Confronté à la présence des groupes terroristes du JNIM, la recrudescence des attaques et des vols depuis le début de l’année a conduit Tombouctou à réagir. Le 17 janvier, « La ville aux 333 saints », classée au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO, a organisé une journée « ville morte » pour protester contre l’insécurité récurrente. On le voit, la population se mobilise et ose défier les terroristes, comme Talha Al Libi, exécutant de la katiba Al Furqan qui sévit dans la région.
Tombouctou fait l’objet d’un harcèlement quotidien des terroristes et en particulier du criminel et trafiquant « Talha Al Libi ». Les explosions et les attaques, les agressions du groupe dont il fait partie s’enchaînent depuis de nombreuses années mais le mois de janvier marque une intensification de leurs actions, ciblant principalement les forces armées maliennes. Carrefour entre le sud et le nord du Mali, Tombouctou est le nœud de tous les trafics. La katiba Al Furqan, groupe terroriste particulièrement présent dans la ville, verrouille les échanges et organise les trafics, les vols et enlèvements. Leurs méfaits provoquent le désarroi des habitants : insécurité, école fermées, pauvreté, malnutrition, accès déficient aux soins et à l’éducation, jeunesse à l’abandon … La population est prise en otage et ne peut s’émanciper.
A une situation sécuritaire précaire s’ajoute une situation climatique et humanitaire particulièrement difficile dans la ville et sa région. La sécheresse du fleuve Niger, accentuée par une pluviométrie peu abondante cette année, n’a pas permis d’irriguer les cultures autant que nécessaire. Le volume des récoltes par conséquent ne permet pas la survie d’une agriculture vivrière. Cette situation entraine l’enclavement de la ville et rend les approvisionnements en denrées de première nécessité difficiles. Le prix des produits alimentaires de base, comme le riz et les céréales, ne fait qu’augmenter au cours de ces dernières semaines dégradant un peu plus les conditions de vie déjà précaires.
Malgré cette situation, aggravée par les multiples attentats qui ont endeuillé notre pays ces derniers jours, la « perle du désert » ne baisse pas les bras. La journée « Tombouctou ville morte » du 17 janvier 2018, marque le début de cette résistance. Aidée par la montée en puissance, l’esprit patriotique et la détermination des FAMa dans la région, la population se rassemble. Elle ose briser le silence sur les agissements des bandits et est bien décidée à se reprendre en main. Des jeunes du quartier Bèllè Farandi ont ainsi décidé d’interdire la circulation des motos et véhicules à partir de 23 heures pour mettre fin aux vols et braquages dans leur quartier.
L’éducation et l’apprentissage de nouveaux métiers permettent également de se soustraire à la pression des terroristes sur les jeunes. L’instruction de la jeunesse permet de lutter contre l’obscurantisme des terroristes et de nombreux programmes d’accompagnement et de développement ont vu le jour dans la région. Piloté par le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) et financé par la Norvège à hauteur de 2 millions de dollars, un des projets offre l’opportunité, à des milliers de jeunes déscolarisés de la région de Tombouctou, de bénéficier d’une formation dans des secteurs industriels autres que l’agriculture. Ils vont pouvoir, de cette manière, devenir autonomes et accéder à des emplois dans des secteurs industriels attractifs. La propagande des terroristes pour leur recrutement s’en trouve considérablement affaiblie.
La barbarie, les assassinats et les enlèvements exécutés par des terroristes comme Talha Al Libi, n’ont qu’un seul but : détourner Tombouctou du processus de paix, seul chemin réaliste vers la prospérité. L’obscurantisme des terroristes, loin des réalités et des attentes des populations, sera renversé. Tel un majestueux baobab dans la tempête, Tombouctou regarde son peuple se prendre en mains pour éviter de perdre ses racines. Tombouctou plie mais ne cède pas.
Paul-Louis Koné
La rédaction