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Tiéman Coulibaly sur RFI: «Le Niger et le Mali ont un destin commun»

Tiéman Coulibaly sur RFI: «Le Niger et le Mali ont un destin commun»

« Le Niger et le Mali ont un destin commun », affirme le ministre malien des Affaires étrangères après la double tragédie d’Agadez et d’Arlit, jeudi matin au Niger. Que veut-il dire ? Tiéman Coulibaly est actuellement à Addis-Abeba, la capitale ethiopienne, en vue du sommet du samedi 25 mai qui marquera le 50ème anniversaire de la naissance de l’OUA (Organisation de l’unité africaine). Au lendemain des attentats au Niger, il répond aux questions de notre envoyé spécial, Christophe Boisbouvier.

 

RFI : Quelle est votre réaction après le double attentat dans le nord du Niger ?

Tiéman Coulibaly : Une indignation, une grande tristesse. Bien entendu, le président Dioncounda Traoré a sûrement eu son ami et frère Mahamadou Issoufou, président du Niger, au téléphone, et nous sommes tristes. Nous sommes tristes de voir ces soldats, qui ont été tués, lâchement. Nous sommes tristes de voir cette attaque contre des intérêts économiques importants.

Mais nous sommes déterminés dans la lutte contre le terrorisme dans notre région. C’est la preuve que nous avions raison d’appeler le monde entier au secours, au chevet du Sahel, singulièrement le Mali, pour nous défendre et nous aider à nous débarrasser du terrorisme.

Ils s’attaquent au Niger qui est à côté, ils s’attaquent à des intérêts économiques importants, ils s’attaquent à des casernes. Donc nous devons, plus que jamais, renforcer notre mobilisation, pied à pied, contre le terrorisme, partout où il se trouve.

On disait ces dernières semaines que la guerre était finie, que Ansar Dine, le Mujao, Aqmi, étaient défaits. Est-ce que le double attentat ne prouve pas le contraire ?

La guerre est finie, la guerre conventionnelle ! Mais nous savions que nous aurions à faire face à des affrontements asymétriques, des situations comme ça, et pendant longtemps ! Et c’est pour ça que lors du vote de la résolution 2 100 des Nations unies, nous nous sommes battus pour qu’il y ait des ressources militaires disponibles à côté de la force de stabilisation, pour continuer à traquer les terroristes et à les détruire. Et même, nous avons fait en sorte que cette force de stabilisation ait des capacités offensives !

Est-ce que vous n’êtes tout de même pas surpris par la capacité opérationnelle des terroristes, qui ont réussi à mener deux attaques simultanées, avec malheureusement, un bilan très lourd, notamment dans cette caserne d’Agadez ?

Moi, je ne suis pas surpris. Parce que dès le début de la crise, nous l’avions dit. Nous avions dit que ce sont des fous qui sont déterminés et qui sont lourdement armés. Et certains ont reçu une formation pointue.

Mais vous ne pensiez pas, comme beaucoup, que le Mujao était décapité ?

Non. Le terrorisme est rampant. Il s’insinue, il se cache au sein de la population. (Le terroriste) est un homme comme vous et moi, jusqu’au moment où il fait exploser sa ceinture qu’il porte sous son boubou ou sous son costume.

Oui, mais s’il y a deux attentats en même temps, ça veut dire qu’il y a une tête, qu’il y a un chef…

Mais bien sûr, il y a un chef ! Il y a des chefs qui ont été détruits, mais ils les ont remplacés par d’autres ! C’est une lutte de longue haleine ! Nous devons continuer. Moi, j’insiste. Je profite de votre micro pour lancer un appel à l’ensemble de nos partenaires, pour qu’ils comprennent que nous sommes loin d’en avoir fini avec le terrorisme. Et c’est pour ça aussi que j’insiste pour appeler les groupes armés, qui pensent avoir des revendications politiques à faire valoir, à déposer les armes, (…) afin que nous puissions faire la part des choses, entre ce qui est véritablement politique, qui mérite d’être écouté et analysé, et ce qui est terroriste, qui ne mérite que d’être détruit !

Cette revendication du Mujao est-elle crédible ?

Le Mujao ne peut rien revendiquer. Le Mujao n’a aucune légitimité pour revendiquer. Le Mujao est un ramassis de trafiquants de drogue, de criminels, d’individus désespérés qui se sont livrés à la violence. La seule solution sera de les combattre jusqu’au bout !

Mais est-ce que le dénommé Abu Sahraoui, qui revendique ce double attentat, existe réellement et est de nature à avoir préparé ce double attentat ?

S’il le revendique, c’est bien qu’il existe quelque part ! En tout cas il y a bien quelqu’un qui s’appelle comme ça !

Est-ce que vous ne craignez pas que le Niger ne soit durablement fragilisé par ce qui s’est passé ?

Bien sûr ! Mais vous allez voir ! Nous allons nous organiser avec nos partenaires pour répondre à ça !

Est-ce que ça ne change pas la donne ? Est-ce que la Minusma ne va pas se déployer, non seulement au Mali, mais aussi au Niger ?

C’est à voir. C’est peut-être une idée à explorer. En tout cas, nous avons un destin commun, Mali et Niger.

Et vous ne craignez pas que le Niger manque à la solidarité nécessaire à tous les Etats du Sahel, désormais, face au terrorisme ?

Pourquoi ?

A cause de ce double attentat, qui évidemment, doit ébranler les populations nigériennes, notamment à Agadez.

Mais vous savez, ce qui s’est passé au Mali avait déjà ébranlé les Nigériens ! Et c’est pour ça qu’ils se sont engagés avec nous ! Ce qui touche Gao, touche le Niger ! Ce qui touche Kidal, touche le Niger ! C’est cela qui explique l’engagement ferme du président Issoufou et de l’ensemble de son gouvernement à côté du Mali ! Et donc si ces difficultés aujourd’hui enjambent la frontière, s’en vont s’exprimer au Niger, ce que cela va provoquer, c’est encore plus de solidarité, encore plus de détermination, encore plus de concentration sur l’objectif ! Et l’objectif c’est la destruction de la souche terroriste dans cette région !

A Kidal, dans le nord du Mali, on ne sait toujours pas si l’administration et l’armée malienne pourront revenir pour le jour du premier tour de la présidentielle. La dernière proposition du MNLA, c’est un retour des civils, mais pas des militaires maliens. Quelle est votre réponse ?

Irrecevable. L’armée malienne sera présente partout. Nous ne pouvons pas accepter que – quelle que soit la légitimité – ce groupe-là puisse décréter que l’armée nationale n’a pas sa place sur une partie du territoire national. Nous pensons aujourd’hui, plus que jamais, qu’il est temps que le MNLA redevienne un groupe politique normal, s’ils en ont la capacité et s’ils ont le fond de commerce nécessaire pour cela.

Mais comment peut-on dire que l’armée malienne ne pose pas « ses godasses » – passez-moi l’expression – sur une partie du territoire du Mali ? Qui sont-ils pour dire ça ? Nous avons la main tendue. Elle continue à être tendue et ouverte ! Et il est hors de question que ces gens-là imposent un quelconque diktat à l’armée malienne !

Apparemment, ce n’est pas tout à fait la position de Paris, qui verrait d’un assez bon œil cette solution en deux temps ?

Moi, je parle au nom du Mali.

Ce qui veut dire qu’entre Bamako et Paris, on n’est pas toujours sur la même longueur d’onde ?

Ce n’est pas ce que Paris m’a dit !

Par Christophe Boisbouvier

 

SourceRFI

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