Je n’ai pas connu Baba de près, mais je l’ai vu de près. Voir de près Baba, c’était à Koulouba, quand au sortir d’un conseil des ministres, l’Association des municipalités était reçue par le président, une après-midi. Le temps des apartés avant l’arrivée du président me donna cette opportunité. Comment ? Un collègue qui est de sa région l’aperçut de loin presque seul. Ce collègue me tenant la main et me dit d’être avec lui pour saluer Baba de Dabia. Éberlué, je n’en croyais pas ! Frêle, bon teint nègre, il était assis à même les parterres, portant un boubou Wax déteint. Et dignement, et fièrement, il se leva et nous salua. On l’entraîna avec nous pour être du cercle. J’écourte le récit. Et je l’observe dans sa simplicité. Rien de lui ni en lui ne rappelait le Sora des Nyamakala ! Il a tout donné sans jamais exiger en retour en dépit de son total dénuement. Baba chanté. Baba louangé. Baba courtisé. Baba pauvre comme un rat d’église. Mais Baba digne !!! Quelle Humilité !
L’autre me fut raconté par l’auteur d’une des plus belles chansons à lui dédiées. Je lui ai fait remarquer que les mots dans sa dédicace à Baba étaient trop parlants pour qui connait en lui la prudence dans le verbe. En effet, il est dit dans cette dédicace à Baba Sora : “Mon père ne m’a jamais donné de fessées. Ma maman ne m’a jamais insulté. Nonobstant cela, je viens chercher protection auprès de toi… Alors, jouant au damier, son jeu favori”, il me dit ceci : “Thierno, si en causant avec Baba, il t’arrive de découvrir le dessous qu’il porte et que cela te plait, aussitôt Baba, sans dire mot, rentrera dans sa chambre pour sortir avec et te le remet !” Quelle générosité ! Ce qu’aura dit le monde sur la largesse de l’homme en dit long.
Je ne m’inscris point dans ces registres de billevesée sur les origines de la richesse matérielle de l’homme, mais plutôt sur sa richesse morale, voire spirituelle comme Jacob dans la Bible !
C’est le lieu de saluer le devoir de reconnaissance des autorités de la Transition pour la mise à disposition de l’aéronef militaire aux fins de ramener le corps sur, voire sous la terre de ses ancêtres : Dabia. Et la population de Dabia a fait montre de ce qui fait la grandeur d’un homme : la Gratitude.
Dors en paix Baba Sora, fier descendant de Fakoly !»