Ces jeunes qui maîtrisent à merveille les technologies du numérique gagnent bien leur vie. Parce que leur savoir-faire est recherché
Les opportunités d’emplois pour les jeunes sont multiples aussi bien dans le secteur formel qu’informel. Ceux qui évoluent dans le second secteur se démènent dans des petits métiers et soutiennent leurs familles. Ils ont bien intégré l’adage : « il n’y a pas de sots métiers, mais de sottes gens ».
Toutes les sociétés tolèrent moins l’oisiveté surtout celui des jeunes. Ne dit-on pas que l’oisiveté est la mère de tous les vices ? Dans les familles, une personne oisive est difficilement acceptée. Tout le monde doit chercher de quoi s’occuper. Particulièrement, les jeunes; qui ont la force du travail, sont tenus d’apprendre une occupation. Voilà pourquoi, beaucoup de jeunes défavorisés se démènent pour trouver une occupation leur permettant d’éviter l’oisiveté; se prendre en charge et aider les parents. La débrouillardise des jeunes est quelque chose qui est tolérée dans notre société.
Les jeunes s’exercent aux petits métiers. Certains vendent de petits gadgets pour se procurer de l’argent pour subvenir à certains besoins. Mais d’autres séduisent par leur esprit d’initiative et génie créateur. Ils commencent à développer un véritable métier autour du transfert de sons et vidéos. Et la pratique semble nourrir son homme.
Pourtant nombre de nos compatriotes pensent que les jeunes exercent ce « métier de transfert des sons et vidéos » simplement par passion pour les technologies de l’information et de la communication. Ceux qui évoluent dans le secteur tirent bien profit de leur activité. Ils confirment (en tout cas pour la majeure partie) que le créneau rapporte beaucoup. Ils gagneraient quotidiennement au moins entre 2000 et 4000 Fcfa. Et le jour où la clientèle est assez nombreuse, ils peuvent empocher un peu plus.
C’est le cas des jeunes qui font le transfert des sons et vidéos au niveau du Carrefour des jeunes.
Ibrahim Bagayogo tient un kiosque dans les parages qui grouillent de monde. Sur place, c’est une atmosphère de foire. Les clients se bousculent aux portillons. Automobilistes, motocyclistes et piétons se disputent le passage dans un tohu-bohu indescriptible. Notre tenancier de kiosque propose aux clients des sons et vidéos, notamment les derniers opus des stars maliennes, africaines voire mondiales du show-biz.
Assis sur un tabouret et entouré de ses accessoires (téléphones, câbles et autres petits matériels), il explique tenir un kiosque de vente de téléphones depuis près d’une dizaine d’années. Mais, il y a seulement 6 mois qu’il a commencé à exercer le transfert de fichiers au centre commercial, près de la Maison centrale d’arrêt de Bamako.
Il explique figurer parmi les déguerpis des alentours de Malitel où son petit commerce marchait bien. Il s’est retrouvé dans la cour du Carrefour des jeunes. Mais aujourd’hui, par la grâce d’Allah, le Tout-Puissant et Miséricordieux, Ibrahim Bagayogo arrive à joindre les deux bouts. Son petit commerce lui permet de subvenir à ses besoins et de soutenir sa famille.
Mais un bémol, il y a aussi des périodes de vaches maigres. Il faut simplement s’organiser pour ne pas en pâtir définitivement. Il conseille aux jeunes de s’éloigner de la drogue mais de chercher à s’occuper sainement. Tout le monde ne peut pas être bureaucrate. Notre jeune homme a abandonné les classes après avoir obtenu le diplôme d’études fondamentales (DEF) et semble ne rien regretter aujourd’hui.
Dans un autre kiosque, Baby propose les mêmes services et entouré d’une bonne demi douzaine de clients. Il ne daigne pas répondre à nos questions et continue de s’occuper de sa clientèle. Certains de ses collègues nous confirment qu’il gagne entre 3000 à 4000 Fcfa par jour.
Il aurait plus d’une corde à son arc dans le domaine des technologies de l’information et de la communication. Il met à jour les comptes Google de certains clients et installerait aussi des logiciels sur certains mobiles.
Un autre tenancier de kiosque apostrophe les clients et agace certains d’entre eux. Aux dires de ces jeunes «entrepreneurs», il suffit de proposer du bon service pour que les clients accourent. Moussa Sylla est un habitué des lieux. Il apprécie bien l’esprit d’initiative des jeunes qui développent un véritable métier autour du transfert des sons et vidéos. Tout comme lui, Gaoussou Tangara, un client, estime que c’est un travail noble, mais exprime des appréhensions sur d’éventuels dérapages. Il faut pouvoir préserver l’intimité des personnes. Or, certains jeunes qui réalisent des transferts de sons et vidéos semblent en avoir cure. Il faut donc réorganiser et réglementer rapidement le secteur pour mettre des verrous et prévenir les éventuels dérapages. Pour l’instant, les choses ne se passent bien, mais il faut s’inscrire dans l’évolution et dans la prévention.
Un quinquagénaire partage bien cet avis. Pour lui, c’est un métier qui rapporte. Il faut réorganiser cette activité pour éviter que le désordre ne s’y installe. Comme lui, nombre de nos compatriotes pensent que le secteur peut être mieux organisé et professionnalisé pour répondre à toutes les aspirations des clients et absorber en partie le chômage des jeunes.
Daouda S. DAO
Source: L’Essor-Mali