Suivez-nous sur Facebook, Telegram, WhatsApp pour ne rien rater de l'actualité malienne

Tissage traditionnel : UN ART EN PERIL

Pendant des siècles, les tisserands ont joué un grand rôle dans le développement socio-économique et commercial au niveau de la société africaine

Tisserand travail tissu

Cette pratique ancestrale survit péniblement dans nos sociétés.Et pourtant la présence d’un métier à tisser, dans une famille ou un village était le signe de l’union et de la solidarité pour nos ethnies. Les tisserands étaient même encouragés par les chefs de famille à s’installer chez eux. La pratique du tissage est généralement réservée aux hommes de caste, par contre, dans certaines contrées notamment bambara, il est ouvert à tout le monde. Certains tisserands sont agriculteurs. Ils se déplacent pendant la saison sèche de village en village. Mais de nos jours la pratique a pris du plomb dans l’aile à cause de l’industrialisation. Cette disparition s’explique par l’introduction de l’industrie textile par le colonisateur. Elle a été implantée dans beaucoup des pays africains après l’accession de l’indépendance. Mais ces dernières années une vague de retour aux tissus traditionnels monte progressivement. Les tisserands évoluent généralement ensemble pour marquer la solidarité et l’entr’aide symbolisées par les différents outils de cette profession. Dans notre société le tissage est généralement réservé aux hommes. Les femmes sont les principales clientèles qui engagent les hommes à réaliser le motif de leur choix.
Les métiers à tisser, leurs formes, leurs accessoires, leur diffusion ainsi que le processus de fabrication des étoffes, diffèrent selon les régions et les ethnies. Le métier à tisser le plus largement répandu au Mali est horizontal, à deux bandes lisses. Les femmes s’y mettent petit à petit. Elles sont favorisées par la politique du genre qui leur ouvre la voie à toutes les professions. La femme tisse en se servant d’un métier vertical, à liseron. Les mailles sont une sorte de boucle de fil faisant partie d’une lisse. L’outil de travail de ce métier est formé de quatre perches et de deux planchettes. Autrefois, ce métier était fabriqué avec un morceau de tige de mil débarrassé de son contenu. Mais de nos jours, le tisserand le confectionne chez le menuisier. Avec le modernisme, la vielle méthode cède la place à la nouvelle technique importée au Mali dans les années 1962 par les vietnamiens.
Installés à Bamako, depuis des siècles, les tisserands occupent les quartiers périphériques. Ces saisonniers venaient aider les femmes à fabriquer des pagnes destinés aux trousseaux de nouvelles mariées, ou pour réaliser le linceul des funérailles. Cette profession est réservée aux Mabo (caste de l’ethnie peulh). Ces hommes étaient le cerveau de l’industrie textile traditionnelle. Ils ont toujours joué un rôle important dans la vie socio – économique des pays de l’Afrique occidentale. Certains travaux étaient effectués dans les familles pour satisfaire une commande particulière. Les grandes demandes des rois, et des chefs étaient réalisées dans leur famille. Le tisserand était installé dans la famille pour permettre au roi ou à ses conseillers de surveiller la confection des habits du roi. Dans le passé les agriculteurs se transformaient en tisserands pendant la période sèche. Le tissage était un métier de l’intersaison, pratiqué par les agriculteurs, les éleveurs. Pendant des siècles, les tisserands ont joué un grand rôle dans le développement socio-économique et commercial au niveau de la société africaine jusqu’à la pénétration coloniale.
Le coton est la matière première de cette manufacture. Les fibres sont au préalable transformées en pelotes de fil par les femmes. Dans la société traditionnelle malienne le premier travail pour la réalisation d’un pagne est réservé aux femmes ayant atteint la quarantaine. Cette phase consiste à égrener, carder le coton brut, en tirer le fil qui sert à coudre les différents composants. La nouvelle politique de développement du coton au Mali, cause d’énormes difficultés nous révèle le doyen de l’atelier de Tissage de l’Institut National des Arts de Bamako. Mamadou Bréhima Traoré, professeur de tissage à l’INA, à la retraite, pense que la disparition de ce métier est bien visible. L’histoire enseigne que les tisserands étaient chargés de confectionner les habits des nobles en récompense de la nourriture et de l’argent. La création de la section des métiers d’art de l’Institut national des arts de Bamako permet de recruter par voie de concours sans référence ethnique.
Dans notre société, le tisserand joue un rôle important dans l’habillement de la nouvelle mariée. La marraine de la mariée, communément appelée en Bambara « Den Ba » est identifiée par le foulard symbolique conçu par le tisserand. Une couverture tissée aux dessins particuliers est offerte au nouveau mari par la famille de la femme pour attirer le bonheur sur la tête des mariés. Dans le temps cet objet d’art était réservé uniquement aux familles riches à cause de sa cherté. Le tisserand séjournait spécialement dans la famille pour la réalisation de cette couverture. Aujourd’hui la mondialisation et la modernisation de l’industrie textile handicape le tissage traditionnel. Il a tendance à disparaître pour plusieurs raisons : la cherté des produits de première nécessité et le problème de finition des produits artisanaux.
Dans les années 1972 les tisserands par dizaines occupaient plusieurs espaces à travers Bamako. Aujourd’hui ils sont solitaires et sont installés sous un arbre ou au pied d’un mur. « Je suis un mabo. C’est mon père qui a fait un artiste. Malgré la crise je dispose toujours de quelques clients fidèles qui passent commande » nous confie Mamadou Tamboura, tisserand à Kalaban-Coura. C’est difficile d’obtenir des fils traditionnellement faits par les femmes. Nous sommes obligés de travailler avec les fils industriels qui ne donnent pas la même qualité que les fils traditionnels.
Les tisserands selon la méthode traditionnelle sont rares. Elle demande beaucoup d’effort et de temps. Le nouvel équipement importé du Vietnam raccourcit le temps de travail. « Les tissrands sont obligés de suivre l’évolution du monde et le développement des industries textiles. « Le tissage traditionnel se meurt », a affirmé Mariam Sissoko, issue de la section tissage de l’INA.
A. SOW

Cinéma : «DEVOIR DE MEMOIRE» A ETE RECOMPENSE AU FESPACO
Notre pays figure bien au palmarès de la 25è édition du Festival Panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadou (FESPACO), qui a eu lieu du 25 février au 4 mars dernier.
Le documentaire « Devoir de mémoire » de Mamadou Cissé a obtenu le 2è prix du Documentaire. Ce film est réalisé sur l’occupation du nord du Mali. De mars 2012 à janvier 2013, les régions du Nord du Mali vivaient sous le joug de groupes armés dont les islamistes d’Ansar-Dine, le mouvement de libération nationale de l’Azawad et du Mouvement pour l’unicité du Jihad en Afrique de l’Ouest (MJUAO).
Le pire était à craindre pour les monuments et manuscrits historiques se trouvant dans cette partie du pays, sachant bien que les salafistes occupant lesdites régions, affichaient un réel mépris pour les monuments, manuscrits et autres mausolées. Pour ces fous de Dieu, il fallait les détruire purement et simplement.
Le scénario cauchemardesque s’est malheureusement réalisé. Sept monuments et des manuscrits de haute importance culturelle de Tombouctou et de Gao ont subi les assauts des occupants. Plusieurs sites ont été carrément ou partiellement détruits. Cette situation nous interpelle tous. La mission est de conjurer le péril qui plane sur les valeurs identitaires de toute une communauté, voire une nation entière. Il se pose évidement un devoir de mémoire non seulement pour les illustres morts reposant dans une grande partie des mausolées, mais pour la génération présente et future les monuments sont plus qu’une simple construction. Par devoir de mémoire, nous revivons une remobilisation des idées et des forces autour de la ville de Tombouctou, de Gao et de Kidal.
Cette remobilisation est d’autant pertinente que l’occupation a créé un traumatisme psychologique sans précédent dans ces régions. Les nombreux cas de viols, d’humiliation et d’atteinte à l’intégrité physique des citoyens sont constatés. Nous voulons parler des victimes ayant été amputées de la main et du pied, flagellées et lapidées.
Notre mission, dans ce cadre, est de faire appel à l’image pour servir de moyen d’expression et de mobilisation autour des monuments, des manuscrits, de même comme outil de conscientisation et de réconciliation d’une communauté, non seulement avec elle-même mais avec les autres. L’image comme moyen d’expression est efficace, car la force de l’image est facile pour démontrer les faits et les archiver pour les besoins de la génération présente et future. L’objectif est de contribuer à graver positivement dans la mémoire collective cette période douloureuse de notre pays. Par la même occasion, il s’egit de créer des conditions favorables à la réconciliation nationale, la reconstruction des villes martyres, des sites et mausolées et redonner espoir à ceux qui ont été physiquement victimes de l’occupation des jihadistes.
Il est entré en immersion totale dans les différentes aires culturelles sonrhaï, tamacheq, arabe et peulh pour, dit-il « faire du cinéma du réel ».

Y. DOUMBIA

source : L Essor

Suivez-nous sur Facebook, Telegram, WhatsApp pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance Les plus bas prix du Mali Acheter à bas prix au Mali Achat terrain à Bamako Terrain à vendre Bamako Immobilier titre foncier TF à Bamako ORTM en direct, RTB en direct RTN tele sahel niger ne direct