Fortifier les liens qui unissent les Maliens, tel est l’objectif du festival Vivre ensemble dont la quatrième édition s’est tenue du 17 au 19 janvier 2020 à Tombouctou.
Hommes, femmes, vieux et jeunes se sont réunis pour célébrer ce qui leur est le plus cher, à savoir Tombouctou, à travers le festival Vivre ensemble. Le vendredi 17 janvier, après la prière collective à Djingarey-Ber, la grande mosquée construite entre 1325 et 1327, un seul lieu était la destination dans la « ville aux 333 saints » : le monument Flamme de la paix.
Pour mémoire, c’est le 27 mars 1996 que le président Alpha Oumar Konaré (1992-2002) a choisi pour inaugurer ce monument, en compagnie de son homologue ghanéen John Jerry Rawlings. Situé dans le quartier d’Abaradjou, au nord-ouest de la ville, l’édifice comprend les murs de l’histoire, un bûcher et une silhouette de quatre personnes tenant le flambeau de la paix. Dans le nord du pays, son inauguration symbolisait le retour de la paix troublée par les rébellions des années 1990.
« Préservation de la culture de la paix »
Nos interlocuteurs font, presque tous, le même appel : celui à la préservation du patrimoine culturel, de la culture de la paix et de l’entente, à la consolidation des liens à travers la multiplication d’actions comme le festival. « Je suis très heureux de voir Arabe, Peulh, Sonrhaï, Tamasheq et toutes les autres communautés réunis pour faire revivre le patrimoine culturel, confie Salaha Maïga, directeur du festival. Main dans la main, nous avons dansé, sauté. Nous avons visité ensemble nos sites culturels. Ces trois jours de collaboration sont un exemple du vivre ensemble ».
Il ajoute que le festival bénéficie du soutien de personnes de bonne volonté, d’organisations locales et internationales comme la mission onusienne de maintien de la paix (Minusma), Instruments For Africa, Caravane culturelle pour la paix, Lecture vivante. Mais M. Maïga ajoute une ombre au tableau : le manque de soutien du ministère malien de la Culture.
Retrouvailles
Sous le thème « L’utilité du patrimoine culturel dans la consolidation de la paix », cette quatrième édition du festival Vivre ensemble a été marquée par plusieurs activités : reboisement, ateliers de formation sur l’éducation à la culture de la paix, sur la prévention de l’extrémisme violent, en passant par la visite des sites touristiques et des stands d’exposition d’objets d’art. Pour couronner le tout, une dune littéraire a servi de cadre d’échanges réunissant les jeunes écrivains et lecteurs de la région et la prestation artistique du Vivre ensemble.
« Nous nous sommes retrouvés, avons marché côte à côte dans notre ville, de la mosquée Djingarey-Ber à Sidi Yehiya. En ces instants, il n’y avait pas une question de communauté mais de Tombouctou. Je suis très soulagé de voir tout le monde mobilisé pour la même cause », lance un festivalier.
Prestations artistiques
Djaba régional de Tombouctou, un groupe de musique, a été le premier groupe à chauffer la piste. Après, est venu le groupe Inhadane de Mohamed Touareg et plein d’autres groupes qui nous ont fait voyager, par les rythmes de la guitare, dans les répertoires musicaux des régions de Tombouctou, Gao, Kidal durant les trois jours. Les voix d’or de Kankou Kouyaté et de la troupe Khaïra Arby donnaient des frissons : tout le monde était concentré et silencieux.
« Ces instants sont magiques. Je suis très contente d’être là et ai beaucoup appris durant ces trois jours. Les activités qui nous unissent de la sorte doivent être multipliées », fait remarquer Hadjaratou Maïga, venue de Bamako spécialement pour le festival. Elle pense que les initiateurs doivent être encouragés et appuyés, car les retrouvailles sont déjà un pas en avant pour la paix. Comme Hadjaratou Maïga, ils étaient nombreux ceux qui sont satisfaits de la festivité et impatients de voir un autre ensemble d’activités de ce genre se reproduire.
Source : benbere