs du Bureau du Vérificateur général ont découvert que la PPM n’applique pas la procédure de stockage et de rangement des produits pharmaceutiques. A Bamako et à Koulikoro, par exemples, les magasins servent de lieu d’entreposage des produits périmés à côté de ceux non périmés ; tandis que dans le second cas, il a été constaté que les livraisons de médicaments faites à la l’hôpital du Mali ont connu des délais moyens de 35 à 57 jours, entre 2015, 2016 et 2017.
S’y ajoute le mécanisme de recouvrement des créances, jugé défaillant. A la date du 26 septembre 2018, les structures sanitaires doivent à la PPM 426,58 millions CFA. Le ministère de la Santé lui devait, en février 2018, un montant de 3,17 milliards CFA.
Le non-recouvrement des créances du fait de l’absence d’un mécanisme de suivi est, selon le Bureau du Vérificateur général, de nature à exposer la PPM à des difficultés de trésorerie.
Oumar Babi
Source: Canard Déchainé